Retrait de la loi Khomri : qu’attend le gouvernement ?

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Les jours se suivent et le mouvement social pour le retrait de la loi Khomri s’étend. Le pilonnage médiatique aussi.
Les caméras de toutes les chaînes se bousculent devant les files d’attente aux stations-services, dans les gares, autour des piquets de grève devant les raffineries, les réactions d’usagers « pris en otages », plus rarement celles des usagers solidaires des grévistes, l’intervention des CRS, le moindre incident monté en épingle…il faut à tout prix induire que les grévistes portent préjudice à l’économie déjà malade, en la paralysant, disent-ils.
Jamais n’est soulignée -ou si peu- la responsabilité d’un gouvernement social-libéral qui n’a plus de majorité et qui veut à tout prix faire passer une loi fondamentalement contraire aux intérêts des salariés qui remet en cause -au lieu de les étendre- leurs protections légales au seul bénéfice du patronat.
La mobilisation syndicale très forte pour le retrait du texte ne faiblit pas, unissant les grandes centrales ouvrières (CGT, FO, Sud) , enseignantes (FSU) et étudiantes. La CFDT très, très en retrait, dans le mauvais rôle de courroie du pouvoir.
Comme un seul homme, les commentaires bien-pensants s’efforcent d’isoler la CGT qui attiserait les revendications sociales et s’efforcerait de donner au mouvement une plus grande efficacité ! Comme si ce n’était pas son rôle d’autant plus lorsque le pouvoir reste sourd aux attentes salariales et que le « dialogue » est rompu. Le 49-3 est brandi, aveu de faiblesse et d’autoritarisme s’il en est.
Gattaz y va à l’artillerie lourde contre la CGT : « ils se comportent comme des voyous » Encore un   effort il les traitera de terroristes !! Raffarin : « comme des irresponsables… » Marianne :  » La CGT se radicalise… » Le pouvoir promet quelques milliards aux enseignants, espérant calmer leurs ardeurs revendicatives. Eux, les soit-disant « privilégiés » dont on découvre qu’ils sont parmi les plus mal payés en Europe.
Nos commentateurs aux ordres pourraient au moins souligner que ce sont les salariés(es), sur leurs lieux de travail qui votent ou non la poursuite du mouvement et ses formes. Car, faire la grève, coûte cher aux grévistes. Il leur faut de sacrées motivations.
Mais ne pas agir coûtera encore plus cher à tous les salariés considérés comme variable d’ajustement laissée à l’appréciation des seuls chefs d’entreprises dont les plus gros n’hésitent pas à dissimuler tout ce qu’ils peuvent de leurs profits au détriment des finances publiques par ailleurs très généreuses en matière de cadeaux fiscaux !
Et en plus, ils ont obtenu le maintien du secret des affaires au niveau européen. Regardez de près quels députés ont voté contre la transparence (1) qu’exigerait une vraie démocratie qui ne tolèrerait pas les écarts de salaires tels qu’on les connaît et qu’on banalise avec la sacralisation de l’argent et le pouvoir absolu des actionnaires qui engendre chômage et misère de masse.
On voit monter au créneau, pour fustiger les grévistes et, singulièrement la CGT, tous les leaders de droite et d’extrême-droite qui demandent l’interdiction des manifestations, au nom de l’état d’urgence, qui leur va si bien pour réduire les libertés syndicales conquises par les luttes justement.
Eux, ils sont pour « l’ordre », voyez-vous, pas pour les contestataires de « leur ordre » ! C’est de bonne guerre. il convient juste de ne pas se tromper de camp.
Et c’est ce qu’ils veulent nous faire oublier en tenant des discours lénifiants sur les causes de la crise qui ne tombe pourtant pas du ciel et qui nous vaut partout ces reculs sociaux jusqu’aux relents identitaires et racistes destinés à en masquer la nature qu’on ne pourrait pas changer, ce serait la fin de l’histoire ? Il faudrait s’y résigner. Ce serait tellement mieux pour les pouvoirs en place : chacun pour soi, chacun chez soi…
Les luttes sociales servent, elles, l’intéret collectif des salariés qui se confond avec l’intérêt national, ce qui n’est pas le cas de ceux qui sont aux manettes de l’économie, de la politique et des médias qui défendent leurs propres intérêts. Ils se souviennt de 36, de la Libération…des avancées sociales considérables du programme du Conseil national de la Résistance mis en oeurvre à la Libération par le général De Gaulle avec des ministres communistes.
Programme que le patronat s’est promis de rayer de notre histoire. Il s’y emploie. Hollande, Valls, Macron et leur gouvernement n’étaient pas obligés de l’y aider.
Les salariés ont décidé de ne pas laisser faire. Non seulement ils sont dans leur rôle mais ils sont dans le bon sens de l’Histoire et du progrès social. Vu du côté des victimes de l’austérité, pas des profiteurs, pas des prédateurs cyniques de la richesse crée par le travail des hommes et des femmes.
C’est cet enjeu, chez nous, qui constitue le coeur de cette mobilisation sociale d’envergure qui, quoi qu’ils fassent, rencontre la sympathie de la grande majorité des salariés(es) et de la jeunesse.
Parce qu’elle porte sur le présent de tous et plus encore sur l’avenir des jeunes légitimement inquiets de l’insécurité sociale qui leur serait promise sans ce sursaut citoyen jusqu’au retrait de la loi « travail » la mal nommée.

René Fredon

1. TOUS  les députés  français LR,FN, PS (à de très rares exceptions) ont voté POUR la directive favorable au secret des affaires.
Seuls les députés de Gauche et Ecologistes ont Voté CONTRE.

http://www.lindependant.fr/2016/04/16/secret-des-affaires-quels-sont-les-deputes-europeens-francais-qui-ont-vote-pour,2185917.php

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