En présence du prince Albert II de Monaco, de Stéphane Le Foll, ministre de l’Agriculture et Marc Giraud, le président du conseil départemental du Var, Thierry Dufresne, le président de l’Observatoire Français de l’Apidologie (OFA) a inauguré, vendredi, la Maison de l’Apidologie à Mazaugues.
Et si l’avenir des abeilles se jouait en centre Var. Thierry Dufresne s’y attache depuis le début de l’année 2011. Il a franchi de nombreuses étapes depuis sa prise de conscience que l’avenir de l’humanité passait par la sauvegarde des abeilles, en grand danger. Mais, il a vécu, ce vendredi, une journée mémorable avec l’inauguration de la Maison de l’apidologie. Une structure, en forme d’alvéole, implantée sur le domaine de la Garnière au pied du massif de la Sainte Baume, dont l’objectif est de permettre la formation d’apiculteurs en collaboration avec le CFPPA (centre de formation professionnelle et de promotion agricole), la production d’essaims, la sélection d’abeilles reines et l’insémination afin d’assurer une meilleure hygiène au cheptel.
Vers la création d’un centre européen de formation d’apidologie
« Nous sommes tous conscients que les pesticides sont à l’origine de la disparition des abeilles. Mais les causes sont multiples et le manque de professionnalisation des apiculteurs, leur absence de formation, le nombre insuffisant de ruches, le repeuplement et la régénérescence du cheptel apicole sont des maux importants que nous souhaitons remédier grâce à cette Maison de l’apidologie ».
Les chiffres sont éloquents. Il y a un déficit de 13 millions de ruches en Europe. En France, il faudrait passer de 800.000 ruches à deux millions pour assurer la pollinisation agricole. «N’oublions pas que la production mondiale agricole dépend de cette pollinisation. La survie de l’abeille est donc un enjeu majeur » insiste Thierry Dufresne avant d’annoncer la création « d’un centre européen de formation d’apidologie. C’est une prochaine étape. Ce centre sera construit sur un terrain municipal de Mazaugues et recevra le soutien de l’Europe. Notre objectif est d’implanter à travers l’ancien continent plusieurs maisons de l’apidologie afin de former 30000 nouveaux apiculteurs et implanter 10 millions de ruches à l’horizon 2025 ».
Un projet pilote prochaine approuvé par l’Europe
Des propos confirmé par le député européen Eric Andrieu. « Avec Thierry Dufresne et l’Observatoire, nous sommes sur la base d’un projet pilote européen. La commission agricole a voté favorablement en faveur de ce dossier qui devrait être adopté définitivement lors de l’adoption du budget à l’automne ».
Cette initiative varoise, saluée par Marc Giraud, le président du conseil départemental, « à laquelle nous avons contribué à la hauteur de 105.000 euros », doit permettre de donner un nouvel élan pour un phénomène aux multiples enjeux. « N’oublions pas que lorsque nous évoquons les abeilles nous mettons l’accent sur l’alimentation, la science, l’éducation, la philosophie et l’économie. La pollinisation est génératrice de 14 milliards d’euros en Europe et 150 milliards dans le Monde. Notre mobilisation est donc essentielle » a insisté le Prince Albert II de Monaco dont la fondation s’investit pleinement dans le projet.
Le Foll annonce un certificat apicole et un label
Le Ministre de l’agriculture Stéphane Le Foll
Un phénomène économique repris par Stéphane Le Foll. « Les Français consomment 40.000 tonnes de miel par an. Nous en produisons 10.000 tonnes, nous en importons donc 30.000 tonnes. Cela ne peut plus durer ! C’est pour cela que nous avons lancé un plan en 2013 avec 17 axes et 115 actions réalisées à la hauteur de 70%. Mais nous devons encore progresser. Cet observatoire à Mazaugues est une grande pierre de cet édifice, mais nous devons prendre d’autres mesures afin de renouer le dialogue entre les apiculteurs et les agriculteurs, d’organiser la filière et de créer une interprofession. » Et le Ministre d’annoncer « la prochaine mise en place d’un certificat apicole, CERTIAPI, qui assurera des règles sanitaires plus strictes en vue d’obtenir un cheptel en meilleure santé » quant à la reconquête du marché intérieur, elle passe par la création d’un label français du miel. « Il est important que les consommateurs français puissent identifier le miel produit sur nos territoires ».
Nul doute que plusieurs alvéoles auront été créées au milieu de la garrigue du centre Var
A.R
L’apiculture en quelques chiffres : Les 800 apiculteurs varois, dont 110 sont professionnels, possèdent 3300 ruches et produisent 800 tonnes de miel par an
Une première promotion d’apidologues
Marine Adalid, Camille Auger-Bessolo, Bastien Pugnat, Nicolas Salvi et Vivien Larcher sont les premiers stagiaires de la Maison de l’apidologie. Sous la houlette de Gilles Broyer, formateur au centre de formation et de promotion agricole à Hyères, ils se sont spécialisés dans la sélection des reines et l’insémination. « C’est la base même d’un cheptel sain. Les jeunes stagiaires apprennent à sélectionner les meilleures reines et de bons pères pour des fécondations in-vitro qui garantissent des abeilles saines. C’est un moyen de lutter contre l’importation d’essaim ou d’abeilles reines victimes de maladies. Et de cette manière nous comptons obtenir un gain de productivité des abeilles de l’ordre de 30% » assure Gilles Broyer.
A la disposition des stagiaires, les milliers de ruches implantées sur le domaine de la Garnière à Mazaugues. Au terme de quatre mois de formation (soit 560 heures), ils peuvent voler de leurs propres ailes et créer leur exploitation. Soit ils seront producteurs de gelée royale, soit ils se spécialiseront dans la reproduction d’essaim.
Pour Sylvain Lafarge, le président national des producteurs de gelée royale, « l’investissement pour ce type d’installation s’élève entre 5 et 6000 euros sans le cheptel. Pour commencer il faut posséder entre dix et vingt ruches en sachant que le prix unitaire est de 150 euros ».