Prendre en compte le sexe et le genre pour mieux soigner : un enjeu de santé publique !

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Les maladies cardiovasculaires sont un exemple typique de la façon dont les représentations sociales du féminin et du masculin influencent les pratiques médicales et l’attitude des patientes. Alors que les maladies cardiovasculaires sont classiquement associées aux hommes, elles sont la 1ere cause de décès chez les femmes et tuent 6 fois plus que le cancer du sein. Lorsque qu’un événement cardiovasculaire survient, le risque d’évolution défavorable voire de décès est environ 2 fois plus élevé chez la femme que chez l’homme.

L’infarctus du myocarde est encore sous diagnostiqué chez les femmes. Les femmes ont tendance à négliger leurs symptômes, qui, parfois, peuvent être trompeurs et rapportés au stress ou à la fatigue. Près de la moitié des femmes de moins de 60 ans victimes d’un infarctus du myocarde n’ont pas ressenti les symptômes classiques chez les hommes. Les signes devant alerter les femmes présentant au moins un facteur de risque (tabac, diabète, HTA, …) sont des signes atypiques comme la sensation d’épuisement, l’essoufflement à l’effort et les nausées. Cette méconnaissance engendre un retard de diagnostic et une prise en charge thérapeutique plus tardive. Sans compter que les femmes ont moins recours à la réadaptation après infarctus.

Les femmes sont également sous-représentées dans les études cliniques. Ainsi l’utilisation de l’index SCORE recommandé par la Haute Autorité de Santé pour évaluer le risque cardiovasculaire en prévention conduit à une sous-estimation du risque chez les femmes, car la cohorte ayant permis de valider cet outil ne comportait que très peu de femmes.

Un autre exemple de l’influence du genre sur la santé concerne la santé mentale. Les troubles dépressifs et les troubles alimentaires sont ainsi plus fréquents chez les femmes car elles sont davantage exposées que les hommes aux inégalités économiques et sociales (précarité, violences).

Les femmes victimes de violences sont également en moins bonne santé que les hommes dans la même situation, du fait que, tout au long de leur vie et dans les différentes sphères de leur vie (intra- familiale, conjugale, professionnelle, …), elles sont confrontées à des violences de formes diverses (menaces, agressions verbales, violences physiques et sexuelles). Ce continuum de violences ne s’observe pas pour les hommes.

La prise en compte des interactions entre sexe et genre dans le domaine de la santé a des retombées majeures en termes de connaissances scientifiques, de prise en charge médicale, de traitement, de prévention et d’optimisation des coûts de santé. Voilà pourquoi, garantir les droits des femmes, c’est reconnaître qu’en matière de santé elles ont des besoins spécifiques.

Docteur Mouna Pantel El Omri​,
médecin urgentiste et référente des violences faites aux femmes au sein du service des urgences

Références :

  • 1)  « Prendre en compte le sexe et le genre pour mieux soigner : un enjeu de santé publique », HCE, Rapport n°2020-11-04 Santé 45 voté le 04 11 2020
  • 2)  Brochure Cœur de Femmes, fedecardio.org, 01/2022
  • 3)  Sexe, genre et santé, HAS, rapport d’analyse prospective 2020
  • 4)  Enquête Violences et rapports de genre (dite « Virage »), INED, 2015 

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