Fusion Châteauvallon-Liberté

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Une seule direction pour les deux structures …celle du Liberté

Cette restructuration qui remonte à 2015, visait à ne délivrer qu’un seul label national sur le même territoire. Châteauvallon avait le label Théâtre national de la danse et de l’image délivré en 1987 par François Léotard, ministre de la Culture, tourné vers la création et le Liberté, inauguré en décembre 2011, également tourné vers la création aspirait au label « scène nationale ». (1)

Mais ce label, fort rare en région, nécessitait la fusion des deux structures. Ainsi fut créée, avec beaucoup de discrétion en décembre 2015, l’association « Union Chateauvallon-Liberté » que préside l’amiral Tanguy.

TPM et son président pouvaient être satisfaits : l’État allait faire des économies et Châteauvallon cessait d’être le navire…amiral de la culture dans le Var et au-delà. Car Châteauvallon, c’est toute une histoire. L’oeuvre de deux hommes, Gérard Paquet et Henri Komatis, hommes de culture, amoureux de théâtre et du site qui payèrent de leur personne à partir de 1965 pour aménager les lieux dans cette pinède majestueuse dominant la rade de Toulon.

Ils en conçurent l’aménagement et en furent les premiers bâtisseurs, au sens propre, passionnés par leur projet et pleins d’enthousiasme. Convaincant les collectivités territoriales de faire de ce projet un lieu assez exceptionnel de rayonnement de la culture, dans son acception la plus large.

Gérard Paquet, en fut, à juste titre le premier directeur, insufflant à son équipe la vision ouverte qu’il avait d’une programmation faisant à la création contemporaine une large place, créant des résidences pour les artistes et proposant des spectacles qui attirèrent des foules par leur qualité et leur éclectisme. Ni élitisme, ni suivisme des modes.

Il dut affronter la furia FN des années 95 à 2002, aidé par le préfet Marchiani qui voulait lui-aussi le mettre au pas pour ses initiatives culturelles -il avait osé programmer le groupe de rap NTM- et ses colloques engagés pour fustiger les « idées » de l’extrême-droite au pouvoir à Toulon qui désirait s’en tenir au folklore provençal et à la promotion de leurs auteurs favoris !

Trente deux ans après son coup de foudre pour le site, Gérard Paquet était licencié par un maire frontiste avec l’assentiment d’un préfet de la…République prenant le contre-pied du ministre de la culture Philippe Douste-Blazy, qui avait assuré G. Paquet de son soutien ! Ainsi va la démocratie.

En décembre 1998, la nouvelle ministre de la culture, Catherine Trautmann, nommait Christian Tamet à la direction de ce qui n’était plus le TNDI mais le CNCDC (centre national de la création et de la diffusion de la culture).

Il vient d’annoncer son départ de la direction de Châteauvallon ainsi que son adjointe Nathalie Anton, arrivée en 1999. Ils ne renoncent pas, leurs postes sont supprimés. L’association « Union Châteauvallon-Liberté » s’est empressée de nommer les directeurs du Liberté, Charles Berling et Pascale Boeglin Rodier directeurs de Châteauvallon.

Les personnes ne sont pas en cause mais force est de constater que l’effacement -le mot est faible- de Châteauvallon dans cette union, ressemble fort à une fusion-absorption qui, outre les économies attendues, sonne comme un coup tordu pour ce que représentait la première scène nationale varoise. Comme si le rideau s’était baissé et les lampions éteints.

Nostalgie ? Sans doute un peu, mais surtout crainte que le rayonnement de la culture n’ait pas gagné au change et que les spécificités de Châteauvallon se fassent plus discrètes…sans direction propre. D’ailleurs la co-directrice du Liberté, Pascale Boeglin Rodier confirme que le directeur de Châteauvallon ne sera pas remplacé : »un décret du ministère de la culture de mars 2017 impose une seule direction et un seul projet artistique par label. » (VM 28/2/18)

Toutes les précautions verbales des uns et des autres, les bonnes intentions, le volontarisme affiché n’enlèvent pas les craintes quant au maintien des financements et des effectifs. En toute logique il n’y aura qu’un budget pour les deux structures. Ce n’est pas pour additionner les deux budgets purement et simplement mais pour optimiser, rationaliser, comme ils disent, donc réduire les dépenses publiques en fonction des orientations gouvernementales qui prolongent et aggravent les tendances précédentes.

Pas de quoi sauter au plafond. L’austérité, dans tous les domaines, n’a démontré que sa malfaisance.

René Fredon

(1) http://www.journalzibeline.fr/scene-nationale-chateauvallon-toulon-liberte-egalite-fraternite/

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