Présidentielle : les jeux ne sont pas faits

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Branle-bas de combat : il y avait trois favoris pour accéder au 2ème tour, puis deux, jusqu’à ces derniers jours. Ils sont désormais 4…à en croire les sondages. Fillon aurait stoppé sa chute libre mais resterait « qualifiable » et Mélenchon poursuit sa montée en puissance au point de figurer parmi le quatuor des présidentiables, les deux autres se tassant par ailleurs. Il y a un mois personne n’aurait osé faire un tel pronostic.

L’espoir s’est donc levé à gauche, écologistes compris et chez beaucoup d’indécis qui ne voyaient pas de signe de changement palpable à l’horizon. Pas même dans le « personnel » politique qui leur était proposé : on prend les mêmes et on continue.

Et puis au fil de la campagne le candidat de la France Insoumise a fait entendre ses propositions, sa vision de l’avenir d’un pays secoué par les affaires nauséabondes masquant le creusement des inégalités, la fracture sociale désespérante détournée par les surenchères sécuritaires et identitaires venant de l’extrême-droite.

La confiance d’une partie de ceux qui l’avaient perdue est revenue en découvrant non seulement un discours original et convaincant mais des idées qui parlent de notre rapport à la nature, de fraternité, de solidarité, de justice sociale, de laïcité, de paix, d’internationalisme vrai qui suppose beaucoup de patriotisme, comme disait Jaurès, le sentiment national n’ayant rien à voir avec le nationalisme étroit.

Du coup la campagne prend un autre tour et le peuple d’en-bas prend conscience de la possibilité réelle d’une alternative à gauche qui se profile et qui pourrait complètement changer le paysage politique de la France, dans le bon sens du terme, cette fois.

A commencer par la nécessité d’une majorité législative impliquant des conquêtes de sièges par l’union la plus large de toutes les sensibilités de gauche et écologistes qui soutiennent JL Mélenchon dans chaque circonscription, de manière à prendre un maximum de sièges à la droite qui, ici dans le Var, est sortante dans les huit circonscriptions. Ce que les communistes n’ont cessé de proposer.

Concernant le PS, la situation est beaucoup plus contrastée.
Sur les 8 circonscriptions du Var, le PS a désigné 6 candidats Valentin GIES 1ère, Cécile MUSCHOTTI 2ème, William SEEMULLER 3ème, Insaf REZAGUI, 5ème, Cécile LAUBLET, 6ème et Jimmy COSTE 7ème

Sur ces 6 candidats deux, Valentin Gies et William Seemuller ont annoncé publiquement qu’ils porteront les couleurs du PS…tout en votant Macron à la présidentielle! Pas très moral.

A la question « pourquoi soutenez-vous E. Macron, V. Giès répond (le 8 avril) que « si l’élection avait lieu aujourd’hui (30 mars, date de l’interwiew) je voterais Macron car je suis pour un rassemblement, on ne peut pas construire une majorité sur la division. »

Voilà qui ne manque pas de saveur : Macron s’épuise à dire qu’il n’est pas au PS mais qu’il accueille avec plaisir tous les socialistes qui s’empressent de le rejoindre, parce qu’il est donné en tête…au nom de la fidélité à leurs valeurs sans doute (?) et, qui accueille aussi avec autant de plaisir, les anciens ministres et électeurs de droite qui voient en lui le « renouveau de la vie politique ». Un re-nouveau sorti tout de droit du gouvernement Hollande et qui s’appuierait sur une majorité des plus hétéroclites, simplement unie par son libéralisme assumé dont a vu les résultats. Le pire est à venir.

Quant à W. Seemuller, à la même question il répond :… »parce qu’il (Macron) est le candidat progressiste le mieux placé avant le 1er tour… » C’est bien ça  : le socialiste vote, non pas pour le candidat de son parti issu de la primaire, Benoît Hamon, mais pour un autre, qualifié non pas de libéral mais de progressiste pour la circonstance. Comme la loi qui porte son nom. Un « progressiste » qui fera une politique…libérale, comme celle de Hollande-Valls ! Vive le renouveau.

Comment voulez-vous que le candidat socialiste ne se sente pas trahi par les siens dont une partie préfère se tourner vers le candidat de la France Insoumise qui ouvre une véritable alternative à gauche celle-là et sans ambiguïté.

Benoît Hamon devrait avoir la sagesse, à ce stade, de s’effacer pour assurer la victoire de JL Mélenchon plutôt que de favoriser -objectivement- par son maintien celle de Macron. Le mieux eût été qu’un accord le plus large à gauche ait pu et puisse encore se réaliser.

