La chance historique de la gauche : le rassemblement

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2017 : la chance historique de la gauche : le rassemblement

Depuis lundi, 26-2-17, les commentaires des télés, après ceux des deux candidats de gauche, Benoît Hamon et Jean-Luc Mélenchon vont bon train pour prendre acte que leur rencontre de vendredi avait tourné court et qu’il n’en est pas prévu d’autre. On sent presque du soulagement chez certains chroniqueurs. Nous ne donnerons pas les noms, il y en aurait trop ! Peut-on s’y résigner ?

Certes, la politique ne se réduit pas à de l’arithmétique. Le total Hamon + Mélenchon + Jadot  approche, selon les sondages les 30 %…ce qui placerait un candidat commun de gauche en position de favori alors que, si deux se maintiennent, leurs chances de qualification sont quasiment nulles si l’on veut bien considérer les intentions de vote aussi fiables pour les uns que pour les autres et donc toutes relatives à 50 jours du vote. Elles sont proches par ailleurs d’un institut de sondages à l’autre.

Une hypothèse qui redonnerait des couleurs et du tonus à toutes celles et ceux qui, sans cela, désespèrent de voir leur quotidien s’éclairer et une alternative de progrès se dessiner très concrètement. Il y en a besoin pour faire évoluer cette campagne vers un vrai débat entre une gauche de progrès social pour le plus grand nombre et une droite ultraconservatrice ou sa variante d’extrême-droite.

On sait ce qui nous attend si ce rassemblement de toute la gauche de rupture avec l’austérité ne devait pas se concrétiser ! On peut l’éviter. On n’a que trop tardé. On ne peut en rester là : il ne s’agit pas d’obtenir le ralliement de l’un à l’autre, ce qui serait demander à l’autre le reniement de son programme. Dilemme impossible à résoudre.

« Quand les blés sont sous la grêle, fou qui fait le délicat »…(1)
A ce stade et compte tenu des enjeux et des affaires judiciaires qui concernent certains protagonistes et non des moindres, les deux intialement donnés favoris -qui crient au complot pour en faire un argument de campagne !- on assisterait à une double auto-élimination à l’intérieur de la gauche, faute de faire passer l’intérêt du pays et des Français, plongés dans le doute, la résignation si ce n’est la colère, après  les calculs politiciens de « boutiques » !

Ce serait incompréhensible de ne pas relever un tel défi et de laisser les adversaires face à face prolonger et aggraver le quinquennat, ce qui a valu au pouvoir en place le désaveu que l’on sait : un président qui jette l’éponge et un premier ministre battu à la primaire PS.

Evidemment c’est de rupture avec le quinquennat qu’il est question, pas de savant dosage avec la recette qui a échoué, les deux programmes expriment ce besoin de changer résolument de cap pour revenir aux fondamentaux, aux marqueurs de gauche et écologistes. Celui de JL Mélenchon plus proche de celui du PCF qui le soutient sans avoir jamais abandonné la recherche d’un accord plus large avec toutes les forces disponibles à gauche.

Notre ennemi c’est toujours la finance
Il ne s’agit donc pas de se contenter d’un  dénominateur commun à minima mais de la mise en convergence de tout ce qui peut l’être et qui peut être mis en chantier très rapidement. Il ne m’appartient pas d’en faire l’inventaire ni le calendrier, c’est affaire collective…Je ne doute pas qu’intégrant toutes les forces qui y sont invitées, l’on ne parvienne à adopter un pacte de majorité de la vraie gauche qui réponde aux attentes populaires, aux urgences sociales.

Pour peu que les deux candidats le décident et en convainquent leurs militants et leurs soutiens, ce qui ne devrait pas être le plus difficile, compte tenu que la perspective de victoire possible passerait dans le domaine du probable au lieu de relever de la foi du charbonnier.

Puisque nous voulons servir l’intérêt général -et non combler les voeux de l’oligarchie financière-
a-t-on réellement le choix ? N’est-il pas préférable, et de loin, de s’imposer à l’élection présidentielle  plutôt que de se contenter de courir après une majorité législative plus hypothétique quand on a perdu. Et ce n’est nullement sous-estimer cette seconde campagne. Mais on crée plus d’enthousiasme quand on gagne. Et on en recueille plus de fruits aux législatives !

Peut-être je prends mes désirs de communiste pour la réalité mais je crois sincèrement que tout devient possible quand on choisit le rassemblement des forces populaires sur des bases claires et ambitieuses et qu’on sait que, en tout état de cause, il ne s’agit sûrement pas de donner un blanc-seing à quiconque, fût-il Président, surtout quand on veut passer au plus vite à la VIè République.

Restera déterminant un mouvement social et populaire d’envergure pour porter ses luttes, son intervention permanente, pour permettre la réalisation des engagements gouvernementaux qui susciteront, à n’en pas douter, des vocations contestataires…à droite et à l’extrême-droite.

Comme le disait autrefois Roger Couderc, journaliste passionné de rugby :  » et si la mouche était en train de changer d’âne »? Ne vendons pas la peau de l’ours pour autant ! Créons les conditions de ce rassemblement de toutes les sensibilités de la gauche…porteur d’une réelle espérance.

Ne laissons pas filer l’histoire.

René Fredon

(1) Extrait du poème d’Aragon « La rose et le réséda »

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