« Mea culpa… »

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( La destruction de l’État par  Maroun EDDE / Ed Bouqins)
Dr Vincent CARRET / AMUF VAR

Novembre 2023

 

 

 

 

Docteur Vincent Carret

Les parlementaires et élus de territoires, à l’image du Sénat ces 24 et 25 Octobre 2023,  appellent à l’aide le gouvernement, la pression des déserts médicaux et la fermeture des services d’Urgences sur les territoires est devenue trop lourde à porter et à assumer. La colère est immense, partout !

Depuis les années 1980-1990 un désengagement massif et mûrement calculé de l’État s’opère en France au nom du gain d’efficacité et d’une réduction des dépenses publiques. Tout le contraire est arrivé. Le « New Public Management » mouvement de réforme de l’État dicté et imposé par le tournant «  Néo libéral » Reagano-Thatchérien commençait son carnage.

Des décisions prises par des cercles restreints, indépendamment de toute consultation démocratique, ont fait plier nos élites.

Ils devaient SERVIR l’État et défendre l’intérêt général, ils y ont renoncé pour d’autres intérêts . Ils ont participé à son affaiblissement, partout. Le bilan, leur bilan, est là aujourd’hui sous nos yeux.

Ils n’ont pas réussi à tout détruire, mais le mal est fait : École, hôpital, industrie, énergie, sécurité, justice, diplomatie, Université, grandes Administrations, …Tout y passe.

Malgré les alertes, les pressions et ces bilans , le démantèlement s’accélère encore . Les Français payent de plus en plus d’impôts, de plus en plus cher pour des services rendus qui ne sont plus au rendez-vous. Où va désormais l’argent public ? Qu’est ce qui peut conduire un pays à sacrifier ses propres atouts et forces et au bénéfice de qui?

L’État a un rôle crucial à jouer car il est le seul à pouvoir garantir la croissance à long terme, la préservation de l’intérêt général  et la cohésion sociale, le seul !

Tout n’est pas détruit ni à reconstruire, il nous reste à ranimer et réveiller nos concitoyens, leur montrer l’exemple et retrouver le chemin de la confiance perdue et du sens perdu.

Pour soigner et prescrire un traitement face à un mal , il faut faire un diagnostic. Faire un diagnostic pour établir un pronostic et enfin établir un traitement.

Il ne fallait pas voir, surtout éviter les diagnostics et prescrire des traitements venus d’ailleurs.

Ce diagnostic était en partie réalisé le 8 juin 1978 à l’Université de Harvard par Alexandre Soljénitsyne qui consacrait son discours devant ses étudiants au déclin du courage dans les démocraties : « le déclin du courage est peut-être ce qui frappe le plus un regard étranger dans l’occident d’aujourd’hui. Le courage civique a déserté non seulement le monde occidental dans son ensemble mais même chacun des pays qui le composent. Ce déclin du courage est particulièrement sensible dans la couche dirigeante et dans la couche intellectuelle dominante ».

« Nul pays plus que la France n’a donné raison à l’avertissement visionnaire autant qu’ignoré lancé par l’auteur de L’Archipel du goulag » écrit Nicolas BAVEREZ dans Le Point ce 25 octobre 2023. FOG poursuit dans «  La tragédie Française » : « Nos dirigeants ont tout simplement capitulé et laissé la France sombrer ».

Ce diagnostic oublié et savamment évité est relayé et documenté par Maroun EDDE dans « La destruction de l’État » mais également par deux de nos plus hauts dirigeants de notre nation dans un exercice de mea culpa partagé bien tardif.

Jean Pierre JOUYET,  Secrétaire Général de L’Élysée sous la présidence de François Hollande publie «  Est-ce bien nécessaire Monsieur le Ministre ?  » et Henri Guaino ex-plume du Président Nicolas Sarkozy :  «  A la 7e fois les murailles tombèrent »

De ce mea culpa de nos élites devenu tendance face à autant d’années d’erreurs stratégiques et de fautes politiques à l’image d’EDF, du nucléaire et de notre Système de santé,  il en ressort une leçon : «  Se redresser pour affronter l’avenir, ses crises et les défis qui se dressent devant nous » .

« Ne plus vivre couché, ou à genoux mais se redresser et vivre debout ! » tel est le message adressé depuis toujours par notre Président de l’AMUF, le Dr Patrick PELLOUX, et réactualisé lors de sa remise au gouvernement de son rapport sur « la défense de la laïcité à l’hôpital » un peu seul au monde et sans grandes voies exprimées en soutien.

Ce « vivre debout et non plus couché et à genoux » est le message reçu et appliqué depuis des années par les services d’Urgences de France sur l’ensemble de nos territoires pour pallier aux conséquences et aux drames de nos politiques de santé dictées et imposées par des idéologies venues d’ailleurs et pour lesquelles nos dirigeants et gouvernants ont préféré se taire et s’exécuter contre l’intérêt général .

« Parce que l’ampleur du démantèlement ne doit pas nous conduire au fatalisme et que notre force au sursaut doit rester dans le collectif pour ranimer plus qu’ à reconstruire », il nous faut regarder et analyser les mouvements de nos équipes d’Urgences de France qui se révoltent comme une chance, une chance de vouloir « sortir du troupeau » et du refus de s’inscrire au service du silence.

«  Il y a plus de vérité et de courage dans la révolte pour tous que dans l’obéissance silencieuse pour protéger sa petite vie et ses petits intérêts  personnels » écrivait Kamel Daoud écrivain et journaliste .

Refuser de s’inscrire au service du silence et compter sur l’énergie d’équipes en quête de sens et qui refusent de renoncer , c’est tout le sens donné à ces mouvements de révoltes de nos Urgences et qui répondent au message adressé aujourd’hui par un Ministre d’état , Gabriel Attal ; Ministre de l’Éducation National face aux drames : «  Le pas de vague, c’est fini ! ».

Combien de drames et de bilans aura t-il fallu pour que ce courage d’État soit enfin remis à l’ordre du jour ?

Les Services d’Urgences de France y ont déjà répondu depuis longtemps et continuent à y répondre, « Rester debout et tout faire pour ne jamais plier, aujourd’hui et plus encore demain, parce qu’il va falloir aussi aider et relever toutes celles et ceux qui avaient fait le choix contraire ».

Nos jeunes générations sont là , pleines d’énergie à mettre au service de l’État, elles attendent un signal fort d’un projet COLLECTIF au service de l’intérêt général, c’est-à-dire un retour du sens perdu et du courage qu’il nous faut absolument retrouver et vite.

Pour une vision « Macro » de nos crises et les re contextualiser dans une volonté de mea culpa venue du plus haut niveau de l’État.

Dr Vincent CARRET
AMUF

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