Le lac des signes de Preljocaj en clôture du festival d’été de Châteauvallon

0

On se souvient des premières chorégraphies d’Angelin Preljocaj lorsqu’il étonnait par sa modernité et sa recherche personnelle au milieu de l’émergence de la post modern dance. Puis les choses se sont assagies, le révolutionnaire s’est institutionnalisé. Reconnu comme un grand chorégraphe « classique » il a choisi de poursuivre une carrière brillante mais plus consensuelle. « Ne jamais se couper du public » disait-il à l’époque de   Christian Tamet ou de Gérard Paquet. De fait le public a suivi cette évolution avec fidélité jusqu’à aujourd’hui, faisant de lui un des « chouchou » de la danse actuelle. Sa compagnie est installée au Pavillon noir d’Aix en Provence et bénéficie d’abondantes subventions.

Le lac revisité
Créé en 2020 après Blanche Neige et Roméo et Juliette, ce spectacle pour 28 danseurs renoue avec le ballet narratif et son déroulement linéaire. Mêlant le chef-d’œuvre musical de Tchaïkovski à des arrangements musicaux plus contemporains (souvent jugés un peu pauvres d’inspiration) comme il aime à le faire, Preljocaj s’empare du mythe de la princesse-cygne avec plus ou moins de bonheur selon les critiques spécialisés. Fidèle à l’esprit de l’œuvre originale, il transpose l’histoire d’Odette et du prince Siegfried dans la société d’aujourd’hui, au cœur de ses logiques financières et de ses préoccupations environnementales.

Odette est une jeune fille sensible aux questions environnementales. Quant à Siegfried, il est le fils du PDG d’une entreprise spécialisée dans la vente de plates-formes de forage. Un soir où Odette flâne au bord du lac des cygnes, elle se retrouve nez à nez avec Rothbart, un entrepreneur véreux et sorcier à ses heures. Celui-ci a découvert un gisement d’énergie fossile aux abords du lac et cherche à exploiter ces terrains. Mais confronté à la jeune fille, dont il craint qu’elle ne contrecarre ses plans, il use de ses pouvoirs et la transforme en cygne…

Amaury Jacquet a pu écrire :
« L’ambiance nocturne du lac est ici reconstituée par des vidéos de Boris Labbé qui donnent à voir deux mondes qui s’affrontent : la ville, l’industrie, la finance, et d’autre part, le lac, encore préservé, mais soudain menacé. Comme l’eau, denrée rare. Il y a une dramaturgie qui mène à la catastrophe et qui se joue en soubassement du lac qui va être profané par l’usine de raffinerie, ou de forage, dont on voit la maquette au premier acte et où la partition de Tchaïkovski se fond dans les pulsations électroniques du groupe 79D qui en augmentent la tension dramatique. »

Un accueil mitigé
Les critiques parisiens notamment dans les Échos ont trouvé le résultat un peu confus. L’abondance d’idées nuit à l’unité surtout s’agissant d’une œuvre aussi classique. C’est donc pour certains « un lac des signes » en eaux troubles. Pour d’autres, au contraire ce Lac des cygnes revisité tient toute ses promesses entre beauté froide et lignes chorégraphiques réinventées. Le public varois qui s’est précipité sur ces deux soirées jugera par lui-même.

Châteauvallon clôture donc son été très riche avec deux représentations du Lac des Cygnes

Vendredi 29 et samedi 30 juillet 22h dans le Grand Amphithéâtre de plein air Komatis pour lequel Preljocaj a légèrement adapté son œuvre.

Infos Billetterie et informations : 09 800 840 40

Jean François Principiano

LEAVE A REPLY

Please enter your comment!
Please enter your name here

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.