Dépistage individuel précoce du cancer du poumon : une organisation « ville-hôpital » coordonnée et innovante, pour améliorer la prise en charge des patients à risque.
Pour augmenter les chances de survie des patients atteints de cancer du poumon, il est essentiel d’établir un diagnostic précoce. C’est l’objectif du parcours coordonné entre la médecine de ville et la médecine hospitalière, déployé par l’hôpital national d’instruction des armées Sainte-Anne et le Centre Hospitalier Intercommunal de Toulon – La Seyne-sur-Mer, afin d’améliorer le dépistage du cancer du poumon (et d’autres pathologies pulmonaires).
Ce dispositif intervient dans le cadre de la feuille de route lancée par l’ARS PACA «cancer 2022-2025» qui vise à mettre en place des dispositifs de diagnostic rapide et des filières d’entrée accélérée dans le parcours de soins et à les évaluer.
Quels sont les patients concernés par ce dispositif ?
• Les patients âgés de 50 à 74 ans ;
• Qui ont consommé 30 paquets-années de tabac (1 paquet/jour/30ans ou 2 paquets/jours 15 ans…) ;
• Toujours fumeurs ou qui ont arrêté dans les 15 dernières années.
Quels sont les trois étapes de ce parcours coordonné entre la ville et l’hôpital ?
1. La consultation pour identifier les patients à risque.
Elle se déroule chez le médecin traitant grâce à la collaboration des communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS). Le médecin référent du patient est en première ligne pour l’identification des sujets à risque et l’orientation dans le parcours de dépistage individuel précoce. Si le patient est déjà dans une filière de soins pour une autre pathologie, il peut aussi se voir prescrire le scanner de dépistage par son spécialiste d’organe si celui-ci le juge nécessaire.
2. L’imagerie pour visualiser précisément la zone suspecte.
Les professionnels de santé se sont également organisés en imagerie médicale : l’ensemble des radiologues publics et privés du territoire se sont entendus sur un compte rendu radiologique normé et standardisé, et sur la possibilité de réaliser le scanner de dépistage (faible dose d’irradiation et sans injection) sur de nombreux sites du territoire de santé afin de réduire les délais d’attente.
3. La consultation chez le spécialiste hospitalier ou de ville pour établir une conduite à tenir
Grâce à l’organisation du dépistage précoce du cancer pulmonaire, les délais d’accès aux spécialistes, pour les patients nécessitant une consultation de pathologie thoracique, sont réduits.
Les pneumologues libéraux ont mis en place des créneaux dédiés mutualisés. Des patients ayant intégrés le parcours de dépistage obtiennent des consultations selon les modalités de chaque cabinet.
Dans les hôpitaux publics, des créneaux hebdomadaires de consultation dédiés ont été créés à l’hôpital national d’instruction des armées Sainte-Anne et au Centre Hospitalier Intercommunal de Toulon – La Seyne sur Mer. Le médecin de ville peut adresser ses patients à l’hôpital sur ces créneaux via la fonction d’adressage de Doctolib. Les patients sont reçus par des médecins spécialistes des pathologies thoraciques (chirurgiens thoraciques ou pneumo-cancérologues) des deux hôpitaux publics dans des délais plus rapides.
Comment la DRCI (Délégation à la Recherche Clinique et à l’Innovation) intervient-elle dans ce projet?
Afin d’évaluer ce nouveau parcours de dépistage précoce, une étude de recherche clinique, baptisée « DEEP CAP », est mise en place avec l’aide de la Délégation à la Recherche Clinique et à l’Innovation du Groupement Hospitalier de Territoire du Var (DRCI du GHT 83). Dans ce cadre, les données des participants seront collectées lors de la visite de dépistage et lors de la consultation avec le spécialiste, puis traitées par la DRCI afin d’analyser l’efficience du dispositif et garantir une prise en charge optimale des patients sur le territoire.
Chiffres clés :
• Selon l’institut national du cancer, en 2023, le cancer du poumon se situe au 2ème rang des cancers chez l’homme et au 3ème rang chez la femme où il est en forte progression.
• Le tabac est le premier facteur de risque : il est responsable de près de 8 cancers du poumon sur 10.
• Première cause de décès par cancer en France avec 33 100 décès par an.
• En 2021, la région Sud avait la prévalence la plus élevée de tabagisme quotidien en France (29,1% versus 25,3% en France). En région Sud, près de 3 500 nouveaux cas de cancer du poumon sont diagnostiqués chaque année, dont 7 sur 10 chez des hommes.
• En 2019, 8 700 assurés du régime général étaient pris en charge pour un cancer du poumon actif dans la région, dont 2 sur 3 (67 %) étaient âgés de 65 ans ou plus.
• La région a la particularité d’avoir une surincidence de ce cancer dans certains départements (Var, Alpes Maritimes), ainsi qu’une surmortalité chez les femmes (+ 4 %). Le dépistage permettait de diminuer la mortalité liée au cancer du poumon de 20% sur une population ciblée.
Les acteurs du parcours coordonné :
• Le centre hospitalier intercommunal Toulon La Seyne sur mer.
• L’hôpital national d’instruction des armées Sainte-Anne, à Toulon.
• Les communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS) : CPTS La Seyne Toulon Ouest, CPTS Var Provence Méditerranée, CPTS Toulon Littoral, CPTS Les îles d’or, CPTS Var ouest.
• Imasud, les médecins radiologues
• L’association provençale des pneumologues privés
• La DRCI du GHT83