Toulon : premier effet collatéral de Gênes

Août 24, 2018

C’est ce que titrait sur 6 colonnes le quotidien régional Var-Matin mercredi 22 août en page 5. Ajoutant dans le sous-titre : « S’il n’y a pas de risque d’effondrement la prudence est de mise »
Comble de l’humour…involontaire, l’article débutait par ces mots : « N’y voyez pas de lien avec la dramatique actualité italienne… »! bien sûr que non, voyons, juste une coïncidence ? Pour qui prend-on les lecteurs ?
On nous explique que c’est juste une « altération » révélée par une étude dont l’adjoint Yannick Chenevard, également vice-président du conseil régional, a pris connaissance la veille, une semaine après Gênes. Comme par hasard.
La ville a décidé de fermer la passerelle séance tenante…provisoirement. Or, le 5 juillet dernier, le même adjoint expliquait que tout baignait « nous sommes prêts »…à réaliser un élévateur du côté de l’avenue du Cdt Nicolas car avec un seul côté, Bd Tessé, ça ne permet pas aux personnes à mobilité réduite de l’emprunter puisqu’elles ne peuvent pas redescendre les marches de l’autre côté.
On testerait après, les 23,24,25 octobre la solidité de l’édifice était-il prévu, en partenariat avec la SNCF. (1)
Et voilà que, huit jours après le drame de Gênes, une étude arrive à point qui parle de « fragilité du parapet de protection »! Diable, elle n’était pas connue 6 semaines plus tôt ? Quelle étude, commanditée par qui : la ville, la SNCF réseau ? On ne le dit pas et on ne donne aucune référence, ça tombe comme un cheveu sur la soupe.
C’est d’autant plus surprenant que la passerelle relève des infrastructures sous la responsabilité de la SNCF même si elle est en voie de privatisation accélérée.
Mais alors, le 5 juillet l’adjoint a pris une sacrée responsabilité, sans attendre l’étude qui était en cours et à laquelle il se réfère le 22 août. Et s’il ne la connaissait pas il faudra qu’il nous explique pourquoi et de qui elle émane, qui est le maître d’ouvrage des travaux sur le domaine ferroviaire ? Même si un élévateur rejoint la voie publique hors la gare.
Il n’y a que 11 marches pour un dénivelé de moins de deux mètres, un pan incliné de 2,5 m, une largeur suffisante d’environ deux mètres pour y placer un petit ascenseur accueillant un fauteuil, une poussette…tout en conservant une partie escaliers. Et ça ne doit pas coûter une fortune. Encore faut-il que le reste de la passerelle soit fiable et entretenu !
Il faut dire que les rapports du conseil régional avec la SNCF ne sont pas franchement au beau fixe. Le président Muselier accuse la SNCF de « compromettre l’ouverture prochaine à la concurrence des TER… » il a déjà lancé un appel d’offres et se veut plus royaliste que le roi.
Pousuivant dans la ligne de son prédécesseur C. Estrosi qui, dès le 5 octobre 2016, dénonçait la convention avec l’Etat socialo-macroniste, la Région, autorité organisatrice des transports ferroviaires en charge des TER, cherchait des « alternatives » : transport par bus, ouverture à la concurrence, groupement international (il devait penser à Benetton qui gère l’aéroport de Nice), développement d’une régie…
Depuis, le maire de Nice s’est rapproché de Macron mais la droite et son successeur veulent faire du conseil régional un point d’appui politique pour sauver leur formation traversée par des courants de ralliement à Macron ou à Le Pen.
C’est ce que confirme l’adjoint, vice-président de la région : « il faudra se caler avec la SNCF pour réaliser les travaux…ce n’est jamais si simple » surtout quand on a déclaré la guerre à son interlocuteur qui ne va pas assez loin et assez vite dans le déploiement des conceptions libérales !
Du coup ça s’annonce très long, aucun calendrier n’est proposé, il faudra s’armer de patience, est-on prévenus. Passer par le pont Sainte-Anne et faire près d’un km de plus à pied, parce que pour emprunter le tunnel plus à l’est…il y a aussi des escaliers côté Zénith.
Pour avoir consulté le plan d’actions de la direction territoriale de SNCF-réseau de Provence Côte d’Azur (2), nous n’y avons trouvé aucune trace de travaux sur la passerelle de Toulon à l’horizon 2020.
Les personnes à mobilité réduite apprécieront ces péripéties et ces promesses…hâtives dont elles font les frais.