Voilà un petit livre tout simple mais très riche d’enseignement*. Marcel Dominiak est un ingénieur et chercheur, artiste et spécialiste du Japon. Il livre ici un recueil de pensées sous forme d’aphorismes nourris d’expériences, de rencontres ou de réflexions de lectures. Idéal pour offrir au moment des fêtes, on peut le considérer comme un vade-mecum philosophique précieux qui peut accompagner nos vies quotidiennes.
Avec humilité il avoue parfois ses hésitations, ses faiblesses ce qui rend le texte plus convaincant encore. Par exemple, devant le premier contact avec le yoga ou avec la philosophie orientale. Usant d’un style clair et limpide, d’une grande fluidité il mêle avec bonheur son expérience personnelle et ses rencontres.
Célébration de la vie
Militant pacifiste, humaniste et environnementaliste, Dominiak insiste pour célébrer la beauté de la vie à travers les pages de son livre. N’a-t-il pas écrit : « la joie est une des énergies qui fonde la nature et l’homme. »
Voici l’angle qui inspire tout ce livre. Les thématiques autour desquelles il a réuni ses réflexions : l’être humain dans le paysage naturel, les animaux, les traditions oubliées de même que les figures de l’innocence et de l’autorité, les saisons et les jours, les éléments feu, terre ou ciel, l’art de la réconciliation, tout le regroupement de ses pensées s’effectue à travers des petits paragraphes que l’on peut lire chacun indépendamment des autres. Un peu comme un recueil de poèmes en proses. Des photographies symboliques et des croquis mettent en lumière et en résonnance l’extraordinaire cohérence de ce livre.
Quand la nature parle de l’homme.
A travers les dernières pages de l’ouvrage l’auteur semble nous dire : Vis de telle sorte que tes actions soient compatibles avec la permanence d’une vie authentiquement humaine sur terre. « Cette pensée est un socle de compréhension pour l’homme, les saisons nous parlent de nous tant au niveau physiologique que psychologique. » La lecture de ces paroles d’un doux rebelle nous rendrait-elles capable de concevoir une anthropologie et une cosmologie visant plutôt au « prendre soin » qu’à la prédation ? Elles incitent à une rupture radicale avec l’anthropologie simpliste trop souvent en vogue en occident au profit d’une réelle compréhension des alternances du Yin et du yang.
L’acceptation de la rébellion interne.
Les pages qu’il consacre à la « pleine conscience » sont très belles (77-78). Méditer en pleine conscience, c’est aussi mettre fin au flot incessant d’idées et à un assaut de jugements que l’on est toujours trop prompt à appliquer à ce que l’on observe. Ces derniers nuisant à notre capacité de perception en la soumettant à des préjugés, à des illusions et à des concepts dont on n’a même plus conscience. « C’est la reconnaissance de notre identité, de notre présence ». Il rejoint ici des penseurs comme Krisnamurti pour qui l’acte de penser « sépare les hommes de la nature ».
Enfin il conclut ainsi ce chapitre central : « Si l’instant présent nous établit dans un infini du temps, la pleine conscience nous absorbe dans l’espace de l’observation. Elle grandit notre autonomie dans un monde contradictoire et nous met au centre de toute chose. Hors du temps, elle est le passé au présent, le futur dans l’instant. »
À lire pour accéder à un projet intérieur générateur d’espoir.
La préface de Jacques Keriguy éminent historien, spécialiste des relations entre le Japon et l’Occident souligne la portée philosophique de ce livre-pont entre l’Orient et l’Occident.
Jean-Francois Principiano
« L’Audace du Rebelle » par Marcel Dominiak éditions Les Presses du Midi 199 p 18€, préface de Jacques Keriguy.
