Réponse au Député Philippe SCHRECK

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François Volpi Délégué Départemental Var et Conseiller National Territoires de Progrès Adjoint au Maire de Barjols et Conseiller Communautaire Provence Verdon
François Volpi
Délégué Départemental Var et Conseiller National Territoires de Progrès
Adjoint au Maire de Barjols et Conseiller Communautaire Provence Verdon

« Par une lettre adressée aux maires de la 8ème Circonscription du Var, et diffusée sur les réseaux sociaux[1],  le Député Philippe SCHRECK, appelle les élus locaux de la 8ème Circonscription du Var de prendre position suite aux propos de Monsieur Emmanuel MACRON, Président de la République, qui, lors d’une rencontre avec les préfets organisée jeudi 15 septembre, a annoncé un projet de loi sur l’asile et l’immigration pour 2023 et a souhaité une meilleure répartition des étrangers dans les «espaces ruraux qui, eux, sont en train de perdre de la population».

Les résultats des élections législatives dans le Var ont permis à des Députés issus du Rassemblement National à imposer dans le débat public leur vision nauséabonde pour tout citoyen démocrate et républicain, pour qui les idées de l’extrême droite sont à combattre.

Je pense toujours, et même plus que jamais, que ce parti n’offre aucune solution, que le nationalisme et la xénophobie, le rejet de l’Europe, le repli sur soi et le retour à des «fondamentaux» anti républicains, qui représentent une impasse fatale pour la France. Le vote en sa faveur n’est pas qu’une protestation qu’il faut entendre, il est aussi une adhésion qu’il faut combattre. La «diabolisation» ne suffit pas et la banalisation que tentent certains est un suicide.

Dans cette lutte contre l’extrême droite, nous ne gagnerons ce combat qu’en portant nos valeurs humanistes.

Au-delà, c’est un chantier immense que nous devons engager.  Il y a une réflexion profonde à mener sur nous-mêmes, sur notre façon d’envisager la politique, notre engagement auprès des citoyens. Quand des discours de rejet sont acceptés, et même approuvés par une partie importante des électeurs, nous devons nous mobiliser. Au-delà l’élection elle-même, j’ai la conviction que nos façons de penser et d’agir, les réponses que nous devons apporter aux difficultés de notre territoire, nos conceptions du débat politique, doivent évoluer profondément.

J’ai la conviction qu’un renouveau, qu’une nouvelle offensive font partie de la réponse que nous devons apporter à la montée des populismes. Il convient d’y répondre, d’abord, parce qu’il y a là comme une vague sombre qui menace nos valeurs. Cette vague, il faut en comprendre les fondements pour mieux s’y attaquer, pour construire des digues solides et infranchissables. C’est à la désillusion des citoyens, à une défiance grandissante, à un nationalisme exacerbé et  à une angoisse sociale forte qu’il faut faire face. Ces courants et partis se nourrissent des peurs, diffusent des contre-vérités et puisent leurs racines dans le rejet et le repli.

Nous ne devons plus accepter la fatalité de la progression de l’extrême-droite sur  nos territoires. Nous ne devons plus accepter cette déferlante avec résignation, l’affaissement de l’enthousiasme.

Ainsi, puisque Monsieur le Député RN tient à s’enquérir de la position des élus locaux sur les propos du Président de la République sur la répartition des étrangers accueillis sur le territoire, il relève de notre responsabilité d’y répondre avec vigueur en défendant plus que jamais notre idéal républicain, en luttant contre cette dérive xénophobe de l’extrême droite.

Non, l’immigration n’est pas une punition pour nos territoires ruraux !
En qualité d’élus de territoires ruraux, nous ne pouvons pas rester silencieux quand une personnalité d’extrême-droite s’exprime sur les réseaux sociaux ou interpelle les élus pour accuser le président de la République de vouloir « crime contre l’humanité » et d’y organiser « transport de population immigrée vers (n)os villages ». Le Député SCHRECK, qu’on savait dénué de toute tolérance et enfermé dans un passé qui n’a jamais existé, vient d’une rente de mépris et de peur, propageant à dessein de fausses informations.

Il y a une semaine, devant les préfets, le président de la République a réaffirmé sa volonté de réformer la politique d’accueil et d’intégration des étrangers en France, notamment en améliorant leur répartition sur nos territoires et en mobilisant davantage les territoires ruraux. Loin des polémiques stériles et des faux-semblants, son discours doit être vu comme une véritable reconnaissance du potentiel de nos ruralités et de leur rôle dans l’intégration à la République.

