Grimaud : L’Euro Festival Harley Davidson a fêté son 10è anniversaire

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Au tirage au sort, il a fallu que ça tombe sur moi. 4 jours en immersion totale à Grimaud pour le 10è anniversaire de l’Euro Festival Harley Davidson. Quatre jours, entouré de motos … c’est un véritable voyage pour moi, la machine la plus puissante que j’ai chevauchée, c’est un Solex ! Je ne comprends absolument rien à la mécanique et le monde des motards m’est parfaitement étranger.

Sur la route de la forêt du Dom, l’angoisse a commencé à prendre place. Sur une Harley Davidson, il y a généralement un Hells Angels ou un Bandidos dépassant largement le quintal. DSC03053Conscient qu’il me manque au moins quarante kilos et vingt centimètres pour pouvoir les regarder dans les yeux, l’idée de faire demi tour, je l’avoue, m’a effleuré l’esprit. La chance allait peut être me sourire, j’aurais peut-être l’occasion de faire connaissance avec la digne héritière de Brigitte Bardot chevauchant un terrible engin. Cette idée me fut agréable et m’aida il est vrai, à garder le cap sur Grimaud.

DSC02808Dès l’entrée principale, les organisateurs avaient bien fait les choses, un laisser-passer pour circuler partout dans la manifestation, une clé USB pour le programme et des images de l’an passé, un plan détaillé du Golfe de Saint-Tropez pour suivre la parade de 1 500 Harley-Davidson samedi après midi. Nous fûmes accueillis par Patrice de la meilleure façon qu’il soit, prenant soin de nous préciser qu’il serait là, tous les jours de midi à minuit, pour répondre aux questions des très nombreux journalistes qui ont fait le déplacement. Voilà un premier contact rassurant.

Les Prairies de la mer … The place to be !
DSC02807A la fin de la première journée, un constat s’impose, les amoureux d’ Harley Davidson, se sont visiblement tous donnés rendez-vous ce week-end à Grimaud. Ils sont venus de Suisse, de Belgique, du Royaume Uni, d’Espagne, d’Italie, de Roumanie, de Biélorussie, il y a même un Golgoth de plus de deux mètres qui nous explique avoir fait 2 900 kilomètres pour le simple plaisir de venir boire un semi-remorque de bière avec ses collègues.
Les plus malins dorment sur place dans des chalets au bord de la Méditerranée, les pieds dans l’eau, la tête à l’ombre. Pour ceux qui aiment le vrombissement des V-Twins, le Rock and Roll à fond et les éclats de rire, tout semble indiquer que Les Prairies de la mer sont … The place to be !

Tous différents mais tous égaux
Sans rien comprendre à la mécanique, il faut pourtant visiter les très nombreux stands pour comprendre que c’est aussi une véritable place de marché. Du pot d’échappement à la visite de Venise en Harley rien ne semble manquer. Vous cherchez un Tee-shirt, il y en a des milliers en vente. Vous cherchez une bague avec une tête de mort, vous n’aurez que l’embarras du choix.DSC02835
Les organisateurs ont même eu la bonne idée de proposer un barbier sur place. N’allez pas croire que le Biker est un pouilleux, loin s’en faut. Monsieur se soigne, Monsieur et Madame ont les moyens. Remarquez, il vaut mieux ! Le prix de la machine associé aux multiples accessoires vous ferait confondre le prix TTC avec un code barre.

 

Il est pourtant facile d’apprécier l’esthétique de ces machines, plus belles les unes que les autres. Il y a un certain raffinement dans cette gigantesque exposition. Les gens qui participent à ce grand rassemblement sont bien loin de l’image du mauvais garçon. Les images sont fortes… Toutefois, les clients se situent plutôt parmi les CSP+ (catégorie socio-professionnelle) voire les CSP ++. Quand on pose la question, les réponses sont surprenantes, avocat, médecin, trader à Londres, mais aussi tourneur-fraiseur à la sorbe, cadre moyen dans l’aérospatial, secrétaire de direction. Le dénominateur commun de tous ces fous furieux, c’est le virus attrapé par les trépidations de la machine. Maladie qui se transmet d’abord au conjoint, mais aussi aux proches. Ce qu’ils recherchent avant tout, c’est cette liberté que la machine leur procure. Et puis, il y a cet esprit de famille, une vraie confrérie. Une confrérie où chacun se veut différent. Tous différents mais tous égaux.

