TPM : AN1 de la métropole

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Le président se veut bon gestionnaire… de la crise

Depuis le début d’année, on a droit à l’inventaire très médiatisé des réalisations en cours et à venir de TPM qui pilote désormais l’essentiel des compétences communales, à commencer par l’aménagement du territoire recouvrant les 12 communes qui composent la métropole de 440 000 habitants.

On se demande ce qui va rester aux maires comme prérogatives et aux communes comme autonomie à l’heure où s’exprime une profonde colère sociale qui s’est invitée dans le débat public exprimant l’aspiration des populations à peser sur les choix des élus depuis l’État jusqu’aux municipalités qui restent l’échelon le plus proche des habitants.

Et ce n’est pas un hasard si c’est cet échelon que, depuis plus de 30 ans les gouvernements successifs s’emploient à dissoudre dans des communautés de communes ou d’agglomérations, pour arriver à la métropolisation qui concentre les investissements, les décideurs économiques, les responsables politiques, quitte à doublonner avec le conseil départemental… Le mille-feuilles s’épaissit : il paraît que nous allons mieux gérer nos affaires communes et même faire des économies d’échelle ?

Comme si, en éloignant les citoyens des centres de décisions, on allait être plus proches d’eux, mieux prendre en compte ce qu’ils jugent prioritaire et mieux les consulter sur les  choix qui les concernent au premier chef car ils les financent.

On est en plein travaux pratiques : c’est bien parce que le programme prévu par Macron n’avait reçu l’aval que d’une minorité de Français (16% des inscrits au 1er tour) qu’il se retrouve face à un mécontentement auquel il ne s’attendait pas…et qui dure.

Mercredi 13 février, s’est tenu en préfecture le 1er débat d’orientation budgétaire (DOB) du conseil communautaire de TPM qui, depuis le 1/1/19 exerce la totalité de ses prérogatives, ce qui va se traduire par un budget et donc des choix sous sa seule responsabilité.

Hubert Falco a rappelé l’histoire de l’agglo, puis le passage à la métropole et ce qui va changer, à commencer par la mise en place des antennes de proximité TPM dans chaque commune, sous la responsabilité du maire qui est membre du bureau de la métropole.

Une heure durant il  a souligné le caractère historique de cette séance pour en féliciter les maires, les élus, les personnels détachés à TPM ou non dont le statut ne change pas.  Et pour souligner la « gestion financière rigoureuse… qui a permis de ne pas augmenter les impôts depuis 8 ans, de dégager une épargne brute de 55 millions d’euros en  2018 et d’avoir investi 1 milliard en 10 ans, tandis que l’endettement se réduisait régulièrement… »

Ce qu’il a mis au compte de l’activité créée à partir des 46 000 entreprises concentrées dans les 65 ZAE (zones d’activités économiques).

Tout va bien…ou presque
On avait envie de dire que, par les temps qui courent, TPM réalisait des miracles, selon son président qui réussissait le tour de force de baisser les charges sans augmenter les impôts alors que les recettes et notamment les dotations de l’État sont en baisse « drastique » soulignait-il ! Vite, la recette…

Ce que n’a pas manqué de souligner le second intervenant, Christian Barlo, adjoint PCF à La Seyne (1)

43,5 millions d’euros en moins de dotations de l’État en 6 ans… rappelait Hubert Falco, »On maintient la DGF (dotation globale de fonctionnement) mais on va nous écrêter ailleurs…on nous enfume. On avait promis 10 Mds pour le fonctionnement aux 7 nouvelles métropoles (dont TPM) pour être à égalité avec les 15 autres déjà créées, on attend toujours : le pacte État-métropoles n’est pas respecté…on est mis devant le fait accompli…on nous demande de ne pas augmenter de plus de 1,2% nos dépenses de fonctionnement, c’est impossible à tenir…on nous a concédé 1,35%…une plaisanterie ! »

Un mot sur la TH (taxe d’habitation) qui doit être supprimée (83 millions de recettes pour TPM)  « Personne ne peut nous expliquer comment, combien et quand on va nous la compenser ! »

Hubert Falco était passé de l’autosatisfaction à l’indignation rejoignant la grogne de pratiquement tous les maires qui font les mêmes constats de désengagement de l’État, pour réduire les dépenses publiques, oubliant de rappeler que le programme de Fillon prévoyait encore plus « d’économies » et de transferts de charges sur les collectivités locales…mais chut, ce n’est pas le moment !