Une ruralité en souffrance
Nous le savons tous, la désindustrialisation et l’exode rural ont conduit nos campagnes à rencontrer des difficultés démographiques et économiques. Ce sont parfois des territoires en souffrance, où les commerces se ferment, les logements deviennent vacants et les services publics sont de moins en moins nombreux. Oui, la ruralité traverse une crise et nous ne pouvons pas le nier !

Cependant, plusieurs programmes ont été mobilisé auprès de ces ruralités. L’Agenda rural, le dispositif Petites Villes de Demain …, ont permis de débloquer plusieurs milliards d’euros en faveur de l’installation de maisons de services publics de proximité, de la revitalisation des centres bourgs, de l’émancipation de notre jeunesse, du développement économique .. etc.

Une ruralité en transformation
Avec cette volonté forte, c’est un second souffle qui en train d’être redonné à nos territoires ruraux. Chaque jour, ce sont des associations, des citoyens, des dirigeants d’entreprises, des élus, des femmes et des hommes, qui innovent et travaillent à dessiner de nouvelles ruralités, accueillantes, bienveillantes, volontaires.

Aujourd’hui, le combat à mener, c’est celui de l’accueil, de l’hébergement et de l’intégration de milliers de personnes qui fuient leur pays pour trouver chez nous une terre de liberté, d’égalité et de fraternité. Notre système mérite d’être revu, car nous sommes malheureusement réduits à accueillir ces gens dans des quartiers précaires, où la misère humaine s’ajoute à la misère économique et sociale. Cela n’est plus possible.

Une ruralité d’espoir
À ceux qui veulent nous faire croire qu’accueillir ces femmes, ces hommes et ces enfants dans nos territoires ruraux porterait atteinte à une certaine culture rurale, nous voulons leur dire qu’ils se trompent radicalement. La ruralité française, c’est l’entraide, la solidarité, le partage. C’était le cas hier quand nos territoires ont accueilli des centaines de milliers d’Espagnols ou d’italiens qui fuyaient le fascisme.

C’est le cas aujourd’hui dans de nombreux villages, comme Châteaudouble, en Dracénie, qui accueillent avec succès des personnes étrangères lesquelles s’intègrent et font vivre nos villages ruraux. En réalité, cette mesure existe déjà à relativement petite échelle. L’Office français de l’immigration et de l’intégration (Ofii) procède de la sorte avec nombre de demandeurs d’asile. Cette répartition sur le territoire principalement en zones rurales, dans des villes petites ou moyennes, des immigrés fraîchement arrivés… ça marche.

Pour autant, ne tombons pas dans l’angélisme, ce n’est pas toujours facile et l’arrivée d’étrangers en situation régulière peut soulever des inquiétudes légitimes de la part des habitants. À cela, nous répondons qu’il faut nous faire confiance, à nous maires qui sommes les plus à même d’accompagner cet accueil.

Message à nos concitoyens
Nos ruralités sont une terre où l’on sait que le travail est dur mais aussi que celui qui s’y donne honnêtement a toutes les chances de réussir. Il est important de rappeler que les réfugiés qui s’y installent viennent eux-mêmes de territoires ruraux. Quand Eric Zemmour dit que les Français fuient les campagnes pour échapper aux ravages de l’immigration, qui méprise nos communes rurales ? Quand Jordan Bardella s’interroge sur le point commun entre un Creusois et un Soudanais, qui attise la haine ?  Ce qui est sûr, c’est que le point commun dans les discours de l’extrême-droite reste, depuis toujours, la haine de l’autre.

Alors assez de démagogie, personne ne quitte son pays par plaisir. Nous devons accueillir dignement ces étrangers venus en France et leur offrir une vie paisible. Si cette installation dans nos campagnes rime avec revitalisation, réouverture des classes, des services publics, réjouissons-nous ! La République, c’est un creuset dans lequel chacun apporte de soi pour construire un commun républicain. Ne l’oublions pas et ne laissons pas l’extrême-droite diviser notre nation. »

François VOLPI
Délégué Départemental  Var et Conseiller National Territoires de Progrès
Adjoint au Maire de Barjols et Conseiller Communautaire Provence Verdon

[1] https://www.philippe-schreck.fr/lettre-aux-maires-de-la-8e-circonscription-du-var

 

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