Législatives : ça se complique de tous les côtés !

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L’élection de Macron à la présidence de la République ne trompe personne. Il n’a pas de majorité même si sa légitimité ne saurait être mise en cause. L’adhésion à son programme dévastateur n’est que de 24%…Le second tour est l’expression majoritaire du rejet du FN et de sa candidate. Ce n’est pas la même chose.

La mise en oeuvre de son programme très libéral, dans la continuité du précédent, peut être évitée à la faveur des législatives. Sans une majorité de députés issue de son mouvement, il devra renoncer aux ordonnances qu’il a annoncées dès juillet, pour lui la loi « travail »El Khomri ne va pas assez loin ! Sa réforme du code du travail l’aggrave, ça commence fort.

Un chantier à hauts risques qui soulève déjà les plus vives réactions dans le mouvement syndical et à gauche, car il s’agit de donner encore plus de flexibilité à la durée du travail, aux licenciements…donc plus de pouvoirs au patronat et moins aux salariés. C’est ce qu’il appelle « renouveler la politique »??

Les ordonnances de l’été : une provocation
La perspective de faire passer une telle réforme sans l’avis du parlement relève de la provocation. Le président aurait-il prévu ne pas avoir de majorité parlementaire ? C’est d’ailleurs ce que souhaitent 61% des Français…dès l’élection de Macron : c’est dire si la  confiance règne !

Une telle brochette de candidats EM, en provenance de la « gauche » et de la droite, pour beaucoup déjà élus sous une autre étiquette, des novices de la société civile, non encore encartés mais qui vont bientôt l’être, la sollicitude de l’ancien Président, le regard bienveillant du patron du MEDEF pour cet alliage à l’Allemande….tout cela n’annonce guère
la stabilité, le progrès social encore moins, mais une volonté d’élargissement du score du 1er tour de la présidentielle (24%) par de nouvelles concessions à la droite et au patronat.

D’ailleurs Bayrou a cessé de roucouler à propos des investitures « pas assez équilibrées ». Valls n’aura personne de EM dans sa circonscription. Un régime de faveur…déjà !

Le PS a adopté un programme de synthèse pour les législatives qui devient Macron-compatible… empruntant à celui de Benoit Hamon et du nouveau président élu. Bonjour la lisibilité ! Un pied dans l’opposition, l’autre dans la majorité présidentielle…serait-ce leur marque de fabrique ?

Les LR aussi sont partagés entre le ralliement à Macron (Lemaire, Estrosi…) et le démarquage sous la baguette de Baroin, le nouveau chef d’orchestre au milieu de beaucoup de dissonnances.

Même au FN, c’est la crise de confiance avec le renoncement spectaculaire de Marion Le Pen et le clivage après l’échec et l’image désastreuse de l’idole à la suite de sa prestation lamentable au fameux débat télévisé du 3 mai.

A gauche, on peut encore  faire échec à l’austérité. Il est toujours possible d’élire une majorité de députés de gauche et écologistes, soutenant le programme de la FI -permettant un groupe communiste renforcé- tous décidés à prolonger les luttes sociales et à faire entendre la voix des salariés, des citoyens ordinaires, contre celle des puissants, des riches aux commandes de l’économie mais aussi des gouvernements qui les servent. Le combat des mêmes contre les mêmes continue. Peut-il en être autrement ?

La fenêtre de tir se rétrécit à gauche…la vraie
Peut-on y croire après le positionnement de JL Mélenchon confirmant sa volonté de rupture avec le PCF qui ne le souhaitait pas ? Peut-être, mais la FI doit en assumer toute la responsabilité. Jeudi 11 aux infos du soir, on a pu entendre sur une chaîne publique, le leader des insoumis répondre qu’il n’avait pas choisi Marseille et la 4è circonscription du sortant socialiste, « pour affaiblir le PS mais pour le remplacer… »

Le problème c’est qu’il semble appliquer la même stratégie vis-à-vis du PCF…qui le soutenait et souhaite toujours parvenir à un rassemblement le plus large possible ? Vraiment, elle devient nettement plus difficile, la perspective d’une majorité autour de la FI et de son programme, de députés progressistes de gauche et écologistes.

Le fait que quatre blocs politiques d’égale importance aient réalisé entre 20 et 24% au 1er tour de la présidentielle, dont un à gauche, prometteur, souligne la nécessité d’élargir encore sa base électorale, pas de mettre ses soutiens, ses alliés en concurrence au prix de compromettre des conquêtes de sièges sur la droite, y compris EM, et l’extrême-droite. Mais  aussi sur le PCF lui-même, traité non plus comme allié mais comme un adversaire ?

Est-ce ce qu’attendent les électrices et les électeurs qui ont manifesté leur confiance au candidat commun, JL Mélenchon le 23 avril dans les villes et quartiers populaires, y compris à Toulon avec des scores entre 30 et 40% !

Rien n’est acquis à aucune force politique, fût-elle celle issue du gouvernement précédent et qui a bien du mal à s’en démarquer. Il ne suffit pas d’être jeune pour porter une politique nouvelle. L’habit ne fait pas le moine. Macron a pris ceux de président de la République, après avoir loyalement servi le précédent qui a dû renoncer à défendre son bilan !

F. Hollande part satisfait, soulagé d’avoir passé le relais à son poulain favori qui n’a pourtant fait que 24% au 1er tour. Lui avait obtenu 28,63% en 2012 et 1,6 million de voix de plus. Le FN est passé de 6,4 à 7,6 millions de voix durant la même période…A méditer.

Malgré l’impopularité de la politique dont E. Macron est co-responsable, il n’en changera nullement le cours, ni les effets, au contraire. Le style sûrement. Ce n’est pas aux apparences que le peuple jugera.

René Fredon

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