Italie : Pas de majorité en perspective

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Percée du mouvement 5 étoiles (M5S) et de l’extrême-droite

Les législatives italiennes du 4 mars à un tour, en même temps que pour le sénat, ont bouleversé le paysage politique et rendu la situation encore plus inextricable. La gauche italienne étant aux abonnés absents ! Avec une participation en hausse, autour de 74% de votants.

C’est dire l’ampleur du mécontentement qui s’est exprimé contre les politiques d’austérité de sécurité, de justice sociale, imposées au peuple italien. Sans qu’une perspective de renouveau social, écologique et démocratique ne soit véritablement lisible.

La lourde défaite de Mattéo Renzi, sous la barre des 20%, qui gouvernait l’Italie pour le centre-gauche avec une majorité de députés, a sanctionné celui qui incarne cette Europe au service des nantis et des actionnaires. Elle a pour corollaire une montée en puissance de la coalition droite-extrême-droite de Berlusconi-Salvini à 37% et du M5S du successeur de Beppe Grillo, Luigi Di Maio, 31% son plus haut score le confirmant comme premier parti d’Italie.

Il en ressort qu’aucune formation n’aura la majorité absolue pour former un gouvernement. Le M5S ayant toujours refusé, jusque là, toute coalition avec d’autres formations. Il vilipende ceux qui font partie du système, ce qui lui permet de récupérer des voix de mécontents de droite, de gauche et du centre.

Sur un fond très bigarré : il se veut pro-européen et a renoncé à la sortie de l’euro, il est anti-migrants, il refuse l’austérité et fait de la dette sa priorité. Il cherche à s’attirer la sympathie des investisseurs et des entreprises en leur proposant de choisir parmi les 400 lois qu’il veut abolir, celles qui ont leur préférence. A l’électorat populaire il promet un revenu de citoyenneté tandis qu’il brocarde les revenus des élus à tous les étages dont il fait des corrompus ou des corrupteurs. Ils sont « le système », épargnant le libéralisme et son système économique relayé par les politiques et les institutions.

Le successeur de Beppe Grillo, au discours plus policé, plus classique, moins violent, a déjà fait savoir qu’il pourrait envisager de s’adjoindre tel ou tel parlementaire, au cas par cas en vue de faire une majorité, sur des idées (sous-entendu les siennes)

L’autre vainqueur de ce scrutin, l’alliance Força Italia de Berlusconi, de la Ligue du Nord de Salvini à l’extrême droite et de Fratelli d’Italia, groupe néo-fasciste à 37% et dans cette alliance la percée de la Ligue du Nord à 18,5%, alliée du FN, à partir de mots d’ordre clairement identitaires (les Italiens d’abord), anti-migrants et anti-européens, anti-islam… tandis que le parti de Berlusconi n’atteint que 13,5%.

La place de leader de l’alliance, donc d’éventuel chef du gouvernement…si majorité, revient à la Liga de Salvini qui savoure déjà cette promotion politique pour l’instant, virtuelle.
De là à revendiquer le pouvoir…il ne s’en est pas privé.

Marine Le Pen s’est empressée de féliciter les vainqueurs …le M5S et la Ligue, son alliée.
Une invitation à l’entente cordiale qui a peu de chances de se concrétiser sauf, pour le M5S à se marquer très très à droite ? À part ça le FN n’aime pas les compromissions.

L’Italie va donc attendre les pourparlers en vue de trouver une majorité qui peut laisser le pays sans gouvernement de longues semaines, voire de longs mois. Après tout l’Allemagne d’Angela Merkel a attendu 5 mois avant de pouvoir constituer un gouvernement. C’est fait depuis dimanche grâce au vote des adhérents socialistes qui ont donné le feu vert à leurs dirigeants face au danger d’extrême-droite (AFD, 12,6% 94 élus au Bundestag)

Là encore où est l’alternative progressiste à ces politiques d’austérité qui font monter les déceptions et les colères qu’exploite l’extrême-droite et font grossir l’abstention à gauche ?

René Fredon

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