Pour soigner l’Hôpital Public, un remède : le courage politique

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Les personnels hospitaliers sont épuisés, les patients inquiets, les syndicats mobilisés et personne n’ignore, aujourd’hui, que l’hôpital public souffre d’une maladie chronique invalidante… Les responsables politiques sont montrés du doigt, mais, pour être honnête, c’est l’ensemble de la classe politique qui devrait rendre des comptes, depuis 10, 15 ou 20 ans et même plus !

Pour tenter de comprendre – à l’échelon national- ce qui ne fonctionne pas, nous avons demandé au Dr Stéphane Bourcet, président de la Commission Médicale d’Établissement du Centre Hospitalier Intercommunal de Toulon-La Seyne (CHITS)  et vice-président du Directoire, de faire le point sur l’état du « patient »…

Un travail de « management »
« Il faut d’abord savoir que le président de la CME travaille avec le directeur de l’établissement. Son rôle est de suivre la qualité et la sécurité des soins, ainsi que les conditions d’accueil et de prise en charge des usagers », souligne le Dr Bourcet, qui assume cette fonction depuis 13 ans.

De façon règlementaire, il est aussi vice-président du Directoire, organe collégial qui donne son avis sur le projet médical et prépare le projet d’établissement. Le Dr Bourcet a participé à la conférence nationale des présidents de CME de Centres hospitaliers, le 17 septembre dernier, et ne cache pas son inquiétude…

Aucune anticipation
« Depuis des années, on constate des disparités, sans jamais anticiper sur les difficultés à venir », souligne le Dr Bourcet, qui détaille les points sensibles…

« Aujourd’hui, il y a une hémorragie médicale, car l’hôpital public perd son attractivité, au niveau de l’exercice médical et des salaires, entre secteur public et secteur privé, mais aussi au sein même de l’établissement. Comme nous l’avons déclaré à Paris, l’asymétrie des contraintes et des rémunérations entre le libéral et le public, est devenue majeure et inacceptable. La Conférence nationale a dénoncé, également, les méfaits de la formation initiale actuelle, qui conduit les médecins à l’hyperspécialisation irréversible et sans véritables passerelles ultérieures. Nous avons heureusement un « point fort » dans l’hôpital public : la qualité du plateau technique. »

Soins non programmés
Dans le nouveau plan « Ma santé 2022 », on a beaucoup parlé de l’engagement des médecins libéraux pour la prise en charge des soins non programmés, avec la création d’assistants médicaux, la constitution de communautés professionnelles territoriales de santé… « Mais, remarque le Dr Stéphane Bourcet, cette proposition est basée sur le volontariat, et les médecins généralistes qui partent à la retraite ne trouvent pas de remplaçants… »

L’analyse de la Conférence nationale des présidents de CME est claire : « tant que le monde hospitalier n’aura pas d’interlocuteurs organisés et en capacité d’offrir une alternative crédible, définie en commun, au « tout hôpital », le système de santé sera toujours en danger. »

Et la conclusion du Dr Bourcet est tout aussi directe :
« il faut aujourd’hui du courage politique pour inciter fortement–et non plus proposer –une participation beaucoup plus importante du secteur libéral dans la prise en charge des urgences non programmées, et l’accès aux soins pour tous. »

Nicole FAU

 

 

 

 

 

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