Immigration : fosse commune en Méditerranée

3

crédit photo Préfecture maritime de la Méditerranée

Sur les 7 premiers mois de 2015, 224.000 migrants sont arrivés sur nos côtes méditerranéennes, dont 98.000 en Italie et 124.000 en Grèce, soit davantage que sur toute l’année 2014 (219.000 migrants). Plus de 2.100 candidats à un avenir meilleur dans la Vieille Europe ont déjà trouvé la mort en mer.

Les lieux d’accostage se multiplient. Rien ne prouve que demain, de nouvelles embarcations de fortune n’accosteront pas sur nos rivages varois… Peut-on, comme nos responsables européens, continuer à fermer les yeux sur cette misère qui frappe à nos portes. Une misère telle qu’elle peut les faire voler éclats.

Les situations géopolitiques ont changé au cours des dernières années. Les points de passage de ces désespérés également. Dans les années 2000, les frontières terrestres étaient privilégiées ; aujourd’hui ce sont les routes maritimes. Et particulièrement celle de Méditerranée orientale où arrivent des migrants toujours plus nombreux. La majorité d’entre eux arrivent d’Irak, d’Afghanistan, de Syrie et d’Erythrée et sont, pour la plupart, demandeurs de droit d’asile. « Nous n’avons pas vocation à accueillir la misère du monde » le slogan humanitaire lancé jadis par Rocard est devenu le mot d’ordre de l’Union Européenne. Elle oppose au désespoir, des déclarations nobles et creuses, des minutes de silence, des opérations au nom pompeux mais aux budgets dérisoires. Et quand il s’agit de prendre de vraies mesures d’accueil on se livre au jeu des chaises musicales.

Silence Radio
Officiellement, « la question des migrations figure parmi les dix priorités politiques » de la commission européenne. Mais l’Europe est une institution lourde qui se déplace pesamment, à pas comptés. Un peu de patience ! En attendant, les migrants, leurs femmes et leurs bébés n’ont qu’à se mettre à la diète…

Si vous avez le courage de vous abreuver d’une littérature technocratiquement insipide (ou le contraire) vous pouvez toujours faire un tour sur le site officiel de l’Union Européenne.

On y évoque longuement  le plan visant à éradiquer « le trafic des migrants ». Quant à savoir ce qu’il serait utile d’entreprendre dans les pays même dont sont issus ces migrants… Silence radio.

Voilà sans doute un jugement intempestif et excessif… Sans doute. Mais il se trouve que certains « acteurs » du sauvetage de ces migrants du désespoir sont encore plus pessimistes. Ainsi, Loris De Filippi, président de Médecin sans frontières (MSF) en Italie estime que « Les politiques mises en œuvre par l’Union européenne sont en train de faire de la mer Méditerranée une véritable fosse commune. L’Europe a fermé ses portes aux milliers de personnes qui fuient la guerre et la crise dans leur pays. Elle ne leur laisse pas d’autre choix que de risquer leur vie en faisant cette périlleuse traversée. Le temps de la réflexion est passé. Il faut sauver ces vies maintenant. Cela a été une grave erreur de mettre fin au programme italien de sauvetage en mer Mare Nostrum. Les Etats membres de l’UE doivent immédiatement lancer des opérations similaires, à grande échelle, de recherche et de sauvetage avec des patrouilles naviguant au plus près des côtes libyennes. Les moyens mis en œuvre actuellement sont insuffisants, les catastrophes de ces derniers jours l’ont clairement montré. Cette tragédie n’est hélas pas la dernière, à moins que l’Europe n’affiche enfin la volonté de réagir. »

Situation de guerre
Rien que la semaine passée, 11 000 personnes ont risqué leur vie en tentant la traversée de la Méditerranée, et plus de mille d’entre elles ont péri. Peu importe l’inviolabilité des barrières que l’Europe s’ingénie à bâtir autour de ses frontières terrestres, ou les obstacles de toute nature qu’elle met sur la route des migrants, ceux-ci continueront à fuir les conflits dévastateurs et les crises qui touchent leur pays pour sauver leur vie.

« 700 morts en une journée, c’est ce qui peut se passer dans une zone de guerre. Or cette tragédie humanitaire se déroule là, à nos portes, sans que l’Europe ne semble vouloir rien y faire. C’est pourquoi nous allons lancer notre propre opération de recherche et de sauvetage en mer, afin de tenter de sauver le plus de vies possible » précise De Filippi. La vraie solution pour éviter des milliers de morts supplémentaires serait de mettre en place des voies d’accès sûres et légales pour les migrants et les demandeurs d’asile. Et de faire en sorte que ces pauvres errants ne soient plus contraints à l’exil. « Mais en attendant, la situation humanitaire créée par les politiques migratoires européennes est si catastrophique qu’elle ne nous laisse d’autre choix que la mise en place de cette opération de sauvetage » estime le responsable de MSF.

Mais on a tout notre temps… Avant de voir des barcasses éventrées venir mourir sur nos rivages ! Et si on faisait des pâtés de sable pour les empêcher d’accoster ?

José Lenzini

3 COMMENTS

    • Si c’est celui de Jean Raspail auquel vous faites référence, ce n’est pas inutile bien que l’homme soit pour le moins discutable dans son quotidien, notamment lors de sa venue aux Rencontres Littéraires de Toulon avant que ça ne devienne une foire.

  1. Oui , c’est de Jean Raspail dont je parle . Texte écrit en …1973. Un petit extrait ? « Notons au passage une fausse note.Primitive et injuste, c’est à dire saine, la sagesse populaire se rebiffe, drapée dans sa dignité. Pour un peu elle pourrait tout sauver. Marcel n’est pas un échappé du Gange, il travaille et porte des chaussures. (…) En le poussant un peu, on lui ferait avouer qu’il appartient à un pays civilisé et même qu’il en est fier, pourquoi pas ? (…)Le moment venu, il laissera faire, comme si rien ne le concernait plus. Et quand il se retrouvera brusquement concerné, ce sera trop tard. On lui aura fait croire qu’il n’y perdrait rien et que sont les autres, ceux qui ont de quoi, qui devront se pousser et payer, au nom de l’égalité, de la fraternité universelle, des droits de l’Homme, au nom de n’importe quoi de ce genre dont personne n’ose même plus douter, au nom de la bête également , mais cela, on n’en parlera pas à Marcel, et d’ailleurs , que comprendrait il ?  » .

LEAVE A REPLY

Please enter your comment!
Please enter your name here

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.