Régionales : le Var se distingue

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Après le choc du 1er tour et la montée en puissance du Fn, le Var se distingue. Avec 44,57% pour l’extrême-droite il arrive en tête de tous les départements, devant le Pas-de-Calais et le Vaucluse. Triste privilège après celui d’avoir dirigé Toulon de 95 à 2001.

Cette progression, à l’échelle nationale, était prévisible tant les circonstances politiques, créees par l’aggravation et l’échec des politiques d’austérité depuis trente ans, provoquent aujourd’hui un haut niveau d’exaspération dans toutes les couches sociales, sans parler des conséquences des guerres que nous menons au Moyen-Orient et de leurs retombées qui frappent notamment les pays les plus engagés, faisant peser une menace directe sur les populations.

Le fonds de commerce électoral du Fn grossit proportionnellement au discrédit qui touche les partis de gouvernement de droite et de gauche dont les politiques se confondent et ne font qu’aggraver le chômage et les inégalités qui en découlent.

Robert Alfonsi qui fut secrétaire de la fédération du PS et tout récent vice-président du conseil régional ne vient-il pas de déclarer : « En tournant le dos à l’essentiel de ses engagements de campagne, François Hollande a facilité l’ascension de l’extrême-droite ». N’oublions pas non plus que c’est Mitterrand qui l’a remise en selle parce qu’il y voyait un moyen de diviser la droite. Plutôt machiavélique, non ?

Le programme libéralo-populiste du Fn se nourrit des abandons, des reniements des uns et des autres dont les actes contredisent les promesses. Ils vont jusqu’à reprendre à leur compte certaines thématiques du Fn, en matière sécuritaire, économique ou sociale…que traduisent des slogans simplistes aux relents racistes, xénophobes, ultraconservateurs…à l’opposé des valeurs de notre République.

A partir de constats et du sentiment de rejet qui existent, son discours, davantage que son programme, masque un projet de société fondé sur  les dogmes du libéralisme mondialisé, sur le pouvoir économique confisqué par le capital au détriment du travail, ce qui est justement au coeur de la crise actuelle qui s’approfondit sans qu’aucune alternative -et non pas alternance du personnel politique- ne soit rendue crédible.

Alors, pourquoi ne pas essayer le Fn ? se disent des électeurs (ces) désespérés de ne pas voir la fin de cette spirale descendante sans avenir. Le phénomène se répand dans toute l’Europe. Raison de plus pour l’endiguer en réfléchissant à ses causes et aux moyens de répondre aux attentes de celles et ceux qui sont séduits.

La banalisation des idées nationalistes et alterophobes du Fn, largement partagées à droite, explique, notamment mais pas exclusivement, le basculement d’une partie de cet électorat vers l’extrême-droite.

Ainsi dans le Var, le Fn, arrivé derrière l’UMP aux régionales 2010, double son % et devance la droite de 17% le 6 décembre 2015 ! Il y a eu 80 000 exprimés de plus (un électeur sur deux s’est abstenu). L’ensemble de la droite perd 15 000 voix sur les Départementales 2015.

A gauche, le candidat socialiste passe de 23,27% à 13,53 et perd 20 000 voix. Des voix qui ne se sont pas portées sur les autres listes (EELV-FdG et LO).

Comme dans les autres départements, le PS se retire. Il n’y aura donc pas d’élu de gauche dans la prochaine assemblée régionale alors qu’il y aurait pu en avoir. La fusion, sans ralliement, des listes de gauche aurait permis d’éviter le tête à tête droite-fn au conseil régional.

Dans ce contexte extrêmement grave pour l’avenir de la démocratie, il y a beaucoup de travail à faire pour les forces progressistes qui portent une toute autre vision de la société française que celle du déclin, de la pauvreté, des inégalités, de la soumission aux intérêts de la finance, de la vassalisation de la France au sein d’une Europe elle-même à reconstruire.

Donner du sens et de l’avenir au « vivre ensemble », une issue à l’enfermement dans la crise du système capitaliste, par le rassemblement et la lutte contre toutes les injustices, pour l’extension des libertés et de nos droits fondamentaux, droit au travail, au logement, à l’éducation, à la santé et à la protection sociale, à des services publics de qualité…

Pour des régions ouvertes, tolérantes, dynamiques, coopératives, solidaires, soucieuses de l’Humain d’abord et de son environnement.

René Fredon

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