Le PCF bouscule le paysage politique

0

La conférence nationale du PCF qui vient de se tenir le 5 novembre a retenu l’option de présenter un candidat communiste (55,7% des 535 délégués) plutôt que d’appeler à voter pour Jean-Luc Mélenchon tout en gardant une autonomie critique et constructive, option qui avait les faveurs de la direction du parti.
Mais attention ! Un candidat communiste comme meilleur moyen « de porter dans le débat nos propositions et notre démarche de rassemblement et qui pourrait, si la situation l’exige, sur la base d’un accord politique et après consultation des adhérents, se retirer au profit d’une candidature commune d’alternative à l’austérité… »
Donc un candidat qui poursuit les efforts du PCF pour convaincre tous les autres, en opposition avec les politiques libérales, que seule une candidature unique avec un projet d’avenir audacieux et crédible est de nature à ouvrir une alternative progressiste et à déjouer le piège redoutable qui nous est tendu.
Il appartient aux adhérents, à la base, de se prononcer d’ici la fin novembre. Car, au PCF, ce sont les adhérents qui décident en dernier ressort. Une belle leçon de démocratie au passage, à un moment où il est de bon ton de mettre tous les partis dans le même sac et même de les rejeter en bloc, les jugeant un obstacle aux évolutions de la société !
Pour aboutir à quoi ? A l’alternance entre deux grands blocs libéraux, l’un ultra, l’autre un peu moins, promis à se disputer le pouvoir pour y servir les mêmes intérêts ? Quel spectacle détestable que celui offert au monde par les Etats-Unis, la super-puissante locomotive du système capitaliste, celui de l’argent-roi, de l’argent pour l’argent. Les candidats viennent de se traîner dans la boue depuis plusieurs mois au point de provoquer la nausée et un record d’abstentions. Ce « monde libre » ne fait plus rêver. Bernie Sanders a failli l’ébranler…
En France nous avons droit à une exhibition à peine plus décente d’affrontements fratricides pour savoir lequel -de ceux qui à droite ont déjà gouverné et été sanctionnés- va nous promettre la purge sociale la plus « efficace » pour répondre aux voeux du MEDEF et des magnats de la finance et des affaires. Tout en creusant le fossé des inégalités, de la pauvreté de l’insécurité sociale et en mettant la planète en péril.
Ils ouvrent un boulevard à une extrême-droite identitaire, sécuritaire, raciste, xénophobe  sans toucher au pouvoir de « l’argent, le plus grand terroriste » comme le qualifie le pape lui-même. Le Fn croit pouvoir nous refermer sur nos frontières et nos racines fantasmées, comme si le droit de circuler ne pouvait concerner que l’argent et les marchandises, pas les hommes !
Comment éviter la multiplication des candidatures à gauche (celles de Hollande-Valls, Macron…n’en faisant pas partie) qui conduirait  à un second tour : droite-Fn ? Aucun des candidats annoncés ne peut à lui seul se qualifier pour le second tour alors que tout devient possible si un large front populaire se concrétise entre les candidats sur la ligne de départ.
Comme le souligne Alain Bolla, secrétaire de la fédération du Var, en harmonie avec le vote majoritaire de la conférence nationale : « c’est un appel  à toutes les forces disponibles qui est fait pour engager des batailles d’idées et politiques et permettre l’émergence d’une politique alternative en rupture avec ce qui se fait depuis 2012. » Pour la présidentielle comme pour les législatives.
La plupart des « observateurs » de nos médias bienveillants n’ont retenu que le fait que le secrétaire national n’ait pas été suivi. Et alors ? Il n’y a pas eu de révolution de palais, de portes qui claquent, de mots doux échangés, d’antagonismes de personnes. Ce fut un débat de haute tenue, vif et sans concession mais dans le respect du point de vue de chacun. L’unité du parti communiste s’en est trouvée renforcée. Comme leur combativité.

Les axes d’un accord toujours possible
En s’engageant pleinement dans cette campagne aux enjeux considérables, les communistes viennent avec leurs analyses, leurs propositions. Pas pour les imposer, pour les mettre en débat et trouver le plus grand dénominateur commun possible.
Ils n’ignorent pas les obstacles : depuis leur congrès en juin dernier ils ont multiplié les rencontres avec tous les partenaires potentiels, politiques, syndicaux, associatifs, société civile…Ils ont du mal à concevoir que les égos de candidats (es) soient tels que la réalité concrète, d’une élimination de tous en cas de candidatures multiples, puisse leur échapper.
Tous connaissent le précédent de 2002 où 7 candidats de gauche s’étaient lancés, ce qui avait conduit à l’échec de Jospin et à un second tour Chirac-Le Pen (canal historique). Savez-vous combien totalisaient les 7 autres candidats de gauche ? 26,7 %, 10 points de plus que Jospin !  Ils étaient en concurrence. Tous éliminés. Simple repère historique.
Depuis la crise s’est développée et les « remèdes » libéraux l’ont approfondie. Sous Sarkozy, battu à son premier mandat et sous Hollande qui va l’être pour les mêmes raisons. Et on risquerait de se trouver face à un duel Droite-Fn ?? Là est le paradoxe en même temps que le danger extrême.
N’allez donc pas dire que ce serait la faute des communistes sous prétexte qu’ils ajouteraient encore à la division comme le distille une information très orientée. Tandis que ceux qui sont partis tout seuls, comme des grands et qui, après des décennies d’appartenance à un parti, découvrent les vertus de s’en passer tout en créant un mouvement dont ils ont l’entière maîtrise…ça ne simplifie pas le dialogue dans lequel JLM a toute sa place.
Rien n’est définitivement joué et la candidature PCF, si les militants la confirment, vise à convaincre de l’urgence de s’entendre pour qu’il n’y en ait qu’une seule, quitte à ce qu’ils retirent la leur, est-il écrit. C’est tout de même un signe de bonne volonté. D’autant qu’en l’occurrence ce sont eux et eux seuls qui travaillent au rassemblement des forces de progrès.

Ils mettent sur la table sept axes de campagne figurant dans une résolution adoptée par 94% des délégués. Forte symbiose sur le contenu.
1/ Prendre le pouvoir sur la finance et partager les richesses
2/ De la nouvelle République au renouveau de la politique
3/ Investir pour demain
4/ L’égalité femmes-hommes maintenant
5/ Une France protectrice et solidaire
6/ Produire autrement et protéger la planète
7/ A l’offensive pour changer l’Europe
Il y a du grain à moudre pour qui veut changer de cap et construire un avenir de progrès social et écologique, de solidarité, de démocratie, de coopérations, de paix. En tout cas c’est sur la table des négociations pour peu qu’il y ait des négociateurs.

C’est tout le sens d’une démarche qui se veut ouverte et constructive. Elle gagne à être connue.
René Fredon

LEAVE A REPLY

Please enter your comment!
Please enter your name here

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.