Le 26 mai 2018, le quotidien Var Matin faisait réagir les maires de Toulon et d’Hyères ainsi que le président du conseil départemental, principaux financeurs du club professionnel de basket évoluant en Pro-A depuis 2001 et se trouvant au bord de la liquidation judicière en même temps que disparaissant de la ¨Pro-A en cette fin de saison 2017-2018.
Le président du club en faillite, Giannini, en a confirmé le montant : 850 000 euros selon l’expert comptable du HTV. Et non 1,1 million selon des rumeurs.
Vive réaction du maire d’Hyères, la ville berceau du basket de haut niveau dans le Var avant la fusion avec Toulon pour des raisons essentiellement financières dans la perspective d’une grande salle pouvant accueillir près de 5 000 spectateurs. Ce qui motiva la construction du Palais des Sports inauguré en mars 2006.
Pas content d’apprendre les mauvaises nouvelles par la presse : « on vient juste de nous confirmer que le HTV est en redressement judiciaire depuis 2013 ! », se plaint Jean-Pierre Giran. Depuis 4 ans, nous n’avons été informés de rien.
Pas question pour les collectivités de boucher le trou. « Nous avons même attribué 500 000 euros de subventions supplémentaires », ajoute Hubert Falco. Il veut qu’on rende des comptes aux élus. Il serait temps, en effet.
D’autant plus que le HTV est le club du championnat qui dépend le plus des finances publiques : 78% de son budget contre 21% en moyenne pour les clubs de Pro-A
Soit au total, venant des différentes collectivités, un montant de 1 853 799 M€ pour un budget de 2 013 000 M€. Un sacré financement public en effet. Il faut y ajouter « la mise à disposition gratuite du palais des sports à Toulon, de l’Espace 3 000 et du gymnase des Rougières à Hyères », a tenu à souligner Hubert Falco.
Ce à quoi le président Giannini a répondu :
« Ça fait trois ans que je demande à ce qu’il (le président de TPM) me reçoive pour voir comment pérenniser le club. Il n’a qu’à m’appeler… »
Des propos (publiés le 20-5-18 dans VM) qui ont fait vivement réagir Hubert Falco et Jean-Pierre Giran : »pour se plaindre de ne pas être assez aidé..? »
De son côté, le président du conseil départemental faisait savoir qu’il suspendait la subvention en attendant la transmission des comptes du club : « …selon que le club sera vendu ou disparu, on reverra ou on renoncera à notre financement… »
Il y a pour le moins de l’eau dans le gaz entre le club et ses financeurs publics à près de 80% qui ne semblent pas avoir été très bien représentés dans les structures de la Société anonyme à objet sportif (SAOS). On peut se poser la question. Si elles n’avaient pas de représentants, les collectivités auraient fait preuve de beaucoup de légèreté. Et si elles en avaient, n’auraient-ils rien perçu des déboires financiers du club pro ? La gestion aurait été occulte sans que personne ne s’en aperçoive ?
1,85 millions d’argent public alignés chaque année et on attend la liquidation judiciaire et le naufrage sportif du club pour demander des comptes ?…Autant de questions qui méritent réponses.
Nouveau rebondissement : les élus saississent le procureur et la chambre des comptes
Les trois principales collectivités territoriales ont décidé de passer à l’offensive et de saisir la justice à propos de la gestion du seul club professionnel, pas du club dans son ensemble, des sections et équipes amateures. Les enfants et les jeunes continueront de s’initier et de se perfectionner au basket.
Quant au club pro il est question d’un rachat par un américain, David Khan, qui veut fonder un club pro à Paris, le PBA, Paris Basket Avenir, c’est un moyen d’éponger la dette. Les pourparlers seraient en cours et auraient été tenus secrets. Peut-être qu’une personnalité comme Philippe Legname, manager général du club de très longue date ainsi que membre du comité directeur de la Fédération française de Basket et de la Ligue nationale de basket pourrait en savoir un peu plus.
L’hypothèse paraît bien avancée puisque, révèle Hubert Falco, les dirigeants du club ont eu l’audace de demander à la ville de leur prêter gratuitement le salon VIP…du Palais des Sports pour officialiser la vente des actions du club au mécène. Réception prévue sans les élus de TPM et du département ! On imagine Hubert Falco s’étrangler devant pareille provocation, il faut bien le dire.
Au moment où il les accuse de gestion opaque pour ne pas dire plus : c’est à la justice d’apprécier où se trouvent les responsabilités d’une situation qui, hélas menace d’autres clubs dans ce qui est devenu du sport-business à capitaux mixtes où il faut aussi rentabiliser les capitaux privés investis. Ce n’était pas le cas du HTV qui pouvait compter sur de belles subventions publiques. Les maires de Toulon et d’Hyères ont foncé dans le projet d’avoir une équipe qui puisse atteindre la pro A. Peut-on le leur reprocher ? Après il faut suivre…
Autant les investissements en stades, en salles, en équipements divers profitant aussi à d’autres sportifs, se comprennent autant ce n’est pas la vocation d’une collectivité de financer le fonctionnement d’un club pro avec notamment, les salaires sans cesse à la hausse et quels salaires si on veut les meilleurs ?
Le manque de contrôle de l’utilisation de l’argent public, généreusement accordé pendant des années, dans le cas du HTV pro, peut encourager des gestions irresponsables, dispendieuses sinon frauduleuses.
Les contribuables ont besoin de connaître la vérité sur cette fin peu glorieuse d’un club qui ne fait plus rêver. Surtout à un moment où tant de « petits » clubs voient leurs maigres subventions réduites ou supprimées…
René Fredon
Christian Giannini (président Hyères-Toulon): « Le HTV doit rester ici ! »