80è anniversaire du Comité National de la Résistance

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Gérard Estragon

Les fortes paroles du président varois de l’ANACR
Dimanche 27 mai la France, comme tous les ans, célébrait, au monument aux morts, les 80 ans de la création du Conseil national de la Résistance (CNR) par Jean Moulin. Devant les autorités civiles et militaires et les représentants des Résistants,  des anciens combattants et leurs familles, Gérard Estragon président varois de l’association nationale des anciens combattants de la Résistance a prononcé un discours de forte portée historique, patriotique et pacifique.

Nous en publions de larges extraits : «  Il y a 80 ans, au coeur de Paris occupé depuis près de 3 ans par l’armée nazie, se réunissaient au 48, rue du Four, les représentants de 8 grands mouvements de Résistance, de 6 partis politiques résistants ainsi que de deux centrales syndicales clandestines, autour de Jean Moulin, ce jeune préfet d’Eure et Loire qui avait tenté de se suicider le 17 juin 1940 par crainte de céder à l’envahisseur allemant, lui enjoignant sous la torture d’accuser faussement de meurtres civils, des soldats sénégalais de l’Armée française. Il choisissait la mort plutôt que le déshonneur…

La même nuit, le démocrate-chrétien Edmont Michelet rédigeait un appel à la lutte. De même le communiste Charles Tillon qui enjambait le diktat de Moscou, appelait dans un tract à refuser la défaite. La même nuit, Charles De Gaulle rédigeait l’appel historique qui sera, depuis Londres radiodiffusé le 18 juin. Isolés, dans leur diversité, ces patriotes écrivaient les premières lignes de la Résistance…

…Notre admiration va grandissante à ces résistants de la première heure qui ne se laissèrent pas abattre alors que l’État français et ses dirigeants se soumettaient…dans une France coupée en deux dotée d’un gouvernement collaborant avec l’ennemi, d’un peuple sidéré faisant massivement confiance à un vieux maréchal réactionnaire…

…Jean Moulin, suspect, révoqué par le gouvernement de Vichy, devait entrer en résistance en novembre 40. Il décida de se consacrer au recensement méthodique de toutes les forces émergentes de résistance et d’en informer Charles De Gaulle, jetant les premiers ponts indispensables enttre la résistance intérieure et la France libre.

Cette réunion du 27 mai 43 à Paris est l’aboutissement  de ce travail  laborieux et dangereux.

Un mouvement historique et politique majeur
…Et de portée considérable : toutes les forces de résistance jusque là dispersées, parfois opposées, au mieux concurrentes, vont désormais être coordonnées. Avant le 27 mai 43 il y avait des résistance, après il y aura LA Résistance…Il était légitime que l’anniversaire de cette dat devienne

Journée nationale de la Résistance…
Comme il était légitime que le 27 mai nous rendions hommage aux résistants toulonnais et varois qui, à l’initiative de Frank Arnal et d’Henri Sarie se réunirent à l’Escaillon, chez le Dr Lagier et créerent le comité départemental e libération, un mois avant la réunion fameuse de Jean Moulin et de ses compagnons…Notre ville et notre département peuvent en être fiers !

La constitution du CNR conduira, dix mois plus tard, à l’élaboration du programme du CNR, dont les orientations innovantes mais mesurées, prolongeant les aspirations des Françaises et des Français exprimées au cours des années 30, mises en oeuvre par le Front populaire, firent tant, durant plus d’un demi-siècle pour l’amélioration spectaculaire de notre qualité de vie et de la lutte contre la pauvreté…

Présidé par le Général De Gaulle, le CNT va permettre au chef de la Franc libre de s’affirmer comme seul représentant de la France commbattante sur tous les théâtres d’opération. C’est avant tout une formidable victoire politique au sens noble du terme, qui assurera le 8 mai 45, la présence française parmi les vainqueurs de l’Allemagne nazie et ce n’est pas un détail…

Charles De Gaulle avait trouvé en Jean Moulin un serviteur surdoué de la République, capable de ce miracle : rassembler ces Français, combattants de l’ombre, au passé , aux idéologies, à l’appartenance de classes sociales différentes, le plus souvent aux ambitions antagonistes autour d’un impérieux consensus : gagner la guerre, rétablir la démocratie et la République, châtier les traitres et les collaborateurs, réfléchir aux mesures de justice sociale à instituer dès la mise en place d’un gouvernement provisoires.

Nous avons la charge sacrée d’honorer la mémoire de ces combattants volontaires, d’entretenir cet esprit intemporel qui nous fait résister aux forces ou au idéologies qui porteraient atteintes à nos libertés à l’intégrité de notre territoires, à nos concitoyens aliénant les les plus faibles. Cet esprit qui nous fait soutenir la résistance héroïques du peuple ukrainien aux avant postes des démocraties.

La partie n’est jamais gagnée. Les forces nuisibles, les ambitions des oppresseurs et des exploiteurs, les tentations autoritaires, alimentées par des populismes racoleurs sont toujours prêtes à profiter de nos faiblesses, de nos renoncements , de nos querelles et souvent de nos lâchetés.

Résister c’est rester debout, l’esprit de résistance c’est la colonne vertébrale des citoyennes et des citoyens actifs et responsables attachés à notre République.

Il n’en manque pas, y compris dans notre jeunesse…

Le 27 mai est avant tout, une fête de l’espoir et de la fraternité…« 
Un discours d’une grande portée…qui a dû faire serrer les dents des deux représentants du RN, la députée L. Lavalette et A.Navarrane, qui participaient à cette cérémonie…pour la première fois ! Avant ils ne se sentaient pas concernés sans doute, leurs racines étant du côté de Pétain. N’essaieraient-ils pas de le faire oublier…80 ans après ?

Puis le préfet maritime a lu la lettre du ministre des Armées, avant les dépôts de gerbes et l’hymne national.

Les autorités se sont inclinées devant la plaque de Gabriel Péri né à Toulon, dont le square porte le nom, député communiste, journaliste à l’Humanité, symbole de la Résistance, fusillé au Mont Valérien par l’occupant allemand le 15 décembre 1941.

La journée de la Résistance s’est prolongée en fin d’après-midi au théâtre Liberté pour une soirée « Résistance par l’image« , en présence du Pr. Jean-Marie Guillon, agrégé d’histoire, spécialiste de celle de la Résistance française.

René Fredon

1 COMMENT

  1. en ces temps ou l’on oublie qu’un peuple sans mémoire (quand bien même la vérité serait -elle dure à porter) ne peux vivre son avenir, il est bon de rappeler que quelques (rares) communistes dont Charles Tillon (son épouse est au Pantheon) ne s’alignèrent pas sur les ordres venus de l’est…ils se rattrapèrent ultérieurement , contrairement à certains héritiers.

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