Macron nous prépare aux mêmes recettes…

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Toujours aussi sûr de lui, le chef de l’État avait le regard du guerrier ayant terrassé le covid -comme Oedipe le sphynx- dimanche soir pour redonner confiance au peuple invité à savourer le retour à l’activité normale, due au génie de son président qui proclame que « l’on peut pleinement reprendre le travail et retrouver notre art de vivre »…

Sans jouer les rabat-joie on préfère cette évolution de la pandémie qu’une deuxième vague ou un danger persistant de niveau supérieur. Le virus reste très actif à l’échelle de la planète, notamment aux États-Unis, au Brésil son dauphin (est-ce un hasard ?) en termes de décès, mais aussi en Afrique et même en Chine où l’on parle d’une récidive…

Ils nous ont assez répété qu’il nous fallait nous habituer à vivre longtemps avec le covid,  l’on se gardera bien de considérer la 3è phase du déconfinement comme le commencement de la fin de ce long épisode sanitaire, même si on le souhaite ardemment.

Le fait que les Français aient choisi majoritairement de rester dans l’hexagone en dit long sur leur réticence à voyager loin et à risquer des déboires qu’il vaut mieux éviter. Et du même coup, contribuer à donner du travail au secteur du tourisme sérieusement écorné pour réduire, globalement, les pertes de chiffres d’affaires de cette année calamiteuse.

Mais aussi pour ceux qui le peuvent pour épargner le peu qu’ils le peuvent sans sacrifier les vacances car l’avenir économique est loin d’être « sous contrôle ». Ce que Macron laisse croire.

Il a dit beaucoup de choses dans ce quart d’heure dense et lourd de sous-entendus après s’être félicité des résultats obtenus, lui à la tête de ce peuple magnifique, et de ces « premiers de cordée » à l’avant-garde au plus fort de la bataille où il a manqué pas mal de « munitions » de toutes sortes. Mais le chef promet de tirer les leçons des échecs ! Que demander de plus ?

La concrétisation des promesses en termes de relèvement des salaires, des effectifs, des moyens pour l’hôpital déjà dans le « rouge » depuis de années, en lits et matériels également.

Rien n’est encore arrivé dans les poches des soignants à qui certaine ministre avait aussi promis des breloques !!

Macron ne rougit de son bilan. On peut le dire. « Nous avons fait le choix humaniste de placer la santé avant l’économie. » Est-ce bien sûr ? C’est aller un peu vite en besogne. Ce serait même franchement ignorer le sens des réformes engagées pour réduire dangereusement la voilure de notre système de santé publique, comme celui de notre protection sociale et de l’ensemble des services publics éléments-clés de redistribution qui ont fondu comme neige au soleil.

Ce n’est pas parce que les restos et bistrots d’Ile de France vont être délivrés de leurs contraintes spatiales, que les visites dans les EHPAD vont se desserrer, que les écoles et les collèges vont revenir obligatoires pour…une semaine, que le second tour des municipales va se dérouler comme prévu que nous serons sortis d’affaires.

Tout est à craindre du projet de société qui va sortir de cette période de hautes turbulences économiques et sociales dont on mesure l’ampleur et les enjeux.

Macron nous a tracé sa vision de ce qui va être sa stratégie jusqu’aux présidentielles : accélérer la reprise et produire le plus possible pour limiter l’endettement que constituent les 500 milliards « mis sur la table » par le gouvernement pour donner un coup de pouces aux entreprises afin d’éviter leur déclin, voire leur faillite et les pertes d’emplois déjà considérables. Les baisses des indemnités-chômage…

Ils nous récite le bréviaire libéral du « sans augmenter les impôts » et ne veut absolument pas s’en prendre aux profits et aux patrimoines des très très riches. Il laisse entendre que ce sont les jeunes qui devront rembourser les dettes et que tout le monde devra se serrer les coudes. Ce qui veut dire salaires à la baisse, emplois selon les besoins des patrons, indemnités chômage à la baisse, retraites à points activée, pas abandonnée. Au passage, quelle valeur du point avec une baisse du PIB de 11% ? Ce serait la baisse directe et automatique de nos retraites ! Le retrait n’est toujours pas à l’ordre du jour. C’est de la provocation.

Le président a dit vouloir « reconstruire une économie forte, écologique et solidaire ». Il ne ferait qu’amplifier les tendances qui n’aboutissent qu’à l’aggravation des inégalités sociales par la perte du pouvoir d’achat des plus précaires et des catégories moyennes qui se voient régresser alors que les dividendes flambent.

Ce qui ne peut que générer des mécontentements encore plus forts. Mêmes causes, même punition. De tout cela il n’attend pas que les parlementaires en débattent, il peut s’attendre à ce que les forces populaires, politiques, syndicales, humanistes, républicaines ne se laissent pas manipuler par la pensée d’un chef d’État acquis au libéralisme  qui nous conduit où nous en sommes.

Il peut essayer de rassurer sur des intentions louables, entendues hors-sol, ce qu’il a dit hier ne porte pas à un savant décryptage. Au détour de son soutien aux forces de l’ordre républicaines excluant tout « dérapage », de sa défense de notre histoire « sans déboulonner quiconque », en mettant à égalité le communautarisme et le séparatisme, le colonialisme et ses victimes, il veut jouer les conciliateurs sans revenir sur des périodes qui ont besoin d’être enrichies des nouvelles connaissances acquises par les chercheurs ?

Aucun changement de fond ne figure dans son discours, seulement des promesses de retour au passé s’agissant de démocratie citoyenne, de progrès humain, social et écologique, de droits et libertés pour tous, de fin des privilèges, comme des actes dégradants, racistes, sexistes, antisémites, homophobes.

Il ne révisera pas sa copie sans l’expression d’une volonté populaire massive. Ne nous laissons pas voler notre avenir.

René Fredon

 

 

 

 

 

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