Pays de Fayence Le Quatuor Belcea clôture en beauté le Festival

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Dimanche 12 septembre 16h Eglise Saint Léger de Seillans.

Frederic Audibert directeur artistique du Festival de Quatuors en pays de Fayence

La petite foule des mélomanes attend sagement l’ouverture des portes et la vérification du pass sanitaire. Au fond on entend les derniers raccords du Quatuor Belcea. L’Eglise est maintenant pleine. Frédéric Audibert, dressant un bilan positif des concerts précédents, prend la parole et remercie le département du Var, la communauté des Communes du Pays de Fayence qui sont les créateurs de ce beau Festival soutenu par la Région Sud et le Centre National de la Musique Paroles d’espérance pour l’année prochaine.

Les membres du Quatuor  se présentent avec leurs instruments Corina Belcea et Axel Schacher violons, Krzysztof Chorzelski alto, Antoine Lederlin violoncelle.

Le silence s’installe
Le cérémonial peut commencer. Car il s’agit d’un concert très particulier marqué  par le choix de trois œuvres majeures se voulant réponse à l’angoisse de la finitude. Des quatuors  de  Mozart, Schubert  et  Chostakovitch (auxquels s’ajoutera Szymanowski en bis). Si la musique a son langage qui n’exprime que l’art des sons, l’inspiration, elle, prend source dans les vies de chacun.

Mozart écrivit la série des quatuors prussiens à la suite d’une longue déprime devant l’incompréhension du public viennois qui lui préférait les œuvres faciles de Salieri et les autres…Chostakovitch composa le 14° quatuor en réponse à son amertume devant les errements du régime soviétique et Schubert « La jeune fille et la mort » lorsque rongé par le tabès syphilitique ses jours étaient déjà comptés. Quant à Szymanowski il écrivit son premier quatuor à la suite d’une crise de doute…Musiques de la consolation et de l’espoir retrouvé.

Lyrisme et virtuosité
Le 23 ° quatuor de Mozart de 1784 est déjà tourné vers l’avenir. Beethoven qui admirait son final le recopia de sa main et ajouta : « Mozart dit au monde Voyez ce que j’aurais pu faire, si vous aviez pu me  comprendre ! » Dès les premières mesures on est saisi par l’intensité de la vision des  Belcea, justesse, attaques précises, expressivité, sensibilité recherchée et obtenue virtuosité maîtrisée. Pour Beethoven c’était une grande œuvre. Le 14° quatuor de Chostakovitch est plus grand encore. Composé dans la douleur, le maître russe y cache son déchirement. L’adagio central a été serti par l’una voce impeccable des Belcea. On y a retrouvé le legato parfait et la finesse d’incision de Corina Belcea. Pureté dans les  suraigus des positions hautes sur la chanterelle.  Bouleversante péroraison réglée au laser par ces magnifiques interprètes.

Enfin la « jeune fille et la mort » de Schubert occupait toute la seconde partie. Cette partition mythique dans l’histoire de la musique est une longue confidence d’un être écorché vif. La partition testamentaire  fut éditée posthume par les amis de Schubert. L’approche des Balcea est très personnelle, basée sur une intelligence du texte sans ostentation, tout en nuances et variétés de couleurs. La encore le premier violon est étonnant de dignité, d’engagement et de précision. Les variations sur le lied ont été données avec clarté, naturel et  éloquence, profondes sans prendre la pose.

En bis une surprise ! le premier mouvement  du Quatuor de Szymanowski fut joué avec la même fermeté de lignes, les mêmes couleurs éthérées, le même mystère qui capte et retient l’attention.

En résumé le quatuor Belcea a présenté un programme solide, interprété dans une esthétique qui mêle pureté du timbre et chaleur du son. Une leçon de musique.

Jean François Principiano

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