Ce qui serait d’ailleurs la meilleure façon de renouveler la politique et de signifier à tous les libéraux, qu’ils soient socio, néo ou ultra, le trio de tête, le vrai banquier, l’ex-premier ministre englué dans les affaires et l’admiratrice de Trump et de Poutine qui « pique aussi dans les caisses publiques » comme dit Poutou.

L’espoir s’est levé
Ils sont en perte de vitesse, désormais talonnés par JL Mélenchon qui n’est pas un prestidigitateur mais le rassembleur du peuple qui aspire à être respecté et à vivre dans la dignité.

De quoi effrayer les marchés financiers qui le font savoir ! C’est dire si la perspective d’une qualification donc d’une victoire possible de Jean-Luc Mélenchon fait peur à la finance : c’est bon signe, non ?

Ils espèrent arrêter le mouvement populaire qui a quelques raisons de croire en sa force et qui préfère les appels à la fraternité, à la tolérance et à la paix plutôt qu’à la servilité vis-à-vis des puissants, les 1% qui ne gouvernent que pour leurs seuls intérêts.

Nous sommes les 99%. Evidemment pas tous avec les mêmes idées, les mêmes conceptions de la politique et des intérêts qu’elle sert. Difficile de nier la profondeur de la colère des laissés-pour-compte et même d’une partie des classes moyennes. L’OBS du 22/9/16 -très proche du pouvoir socialiste et de son ministre-candidat- consacrait trois pages sur « Inégalités, l’aveuglement des élites » en très gros caractères.

L’hebdomadaire résumait le constat inquiétant de deux « prix Nobel », Angus Deaton et Joseph Stiglitz, d’éminents professeurs d’économie dont Thomas Piketty, du lanceur d’alerte Christophe Guilly auteur d’un livre au titre évocateur : « Le Crépuscule de la France d’en haut ».

Il citait même le FMI qui sous-titrait une étude de cette phrase : « Au lieu de générer de la croissance, certaines politiques néolibérales ont accru l’inégalité, ce qui menace une expansion durable. » On ne le leur fait pas dire !

Mais à partir du même constat on n’aboutit pas forcément aux mêmes solutions : protéger l’environnement, donner du travail à chacun, produire utile, réduire les inégalités, éradiquer la pauvreté…n’est pas compatible avec la suppression de l’ISF par exemple, ni avec la libération de l’héritage de toute fiscalité, ni avec les cadeaux fiscaux au patronat et aux plus riches, ni avec l’évasion fiscale…etc. Ne cherchons pas plus loin les centaines de milliards qui manquent dans les caisses de l’Etat et des collectivités locales. Encore faut-il vouloir les partager équitablement : les plus pauvres et les emplois d’abord !

Il va falloir s’attaquer résolument à la finance, à sa domination absolue, à son pouvoir, donc le conquérir, démocratiquement mais non sans que les Français s’en mêlent.

Il nous reste moins de 15 jours pour convaincre les déçus, les sceptiques, les désabusés de rejoindre le courant qui se forme pour donner enfin corps à notre belle devise : liberté, égalité, fraternité.

René Fredon

2 COMMENTS

  1. Ce qui est dommage dans le propos de monsieur Fredon c’est l’absence de mise en perspective avec l’accession de Madame Le Pen au deuxième tour. Je sais que 2002 c’est loin mais bon. Il reste encore des gens de gauche qui s’en rappellent de l’éparpillement des voix

    SB

  2. Vous avez raison…Je crois avoir beaucoup écrit à ce propos et depuis pas mal de temps pour rappeler ce qu’avait coûté l’émiettement des candidatures de gauche en 2002 (Laguiller 5,72, Glückstein, 0,47, Besancenot, 4,25, Hue, 3,37, Chevènement, 5,33, Jospin, 16,18, Taubira, 2,32, Mamère, 5,25, soit près de 27%, sans compter Jospin et ses 16,18 devancé par Le Pen à 16,86,( Mégret le privant de ses 2,34).
    Le total des voix de gauche faisait 43 % au 1er tour et c’est Chirac qui a été élu avec 19,88 au 1er tour !!
    C’est bien pourquoi le PCF préconisait, bien avant que les candidats se déclarent, un pacte de majorité entre tous les candidats de la gauche alternative et des écologistes,(sans les tenants de la politique gouvernementale) débouchant sur une candidature unique. Il continue de le faire tout en se félicitant de la bonne campagne de JL Mélenchon.
    Vous remarquerez que le total des voix de gauche (donné par les sondages) se situe autour de 30%, ce qui qualifierait le candidat de la FI que soutient le PCF, ce qui n’est pas encore acquis même s’il est sur une très bonne trajectoire. Plus que 10 jours pour convaincre les indécis…

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