Une fois de plus, le gouvernement est en première ligne pour réprimer le mouvement social qui se lève contre sa politique de casse des services publics. À la SNCF, il y va de la sécurité des usagers comme des cheminots.
Ainsi, le 16 octobre, en Champagne-Ardennes, une collision s’est produite entre un TER et un convoi routier exceptionnel, sur un passage à niveau, faisant onze blessés sur les 70 passagers, certains hospitalisés. Une cabine a pris feu, des caténaires et des lignes ont été arrachées sous la violence du choc.
La CGT souligne qu’un « sur-accident avec un train croiseur a été évité de justesse. »
Le conducteur, seul à bord du TER, également blessé, a dû partir de la rame pour installer des dispositifs de sécurité ! Les voyageurs -dont deux femmes enceintes- ont dû rester seuls à bord. Ce qui a provoqué une réaction immédiate et nationale des cheminots, soutenus notamment par la CGT, Sud-Rail, FO… qui ont fait jouer « leur droit de retrait ».
Voilà des mois que les agents dénoncent la dégradation de leurs conditions de travail : les postes supprimés, leur sécurité menacée ainsi que celle des usagers, les gares fermées ou à heures d’ouverture réduites, l’accueil et information défaillantes, comme la prise en charge en cas de problème.
Leur mobilisation puissante et unitaire ne pouvait pas être programmée, elle a fortement perturbé le trafic, avec le plus souvent, la compréhension des voyageurs mais la direction, appuyée par le gouvernement, continue à nier l’évidence et brandit « l’argument » de la pénalisation des « usagers pris en otages » pour menacer les cheminots de représailles financières et judiciaires, considérant leur mouvement illégal ??
On a même vu le président LR de la région, Renaud Muselier et son prédécesseur Christian Estrosi dénoncer « une grève sauvage » ! Ils osent accuser les cheminots « de remettre en cause 18 mois d’efforts conjugués de la région et de la SNCF pour améliorer les services TER ! »
C’est plus commode que de répondre sur le fond à une revendication largement justifiée et partagée, qui vise à améliorer la sécurité des usagers et celle des cheminots. « Comment, messieurs les élus en charge des TER et vous, messieurs les gestionnaires de la SNCF en voie de privatisation, pouvez-vous considérer que des trains, régionaux ou pas, puissent circuler avec un seul agent à bord ? »
La presse relayant de préférence la tension qui traverse les halls de gares, attisée par les rares « informations » de la direction qui circulent, laquelle est navrée du dérangement causé aux voyageurs et qui n’est pas de son fait !! Pourtant c’est la conséquence directe de ses choix politiques.
Le 1er ministre a jeté de l’huile sur le feu en parlant « d’un détournement du droit de retrait » il a invité la direction à faire preuve de fermeté à l’égard de « ces grévistes irresponsables qui ne respectent pas la loi… »?? Ce que le ministre J-B Djebarri a immédiatement traduit par : « la SNCF pourrait prendre des sanctions individuelles à l’encontre des cheminots » qui auraient pris part à ce mouvement !
La CGT (1) conteste tout abus de l’usage du droit de retrait par les cheminots. Elle demande à la direction d’ouvrir immédiatement des négociations pour le retour des contrôleurs dans les trains. Dimanche soir, le PDG Guillaume Pépy annonçait le remboursement de tous les billets aux usagers ainsi qu’un retour progressif à la normale.
N’est-il pas évident que la décision -purement économique- de la SNCF de ne mettre que le seul conducteur à bord des TER augmente fortement les risques d’accidents et de sécurité à bord des trains ?
« Le service public ferroviaire n’est pas compatible avec les termes « rentabilité et profits ». Tant que la direction et le gouvernement ne l’entendront pas, les cheminots ne désarmeront pas ».
René Fredon
(1) file:///C:/Users/Ren%C3%A9/Downloads/D%C3%A9claration%20de%20la%20CGT%20PACA%20(2).pdf