Pierrefeu : les migrants avaient des défenseurs

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Samedi matin à Pierrefeu, le maire avait organisé une manifestation de la population destinée à appuyer la décision du conseil municipal ayant émis un avis défavorable à l’accueil d’une soixantaine de migrants en provenance de Calais, le temps de leur permettre d’obtenir le statut de demandeur d’asile pour lequel ils remplissent les conditions.

Manifestation qui se voulait « apolitique » et qui a rassemblé 7 à 800 personnes.  Elle s’est déroulée dans le calme.

A 11 h 00, sur la place du Dixmude, que les forces de l’ordre tenaient sous étroite surveillance, 250 personnes, à l’appel de la Ligue des Droits de l’Homme et de plusieurs associations, syndicats et partis de gauche…ont pu faire entendre leur solidarité avec la cause des migrants qu’une propagande infâme du FN et des LR tente d’assimiler à des délinquants en puissance quand ce n’est pas des terroristes à la solde de Daesch !

Un petit groupe de jeunes perturbateurs d’extrême-droite s’est manifesté sans pouvoir rejoindre les pro-migrants solidaires et vigilants sur ce qu’une telle récupération politique nauséabonde contient de renoncement aux valeurs fondamentales de notre pays, d’accueil des populations fuyant les guerres, les combats destructeurs, l’insécurité permanente, les privations de tous ordres, alimentaires, sanitaires…

Qu’il le veuille ou non, Mr.le maire « sans étiquette et apolitique », néanmoins ancien militant socialiste, contribue à ce rejet des migrants et à banaliser le combat des pires ennemis de notre démocratie, même s’il essaie de s’en démarquer. Comment la population ainsi conditionnée par la fraction la plus irréductible et xénophobe des opposants de principe, relayée de fait par le conseil municipal, ne serait-elle pas influencée par ce mot d’ordre simpliste : « pas à Pierrefeu, pas dans un hôpital psychiatrique inadapté et innondable  »

Mais quelles autres propositions, plus satisfaisantes ? Aucune. Si Mr. le maire avait dit : »on veut bien examiner la proposition d’accueil provisoire de migrants de Calais mais on demande un peu plus de temps de concertation… » Ce n’est pas la même chose que… »On n’en veut pas et on ne laissera pas l’Etat nous l’imposer », manifestation à l’appui ! C’est un peu court. Mais cela en dit long sur la mentalité sous-jacente à un tel raisonnement.

Un raisonnement qui rejette le fond  d’une démarche humanitaire justifiée. On est d’abord hostile et ensuite on trouve des justifications : « ici ce n’est pas possible, passez votre chemin ! Pourquoi nous encombrer avec ce problème dont nous n’avons pas à nous préoccuper ?  »

Parce qu’ils n’en ont pas des problèmes, toutes ces familles, ces enfants, ces vieillards qui tous ne sont même pas en mesure de quitter les zones de combat ?

Et quand ils peuvent s’extraire des décombres, de l’enfer au quotidien ils ont à affronter des conditions de traversée tout aussi meurtrières. Ils arrivent, affamés, épuisés, malades ils se heurtent à des comités d’accueil de nature très différentes pour ne pas dire opposées, carrément hostiles trop souvent. Quels mérites pour celles et ceux qui sont quotidiennement à leurs côtés !

Nos « apolitiques » devraient aussi s’interroger sur la part de responsabilité des Etats, comme le nôtre, directement impliqués dans ces conflits qui ravagent le Moyen-Orient, l’Afriquet et autres, avec le succès qu’on connaît et les millions de réfugiés qui fuient les guerres, la misère et les dictatures dominées par des potentats assis sur des monceaux de pétro-dollars.

Où en serait la France aujourd’hui si elle n’avait pas accueilli toutes ces populations fuyant les guerres et le fascisme dans les années trente, comme Mr le maire, par exemple et tant d’autres dont les noms témoignent de leurs origines (N’est-ce pas Mr Rachline, Sarkozy et autres Lopez et Boccaletti…), ces millions d’Africains, de Nord-Africains, de Vietnamiens…qui ont fait la France.

Le rassemblement départemental du FN l’après-midi, de l’ordre de 200 militants (300 selon leur site ), n’a pas répondu à leurs espoirs mais ils ne vont pas pour autant lacher. « Les migrants c’est l’excuse pour justifier l’immigration économique illégale » a ressassé Rachline » tandis que l’écho répondait : « les nôtres avant les autres ». Replions-nous derrière nos frontières, armons-nous et chassons l’étranger. La guerre civile est assurée. Non merci ! Cette montée de l’extrême-droite est lourde de périls.

Le matin, à Toulon, sur le parvis des Droits de l’Homme, le PCF a réuni plus d’une centaine de militants. L’allocution d’Alain Bolla a mis l’accent sur les causes de ces migrations et des guerres dont elles sont la conséquence directe. Une dimension trop largement sous-estimée. Un rassemblement en complémentarité avec celui de Pierrefeu.

Plus que jamais la vigilance s’impose. Mais aussi la clarification des causes sociales, des renoncements politiques qui expliquent la résurgence, partout en Europe, d’une idéologie nationaliste et xénophobe qui cherche à dissimuler ses racines et ses objectifs.

René Fredon

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