Macron : « l’accueil des migrants peut-être une opportunité pour l’économie »

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Rassurez-vous, le président jupitérien n’a pas démenti les propos martiaux du ministre de l’Intérieur à Calais. Ce sont les propos qu’il tenait le 8 septembre 2015, ce n’est pas si vieux, en tant que ministre de l’Économie du gouvernement Hollande, lors d’un voyage en Israël et en Palestine. Ils valent d’être remis en mémoire :

« Faut-il, en particulier en la matière, toujours suivre le peuple ou les sondages, le peuple ou l’idée qu’on s’en fait, et les sondages ? Je ne crois pas. Quand on a une mission qui est la nôtre c’est la responsabilité des politiques et des hommes d’État de le faire »…

La veille, le président de la République, François Hollande, ne voulant pas être en reste avec l’Allemagne, avait annoncé la bonne nouvelle : ces 24 000 réfugiés, c’est une question de « dignité…de principes fondamentaux…de devoir… »

Macron en avait même rajouté, en Palestine : « On parle de quelques milliers de personnes et je dirai que ce ne sont pas ces réfugiés aujourd’hui, qui créent les difficultés économiques françaises… » Mieux, il y voyait une opportunité… »Si nous savons collectivement nous organiser et les intégrer, (…) il est clair qu’ils peuvent être une opportunité pour notre économie et qu’ils peuvent tout à fait, dans certains endroits, dans certaines filières, combler des besoins, que ce soit pour des ouvriers spécialisés ou que ce soit pour des qualifications libérales, sur lesquelles  on a des besoins identifiés. »

C’était il y a seulement deux ans et il parlait en homme d’État responsable qui devait déjà avoir une petite idée derrière la tête.

A ceux qui objecteront que la situation a évolué, que la France ne peut absorber l’essentiel du flux des migrants, rappelons que notre pays a accueilli en 2015 et 2016 160 000 migrants pour 67 millions d’habitants. La Suède, 9,8 millions d’habitants en a accueilli 191 000, l’Allemagne 1,22 millions, 7 fois plus !

Il ne semble pas que le nouvel hôte de l’Élysée tienne aujourd’hui le même discours. Il est assailli par les conséquences d’un héritage, révélé par la cour des comptes, auquel il ne s’attendait pas : près de 9 milliards de déficit budgétaire totalement imprévus ???

La faute à nos prédécesseurs, évidemment ! Du grand classique que ses ministres régaliens de l’économie, des finances et du budget (tous LR) ne manquent pas de dramatiser pour nous préparer à la purge qui sera encore plus indigeste. Ben voyons. « On parle du budget insincère de mes prédécesseurs, le dernier, 2016 je n’étais plus aux manettes…. » va plaider le stratège « En marche » et ses thuriféraires fraîchement élus.

Oui, « insincère » c’est la qualification choisie par la Cour des comptes, ce qui veut dire volontairement présenté pour tromper, dissimuler la réalité des comptes publics ! Et ça ne concernerait que le dernier budget, pas les autres supervisés par le ministre Macron ? Dur à avaler comme explication, pas crédible du tout.

Les migrants eux sont aux portes de l’Europe plus divisée que jamais par cette question, pourtant première de simple Humanité. Là encore on n’a droit qu’à des louanges sur le nouveau Président qui redonnerait du carburant à l’attelage France-Allemagne pour tirer les 26 autres…vers toujours plus d’austérité, donc d’inégalités !

En France on les traque et, avec eux, les citoyens sensibles à cet élan d’humanité qu’ils portent et qu’un gouvernement devrait donner en exemple plutôt que de mettre en garde à vue. On sort des enfants de l’école et on les oblige, avec leurs familles, à quitter le territoire, des fois qu’ils pourraient être ou aider de dangereux terroristes…Au nom de l’état d’urgence qu’ils veulent rendre permanent.

Le 11 janvier 2016, lors de ses voeux diplomatiques devant les ambassadeurs, le Pape François rappelait sa conviction que « L’Europe a les instruments pour défendre la centralité de la personne humaine et pour trouver le juste équilibre entre le double devoir moral de protéger les droits de ses propres citoyens, et celui de garantir l’assistance et l’accueil des migrants.»

Ce ne sont pas tellement les instruments qui font défaut, mais la volonté politique de ceux qui nous mènent en bateau -comme des migrants à la dérive- vers des rivages où les hommes ne sont plus solidaires de la souffrance humaine mais en concurrence et en guerre pour la possession des richesses des autres par la domination économique et militaire s’il le faut. Pour le compte de quelques-uns.

Une illustration : au classement « Challenges »des plus grandes fortunes de France qui explosent année après année, on trouve Bernard Arnault (46,9 milliards d’euros, +56,4% en un an !), suivi de Liliane Bettencourt (35,8 mds +14,7%), Axel Dumas -Hermès- (30,85 mds, +38,3%), Wertheimer fr -Chanel- (21 mds, +27,3%), François Pinault (19 mds, +68,1%)…

Vingt ans, au moins, d’allégements fiscaux y sont pour quelque chose. Et Macron veut encore faire baisser l’ISF en aidant ceux qui ont accumulé de telles fortunes sur notre dos ! Il ne faut pas les décourager, voyons, ils investissent ! Ils peuvent mais pas assez pour créer de l’emploi, ils en gardent beaucoup, beaucoup pour eux. Et ils n’hésitent pas à supprimer les emplois si ça leur permet d’en gagner plus. Ils appellent ça la compétitivité.

Alors vous pensez, accueillir des migrants dans des conditions de dignité, comme le rappelle le défenseur des droits (J. Toubon), c’est d’abord de la dépense publique. Qu’ils fassent payer ceux qui dorment sur leurs milliards. Plutôt que des les engraisser encore.

Que le président de la République change de discours au gré des circonstances, rien de nouveau.

Montrons-lui que la France est bien une terre d’accueil.

René Fredon

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