Le logement social en péril au profit du privé

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Ensemble, ne laissons pas faire !

Le 14 octobre à Toulon, rendez-vous est donné par un collectif départemental d’organisations de locataires, d’associations, de syndicats, d’élus locaux, de bailleurs sociaux, de partis politiques…pour dire

« STOP : ne touchez pas aux APL et au logement social »!

Depuis que Macron a donné le feu vert à son exécutif pour retirer 5 euros par mois aux bénéficiaires de l’Aide Personnalisée au Logement (APL) uniquement dans le secteur HLM,
l’incompréhension a rapidement débouché sur de l’indignation, de la colère au-delà des familles concernées qui, par définition, n’ont pas les ressources nécessaires pour faire face à leurs dépenses de logement (loyers et charges).

Outre que les 5 euros pourraient être majorés dès l’année prochaine, faire payer les plus pauvres pour exonérer les plus riches -l’impôt sur la fortune baisse de 3 milliards, les assujettis n’auront plus désormais à déclarer que leur patrimoine immobilier – cela relève de la provocation et du mépris. C’est tout le sens de la politique de ce gouvernement au service de la finance et des actionnaires.

Mais cette disposition inique va directement frapper les bailleurs sociaux, les offices HLM qui sont dans l’obligation de compenser ce prélèvement scandaleux imposé par le pouvoir politique !

C’est un coup terrible porté au secteur HLM qui, contrairement au privé, pratique l’encadrement des loyers. Alors que 10 milliards (sur 18) des APL sont versés à des locataires du secteur privé dont 90% des propriétaires ne l’appliquent pas. Il n’est pas rare, en « zone tendue », dans les grandes agglomérations, que des locataires du privé consacrent 40% de leurs revenus au loyer et aux charges !

Macron voudrait se débarrasser des HLM pour pousser les locataires vers le secteur privé auquel ils ne peuvent accéder pas plus qu’à la propriété. Ainsi le pouvoir se désengage de ce secteur public essentiel, il s’en prend directement aux organismes publics, les offices d’HLM qui sont à but non lucratif et n’ont pas d’actionnaires à rémunérer !

C’est ainsi que dans le plan d’économies décidé en juillet dernier, les bailleurs sociaux ont vu leurs subventions à la construction de nouveaux logements diminuer de…185 millions d’euros en 2017.

Le 77è congrès des HLM qui s’est ouvert le 26 septembre à Strasbourg a vu se lever un vent de protestation contre ce qui apparaît comme une volonté politique de s’attaquer au logement social qui n’est même pas cité dans le programme du gouvernement révélé ces jours derniers.

« Dans un pays où la pauvreté s’accroît, les perdants seront les locataires et les demandeurs de logement… » a déclaré Frédéric Paul, le délégué général de l’union sociale pour l’habitat qui regroupe l’ensemble des bailleurs sociaux. « Très vite, 120 des 500 organismes sociaux iront au tapis. » Pour la CNL, il s’agit du « casse du siècle ». La fondation Abbé Pierre « demande au gouvernement de revenir sur sa décision et sur ses projets de coupes budgétaires au détriment des bailleurs sociaux. »

Elle observe que, depuis 20 ans, les loyers et les charges ont progressé beaucoup plus vite que les allocations et ressources des ménages à bas revenus.

Quand on sait que plus de 70% des ménages qui n’y habitent pas, sont éligibles à un logement social et que près de 2 millions de demandes sont répertoriées au plan national, qu’il faut de 3 mois à 3 ans pour obtenir un logement social…on mesure que l’abandon de ce service public -qui fait partie de notre modèle social- serait lourd de conséquences économiques et sociales.

Le Var compte plus de 30 000 demandeurs d’un logement social, 120 000 pour la région PACA, en 2016. Mais ici la droite part aussi en guerre…contre la loi SRU qui exige des communes de combler leur retard perpétuel en matière de logements sociaux.

D’ailleurs H. Falco qui vient d’abandonner le Sénat, est d’une discrétion assourdissante sur la question. Et pourtant quel moteur, pour le BTP notamment, que ce secteur délaissé que ce gouvernement veut également livrer à l’offre privée.

Les promoteurs se réjouissent de toutes ces baisses de financements publics et des incitations fiscales aux vendeurs de terrains, moins de normes pour les constructeurs, moins de contraintes avec la loi Littoral…et ils prétendent faire baisser le foncier et les loyers ??

Face à cette perspective ultra-conservatrice, le député communiste André Chassaigne, interpelant le président Macron, rappelle que plus de 4 millions de personnes sont sans abri ou sans domicile personnel et qu’il est temps de « se fixer pour but simple et lisible qu’aucune famille ne consacre demain plus de 25% de ses revenus à son logement. Et pour cela il faut aider les maires bâtisseurs à construire davantage de logements sociaux et sanctionner les communes qui ne tiennent pas leurs engagements en la matière. »

Comme on ne peut s’attendre à un dialogue de la part d’un président qui prescrit des ordonnances que sa majorité n’aura plus qu’à approuver, locataires, demandeurs de logement social, élus, bailleurs sociaux, associations, syndicats, partis…n’ont d’autre choix que de résister visiblement, par leur nombre, à pareille provocation.

En participant au rassemblement -en cours de préparation- que leur propose le collectif logement du Var élargi, pour le 14 octobre 2017.

L’enjeu est de taille.
René Fredon

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