Oui je suis en colère, en colère vis-à-vis de toutes celles et ceux qui d’une façon ou d’une autre par leurs silences, leurs inactions ont amené à couvrir pendant presque 70 ans les comportements intolérables de mon icône L’Abbé Pierre.
Du printemps 52 autour du poste de TSF, à la campagne beaujolaise chez ma grand-mère où j’ai entendu l’abbé pierre pour la première fois à quitte ou double ; du 1er février 1954 où chez mes parents nous avons entendu cet appel, où dans ma famille on me parla de ce prêtre résistant du Vercors, alors que nous même vivions dans un logement qui aux normes actuelles serait au mieux non décent…mais c’était juste après la guerre et l’on prenait ce qu’il y avait sur le marché. Cet aspect du mal logement ne me quitta pas lorsqu’agent immobilier en région parisienne je me battais avec certains clients propriétaires bailleurs afin de faire des travaux indispensables, ne me quitta pas non plus lorsque poursuivant dans la région sud je constatai dans nombre d’immeubles que je gérais à Aix, Vitrolles, Marseille, Montpellier, Toulon Nice, Cannes, des hommes et femmes sans logis y dormant, ou dans les voitures de certains parkings.
Cette histoire ne pouvait que m’amener à m’engager, alors retraité, contre le mal logement.
Oui je suis en colère parce qu’encore une fois un certain nombre savait. Les désormais « révélations » sont sans appel et je ne saurais trop remercier EMMAUS et la Fondation pour ce travail de mémoire douloureux remettant même en cause leurs références et mes références. Depuis les années1950 ON SAVAIT. De silences en exfiltrations, ON SAVAIT.
ON mais qui ON ? les proches ? qu’ils soient du cercle familial ? le premier cercle du mouvement EMMAUS ? les différentes instances du mouvement EMMAUS ? l’Eglise catholique ?…
Mais il ne fallait pas toucher au Grand Homme ; au résistant, au député, à celui qui mobilisa les français pour la cause de la misère, du sans- abrisme, du logement insalubre…
Il ne fallait pas toucher au prêtre catholique malgré de récentes alertes lors de la commission CIASE.
Alors, tous coupables ? certes non, et désormais place aux historiens, car la justice ne peut passer. L’abbé Pierre étant décédé ne pouvant donner sa version quand bien même quelques écrits dont certains plus que maladroits et semblant minimiser les choses à une époque ou ces agissements ne faisaient pas la une des gazettes et prétoires… une autre époque heureusement révolue même si parfois elle peut entraîner des questionnements sur les méthodes médiatiques jugeant avant la justice.
Alors que reste t-il ? Des milliers d’hommes , de femmes, d’enfants, parfois sauvés de la mort, exfiltrés de la misère, ayant pu obtenir un toit. Des politiques plus ou moins efficaces en matière d’hébergement, de logement.
Plusieurs centaines de salariés et bénévoles meurtrit, en questionnement sur leur engagement, mais décidés à poursuivre l’action, car seule compte l’action.
Ces centaines d’associations aidées qui comptent sur la Fondation et ses Donateurs
Des milliers de Donateurs, conscients qu’au-delà de l’homme coupable, d’autres hommes, femmes et enfants dans la pauvreté et le non logement ne peuvent subir les conséquences d’errements et que l’action doit se poursuivre en continuant à donner pour toujours faire vivre cet espoir et ce cri du 1er février 1954.
Oui ces salariés, ces bénévoles, ces mal logés ont besoin de cette solidarité active pour faire vivre ces messages de l’abbé Pierre afin qu’au-delà de l’homme fondateur dont l’image disparaît, les messages se perpétuent afin que reste l’action.
« Toi qui souffres qui que tu sois, entre, dors, mange, reprends espoir. Ici on t’aime »
« Le devoir de tout gouvernant est de loger son peuple »
« Servir d’abord le plus souffrant »
Jean-Paul Jambon