C’est une bonne nouvelle culturelle et musicale. Le samedi 15 janvier 20h 30 le théâtre Liberté accueille un chef d’œuvre du théâtre musical français l’opéra de Claude Debussy sur le livret de Maurice Maeterlinck. L’œuvre mise en scène par Moshe Leiser et Patrice Caurier sera donnée dans la version piano et chant sans l’orchestration de Debussy.
Une œuvre novatrice
Cette partition étincelante est toujours clivante chez les amateurs d’opéras. Je me souviens que lorsque l’opéra de Toulon l’avait programmé, des abonnés trouvèrent l’œuvre insupportable « sans lyrisme ni mélodie ». (Sic). Non seulement ils avaient refusé d’y assister, mais avaient interdit que l’on revende leurs places. Il faut dire que cet opéra de 1902 n’a rien à voir avec la tradition mélodramatique des grandes machines lyriques du répertoire. Il s’agit d’une partition révolutionnaire basée sur la déclamation français, d’une poésie subtile, et d’un charme incomparable mais totalement nouveau. Tout est dans le mystère du lien entre le texte symbolique et la musique de ce drame en 5 actes et 12 tableaux, créé à l’Opéra-Comique, qui sonde les forêts obscures de l’inconscient, les méandres intérieurs de l’âme humaine, la puissance du désir sans fin. Debussy, le monde entier nous l’envie !
Mystère et symbolisme
Mélisande semble sortir d’un conte, éplorée près d’une fontaine, au cœur de la forêt, lorsque le prince Golaud la rencontre. Il la ramène au château et l’épouse. Entre Mélisande et le frère de Golaud, Pelléas, naît une attirance irrépressible. Au Royaume d’Allemonde, un monde clos et trouble, la mort rôde…
Claude Debussy transcende la pièce poétique de Maurice Maeterlinck : « La musique est faite pour l’inexprimable, je voudrais qu’elle eût l’air de sortir de l’ombre et que par instants, elle y entrât. » Tonalité sombre, trouée de lumières irréelles, la tension est palpable, la simplicité de la langue de Maeterlinck est transfigurée par les mouvements suspendus et audacieux de la musique de Debussy.
De jeunes chanteurs comédiens de talent
Les metteurs en scène, Moshe Leiser et Patrice Caurier ont encadré pendant trois ans des ateliers de formation à la Fondation Royaumont. C’est avec une nouvelle génération de chanteurs issus de cette prestigieuse école qu’est donnée cette version piano-chant réalisée par Debussy lui-même. Avec le baryton Jean-Christophe
Lanièce qui incarnera Pelléas, la soprano Marthe Davost en Mélisande, Halidou Nombre, dans le rôle de Golaud, Cyril Costanzo, que nous avions admiré dans le Rêve de l’île de Sable récemment, Marie-Andrée Bouchard Lesieur nominée aux Victoires de la Musique classique, Cécile Madelin et Martin Surot. Assistanat à la mise en scène Arthur Hauvette Préparation musicale Martin Surot et Jean-Paul Pruna. Au piano Martin Surot Création lumière Christophe Forey.
Un événement musical qui s’annonce de grande qualité pour les mélomanes avertis et les amateurs de théâtre.
Le spectacle musical repose sur les premières éditions de la partition pour chant et piano, Pelléas et Mélisande. Drame lyrique en 5 actes et 12 tableaux, Paris, E. Fromont, 1902 et Durand 1907, ainsi que sur les précieux apports de l’édition critique publiée dans le cadre l’édition monumentale des Œuvres complètes de Claude Debussy établie par David Grayson, Paris, Durand, 2010.
Infos et réservations : chateauvallon-liberté.fr 09 80 08 40 40
Jean-François Principiano