Pour sa quatrième allocution télévisée le président de la République avait choisi le ton de l’humilité pour annoncer ce à quoi on s’attendait : le prolongement du confinement avec une esquisse de possible reprise progressive de l’activité à partir du 11 mai … si tout se passe bien ?
Il a bien reconnu quelque « impréparation, des failles, des insuffisances…« qui ont manqué aux soignants (gants, masques, gel…) tout en minorant l’ampleur et les conséquences.
L’hommage appuyé aux hospitaliers, en première ligne, aux catégories de Français.es demeurés en activité, à la population « respectueuse des règles de confinement » ont permis d’atteindre un palier : « les hospitalisations diminuent … nous sommes mobilisés … les commandes sont passées … d’ici trois semaines nous aurons multiplié par cinq le nombre de masques et aurons 10 000 respirateurs … nous allons continuer … »
Il aura fallu attendre près de trois mois pour commencer la re-fabrication en France de matériels qu’on n’avait plus en stocks et qu’on ne produisait plus. On en disposera…bientôt. Après avoir expliqué que, pour les masques, par exemple, ils n’étaient pas obligatoires n’osant pas dire qu’on n’en avait pas !
Le président a vu « des ratés, des lenteurs, des procédures inutiles, des faiblesses…nous en tirerons toutes les conséquences, en temps voulu… » Bel exercice d’autocritique collective mais assez peu individuelle si on veut bien lui attribuer la première responsabilité en la matière.
En revanche, il a été très élogieux avec « les vraies réussites » telles que « le doublement des lits de réanimation, les coopérations avec les cliniques privées, les transferts de malades…vers d’autres régions et pays. Il n’aurait plus manqué que ça ne se réalise pas dans ces conditions aussi exceptionnelles ! Oubliant le fond des politiques libérales d’asphyxie organisée du service public de santé.
Deux dispositions dans le cadre du confinement qui ne doit pas se relâcher pour les prochaines semaines et les prochains mois :
À partir du 11 mai, la réouverture progressive et non simultanée des crèches, écoles, collèges, lycées (pas l’Université, avant l’été) pour persmettre aux enfants des quartiers défavorisé de desserrer un confinement particulièrement difficile, facteur d’aggravation d’inégalité scolaire liée au logement et aux inégalités de revenus. Voilà qui n’a cependant pas donné lieu à une annonce concernant l’augmentation du SMIG et le rétablissement de l’APL notamment ?
Il est envisagé également, à partir de cette date de permettre aux activités compatibles avec le confinement (?) de redémarrer. (Ce qui a soulevé un tollé chez les salariés et la plupart des syndicats) sur les conditions et les garanties, d’autant que le MEDEF avait anticipé avec une autre conception de la reprise et fait le forcing pour exiger beaucoup des salariés invités à travailler plus et même à monnayer tout ou partie de leurs congés payés !)
Le président a annoncé une organisation nouvelle concernant les tests en direction, dans un premier temps, des aînés, des personnes fragiles, des plus symptomatiques…Quant aux masques chaque Français.es pourra s’en procurer un « grand public », en lien avec les maires, en complément des gestes barrières et sans caractère obligatoire, du moins pour le moment.
Et il a dit n’écarter aucune piste de soins pour éradiquer le virus tout en nous préparant à vivre encore plusieurs mois avec lui.
Il ne s’est pas attardé à parler de « l’après … qu’il tâchera de nous proposer« , là encore le moment venu. En précisant tout de même qu’il s’agit « de sortir des sentiers battus, des idéologies…pour un autre projet français » Diable ! Macron « sans idéologie »? Qui peut y croire ?
Que n’a-t-il précisé ce qu’il entendait faire, dès aujourd’hui, pour répondre aux besoins des personnels des hôpitaux pour amorcer enfin les dotations concrètes mettant fin à la loi de restriction toujours en vigueur ainsi qu’en termes d’augmentations des salaires et du paiement des heures travaillées. Et à quelle hauteur ?
Quatre semaines supplémentaires (minimum) de confinement, ça a un coût : quel plan financier pour y faire face ? Aucun chiffre.
Est-il nécessaire d’attendre le déconfinement pour lever les mesures d’exception attentatoires à notre droit social ?
Et la découverte des inégalités de revenus…quand commence-t-il à les réduire puisqu’il s’est référé à nos valeurs révolutionnaires : liberté, égalité, fraternité ? A-t-il oui ou non l’intention de taxer le capital et l’évasion fiscale ?
Et que fait-il de la « réforme de la retraite à points mise de côté »? Ainsi que celle de l’assurance-chômage que les salariés vont beaucoup solliciter par ces temps de crise économique et sociale extrême ?
Les Français apprécieraient de savoir ce qu’ils risquent fort de supporter et sur quoi ils ont leur mot à dire.
René Fredon
