La Garde : Eric-Emmanuel Schmitt mis en scène

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Mardi 13  Février – 20h30  Théâtre du Rocher  LA GARDE  04 94 08 99 34
De Eric-Emmanuel Schmitt aux Éditions Albin Michel
Mise en scène Jean-Claude et Marie-Françoise BROCHE
Interprétation Mathieu BARBIER et Patrice DEHENT
Création lumière et son Michaël OUDOUX
« Si les hommes ont la naïveté de croire en Dieu, les chiens ont la naïveté de croire en l’homme. »
Quel est donc le secret qui cadenasse l’âme de Samuel Heymann, ce médecin apprécié de tous mais qui reste un inconnu même aux yeux de sa fille ? Quelle est l’admirable relation qui le lie depuis 40 ans à ses chiens ?
Mené comme une enquête policière, ce texte émouvant traite de la communication entre les êtres, de l’amour, de la haine, de la vengeance et du pardon : une surprenante et bouleversante leçon d’humanité.

La Marseillaise : « Une pièce d’une émotion peu commune… Quels acteurs ! Une magnifique histoire, on en sort bouleversé… Faut courir voir cette pièce que du bonheur ! » J-M Gautier

« Le Chien »
Tirée du receuil « Les Messieurs de Bruxelles » cette nouvelle développe le mystère des sentiments inavoués. Souvent, l’architecture d’une vie est composée de passions invisibles, qui ne se diront jamais, que personne ne devinera, inaccessibles parfois même à celui qui les éprouve.
À travers un suspens subtil, l’auteur nous parle ici de l’amour entre l’homme et l’animal, amour pur, sans calcul ni bassesse.
Un petit bourg du Hainaut, province de Belgique. Samuel Heymann, l’ancien médecin du village, un demi-siècle de pratique, quatre-vingts ans, vient de se donner la mort. Cinq jours après celle, accidentelle, de son chien, Argos.
Au café Pétrelle, les discussions sur les motivations de son acte vont bon train, chacun s’interroge.
L’homme, toujours accompagné de son chien, un beauceron, ne se confiait pas. Il était le silence. Sa propre fille, Miranda, ignore tout de lui, sauf que son père et Argos étaient indissociablement liés.
« […] Quoique son comportement ait été exemplaire, mon père demeure un inconnu. Voici mon seul reproche : il aura tout fait pour moi, sauf me dire qui il était. […] Je ne sais penser à papa sans penser à Argos. L’un n’allait pas sans l’autre. Puisque papa connaissait ses limites, il se fiait à son chien pour saisir ce qui lui échappait . Argos constituait donc une part de papa, la part physique, la part empathique, la part sensible. Argos était un peu mon père et mon père était un peu Argos. […] ».
Toutefois, ce descriptif relationnel n’explique pas le fondement du lien unissant le médecin à son chien. L’impasse est au rendez-vous, la réponse se situe dans un autre ailleurs.
Une lettre confiée à son ami écrivain, celle écrite, pour sa fille, durant les cinq derniers jours précédant sa mort, prend la forme de cet ailleurs. Et là, le mutisme s’évanouit, la lumière des mots éclaire le passé.
Auschwitz, janvier 1945. Trois soldats allemands jouent avec un chien.
Un jeune garçon observe la scène. Une cloche sonne, les trois Allemands s’éloignent. Le chien reste. « Dès qu’il m’aperçut, le chien agita la queue et me sourit à pleine gueule. Plus j’approchais, plus son euphorie s’intensifiait. […] À ses yeux, j’étais un homme autant que les nazis. Voilà pourquoi je sanglotais… J’avais oublié que j’étais une personne, je ne m’attendais plus à être considéré, il m’avait rendu ma dignité ».
Le chien, baptisé Argos comme dans Ulysse lui redonne goût à la vie dans cet enfer, et l’empêche, une fois rentré chez lui à Namur, d’assouvir sa vengeance. Il lui permet là-aussi de conserver son humanité, de pardonner lorsqu’il se trouve face à face avec celui qui l’a dénoncé. Argos, les chiens de cette race et de ce nom vont se succéder et partager sa vie et celle de sa famille, en mémoire à ce passé. Jusqu’à ce qu’il n’ait plus la force de recommencer.

Note d’intention de mise en scène MF et JC Broche
Séduits avant tout par les qualités profondément humanistes de cette nouvelle,
« Le Chien » d’Éric Emmanuel Schmitt qui comporte peu de dialogues, nous avons cherché le moyen le plus efficace et le plus respectueux pour la transposer au théâtre.
Un homme se donne la mort suite à la disparition accidentelle de son chien. La force des liens qui unissent ses deux êtres restent une énigme pour tous et tout particulièrement pour sa fille unique et pour son ami.
La nouvelle est construite en deux parties, notre travail de mise en scène et donc de théâtralisation du texte a été en premier lieu de les relier dans l’espace scénique et dans le temps.
Le dépouillement du décor, la douce présence de la lumière, le jeu sincère et épuré des comédiens et la qualité du texte permettra au spectateur de se projeter et de créer son propre univers.
Par le jeu précis des regards et des déplacements des comédiens nous avons construit le dialogue entre le narrateur et son ami médecin séparés depuis 5 jours à l’instant du récit par la mort violente de ce dernier.
Une longue lettre écrite par Samuel Heiman à sa fille et reçue, après sa mort , par son ami écrivain permet enfin la communication entre ses êtres aimants. Dans
cet « entre deux », « ce sas », la lettre prend corps et vie et permet l’incarnation sur le plateau de la personne disparue. La mort brisera le mur du silence de Samuel Heiman, son passé devient notre présent en un flashback théâtral.
Le comédien doit ici se retrouver au plus près de sa vérité la plus secrète ainsi il peut nous entraîner dans un voyage où l’auteur reste le guide suprême mais où la confidence écrite se transforme pour la nécessité de l’acte théâtral en confidence verbale.
Cette transposition que l’un des deux comédiens nous propose nous a été dictée par le désir de rester au plus près de l’œuvre d’Éric-Emmanuel Schmitt. Le spectateur assiste ainsi au dévoilement du mystère de la vie de l’un et à la compréhension émue et compatissante de l’autre.
De la même façon que le livre est selon nous la fusion du canevas plus ou moins précis proposé par l’imagination et le talent de l’auteur et celle, plus ou moins consciente et intime de son lecteur, nous souhaitons que les spectateurs, guidés par les comédiens, deviennent les réalisateurs de leur propre cinéma intérieur.
Il reste primordial pour nous de conserver le plus longtemps possible la subtilité du suspense souhaité par l’auteur.

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