J’ai honte … et vous ?

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Le 21 Janvier, nous allons commémorer le souvenir des 10 ans du départ de l’Abbé Pierre parti prendre (comme il nous le disait) ses grandes vacances.

Depuis, il faut bien le dire, nous autres ses modestes disciples nous nous sentons très orphelins et parfois (souvent) démunis pour faire face aux besoins des plus démunis, porter la voix des sans voix….et surtout pousser les « coups de gueule » dont l’Abbé savait faire usage vis-à-vis des « Puissants »

La réalité de l’accroissement des inégalités sociales, de l’explosion de la grande précarité, des milliers de personnes n’ayant que leur voiture pour logement ; les restos du cœur, le secours populaire, le secours catholique, les épiceries sociales pour se nourrir ou obtenir des secours, doivent nous faire nous saisir de cette réalité du quotidien.

Réduire plusieurs centaines de milliers de personnes à la soupe populaire servie par des bénévoles engagés devrait -il être le projet de la France dont on dit qu’elle serait la 5em puissance du monde ?

Dans notre département du Var, il n’est de ville ou de commune même rurale qui n’ait « son, voir ses » SdF, vivant dans leur voiture sur des parkings ou dans des chemins creux derrière une haie…..
Ils seraient un millier dans le Var ; Mais qui les voit ? « salauds de pauvres » disait Coluche

A Bandol (mais pas que ) et dans certaines communautés d’agglomération, la cécité érigée en politique est bien pratique pour refuser de voir et donc d’agir et développer ne seraient –ce que des mini structures d’accueil et d’hébergement (au moins un lieu de vie pour faire chauffer ses aliments ,se poser au chaud et se laver) en laissant aux autres communes plus solidaires le soin de faire et accueillir les concitoyens précarisés dont on ne veut et que l’on se limite à domicilier au CCAS.

A quand un pavillon de la solidarité venant s’imposer au pavillon bleu de la plus belle plage ou du port le plus propre ?

Les bénévoles des structures d’entraide se mobilisent pour organiser des maraudes afin d’apporter aides , assistance et chaleur humaine ; les élus et pouvoirs publics n’ont de cesse de vanter ces bénévoles (ça coute pas cher !) qui suppléent les carences des politiques et services publics.
Les assistantes sociales et travailleurs sociaux sont eux même en grande précarité psychologique confrontés au quotidien à cette misère et n’ayant pas toujours les moyens de répondre.

Nous sommes dans un monde ou l’esprit et la culture gestionnaire l’emportent sur l’esprit d’une véritable lutte des pouvoirs publics et des politiques pour mettre fin de ces situations.
Tout est fait non pas pour combattre et éradiquer la misère, mais pour la gérer, ce que dénonçait le Père Joseph Wrezinski Fondateur d’ATD quart monde.

Au prétexte louable de faire face, on érige des dispositifs, des bricolages souvent couteux et devant répondre aux crises, mais pas de véritables politiques globales plus économiquement et socialement efficaces….de fait, on canalise la révolte ! Mais qui peut se révolter le ventre vide ?

On reste sans voix devant la docte formule de la Ministre du Logement nous assénant sans sourciller un « il ne faut pas dramatiser une situation déjà très difficile »…ben alors !

Alors dans notre département du Var dont tous les observatoires économiques, sociaux, en démontrent les grandes carences et inégalités, que faudra t-il entreprendre pour que les vrais problèmes de la précarité soient pris en compte au-delà des actions citoyennes, bien pratiques pour décharger les politiques de leurs responsabilités.

Doit –on rappeler aux élus le besoin de logements sociaux, de places d’hébergements … mais il est vrai que de part les règles démocratiques et bien que dans la plupart des cas ils ne soient élus que par 30% du corps électoral (et encore moins de la population réelle), ils répondent à cet électorat minoritaire dont le lobyisme actif se refuse à voir et accepter la réalité d’une grande partie des besoins de la population (parfois leur voisin)… tout en se revendiquant parfois et de plus en plus souvent d’une confession humaniste et solidaire … (pauvre Pape François, on est toujours trahis que par les siens !)

Par volonté de tel ou tel élu souhaitant gagner un quart d’heure entre Nice et Marseille on va geler et faire disparaître des milliers d’hectares de terres agricoles et d’autres constructibles, alors que l’on nous dit que le foncier ferait défaut pour bâtir une ville dans laquelle chacun pourrait disposer d’un chez soi !

Faudra t-il que via des avocats motivés, des associations agrées pour cela, engagent des actions de groupe afin de faire condamner les élus RESPONSABLES ET COUPABLES de ces situations ?

Faudra t-il attendre qu’un Procureur, s’affranchissant des contraintes politiques locales et du gouvernement dont il détient son pouvoir d’action, s’empare de cette question de non assistance à personnes en danger ?

Alors en cette période ou des bilans d’actions sont disponibles et ou le pouvoir d’agir via les urnes approche , souhaitons que les citoyens et en particulier les plus précaires fassent valoir leurs droits et s’emparent de ce droit de vote pour peser sur leur devenir.

En attendant soyons dans l’espérance, cette espérance qui nous fait refuser d’accepter ces réalités vécues par des millions de nos concitoyens, cette espérance qui nous porte vers l’action lorsque parfois le découragement nous prend.

Oh oui l’Abbé, j’ai parfois honte ;
Mais nous ne lâchons rien, ça vous pouvez compter sur nous !

06 01 2017
Jean-Paul JAMBON
représentant départemental var Fondation Abbé Pierre

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