Il repassa sur le mode « nous tenons le bon cap » pour promettre de limiter l’emprunt et de se battre pour obtenir des financements extérieurs.

Le satisfécit du RN…avant l’excitation
L’amiral Waquet prit aussitôt la parole pour se confondre en compliments sur l’excellent rapport, la stabilité des charges, la bonne absorption des baisses de dotations, les produits croissants des entreprises, bref la bonne santé de la gestion, suggérant un petit effort pour moins taxer les ménages et contenir les dépenses de personnels… Presqu’en s’excusant !

H.Falco en était tout surpris revenant sur l’attraction du territoire qu’il avait équipé (le haut-débit, les 46 000 entreprises, le technopole d’Ollioules, les ZAE et leurs 96 000 salariés…) « merci passe-moi le sel, je te repasse le poivre… »

Là-dessus l’intervention de Christian Barlo a refroidi les ardeurs car elle a mis le doigt là où ça fait mal : à suivre le président, il avait le remède à la crise profonde qui se manifeste par les colères sociales des gilets jaunes mais aussi syndicales qui ont tendance à se rapprocher. Et ça inquiète tous les libéraux sans parler de l’extrême-droite

L’intervenant avait mentionné les propos de L. Wauquiez, le patron des LR à La Garde, qui reconnaissait que l’origine des manifestations « c’est le pouvoir d’achat » mais qui se félicitait d’avoir initié la loi anti-casseurs, s’opposait au rétablissement de l’ISF, était muet sur les profits-record des Vinci, Bouygues et autres géants du CAC 40, muet aussi sur l’évasion fiscale qui coûte un pognon de dingue (80 à 100Mds par an) ! Il suggérait aussi l’organisation d’un référendum sur, par exemple, les transports, le logement social, l’aménagement du port…ou d’autres.

H.Falco ne savait pas trop comment réagir et soulignait que la dernière manifestation de la CGT à Toulon à laquelle s’étaient joints des gilets jaunes, 3 000 personnes, s’était déroulée sans désordre dans une ville vivante. « Ils se sont exprimés dignement, sans casser... »

Le sang de Boccaletti, patron départemental du RN, n’a fait qu’un tour : « vous n’avez pas répondu, dit-il à l’adresse de Falco, c’est la gauche qui a cassé le service public, ce sont des juges gauchistes qui ont très peu condamné ces racailles…votre intervention aurait pu se terminer par l’Internationale ! »

Le président l’a invité à raison garder et renvoyé aux prochaines élections, en mai et en 2000 avant de clore le débat.

Il devait cependant rebondir lors de l’adoption de quelques délibérations à propos des énergies et des pollutions, liées aux transports. Qui dit transports dit…tramway et là H. Falco s’est carrément fâché : jamais il ne reviendrait sur cette question… »on ne m’a pas demandé mon avis pour faire arriver deux autoroutes au coeur de la ville qui, pour lui, ne peut pas recevoir un tramway sans fermer le Bd de Strasbourg pendant trois ans... »(2) Suscitant la réaction de l’adjointe Verte seynoise Denise Reverdito, défendant le projet initial ainsi abandonné après 20 ans d’études.

Et il ajoute : « si on l’avait décidé, on ne serait plus là ! » Si l’on comprend bien, le tramway avec ses contraintes dûes à l’étroitesse -relative- de la voie principale, aurait fait perdre l’élection à son promotteur ? Sa capacité, sa fréquence, son confort, son absence de pollution ne valaient-ils pas d’en convaincre les riverains ? Que de gâchis !

De quoi animer encore les débats à venir qui ne manqueront pas.

René Fredon

PJ (1) http://www.barloc.wahost.org/pcfseyne/intervention-au-conseil-metropolitain-sur-le-dob-2019-document-dorientation-budgetaire/

(2) qui était maire de Toulon dans les années 1967-1968 ? Si ce n’est Maurice Arreckx dont H. Falco a été très proche…1er vice-président du conseil général.

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