Grimaud un Woodstock à jantes larges
La marque Harley-Davidson l’a bien compris, 52 concessions réparties sur tout le territoire national pour 8.500 véhicules vendus en 2015. La marque légendaire a bien compris que les bons business se partagent, en l’occurrence avec une foultitude de petits artisans aux doigts d’or qui font de chaque machine, une pièce unique.
DSC02948C’est ce que le Custum Bike Show, organisé au coeur du village de Grimaud le vendredi, met en évidence. Pour personnaliser sa machine, il faut un certain savoir-faire mécanique mais aussi un souci du détail, de l’esthétique, allons même jusqu’à dire de l’harmonie.
Sur la place du village de Grimaud, les meilleures créations d’Europe réalisées par des passionnés de customisation, sont présentées à tous ceux qui ont bien voulu monter au village. Le maire Alain Benedetto, boit du petit lait ! Le temps d’un week-end la population de son village explose, il ne sait plus où mettre tous ces visiteurs. Il y a dix ans, Alain Benedetto était adjoint au tourisme quand il a proposé l’idée de l’Euro Festival Harley Davidson. A l’époque, nombreux étaient ceux qui s’opposaient à ce projet. Un ramassis de vaut rien, un Woodstock à jantes larges, un supermarché de la drogue et de la violence, voilà ce que cette idée d’Euro Festival Harley Davidson devait rapporter.
Dix ans après, les « pisse froid », les « peine à jouir » sont discrets. Tout au plus, ils font encore remarquer que ces mobylettes font beaucoup de bruit, quand même.
Pour les aider à accepter ce volume sonore le temps d’un week-end, il suffit aujourd’hui de préciser que près de vingt millions d’€uros sont injectés dans l’économie locale.

Quoi ma gueule, qu’est-ce qu’elle a ma gueule ?
Après ce superbe spectacle de Custum Bike Show, de retour aux Prairies de la mer, ayant pris quelques habitudes, j’allais samedi soir d’un pas décidé me restaurer dans un des restaurants au bord de l’eau. Perdu dans mes pensées, ne voyant pas plus loin que le bout de mon nez, je collais celui-ci sur la poitrine d’un molosse taillé dans le marbre. Balbutiant des excuses, je me retrouvais au milieu de mon pire cauchemar, encerclé par trois Bandidos. DSC03086Rien à voir avec la charmante hôtesse de la veille. Je tentais bien de leur expliquer que je souhaitais dîner, mais avant même la fin de ma phrase, un cinglant « C’est pas possible, le restaurant nous est réservé, ce soir ». Ni une ni deux, je pris mon courage à deux mains pour faire demi tour. Au bout de quelques mètres et une rapide réflexion, je retournais demander une interview à ce que les médias présentent comme d’affreux mauvais garçons. C’est très poliment que je formulais ma demande à Monsieur T… Bandidos de Nice. En France ils sont parait-il moins d’une centaine, contrairement aux Hells Angels qui se comptent par milliers. L’homme est à taille humaine contrairement à ses condisciples, la soixantaine sonnante, il est plutôt surpris par ma demande. La conversation s’engage, il ne nie rien. Les Bandidos sont rebelles, ils n’aiment pas qu’on leur marche sur les pieds, faire le coup de poing ne les dérange pas. Il m’explique que la fraternité entre eux est sacrée, que le respect est la première règle. Il m’avoue avoir du mal avec cette société, avec cette étiquette qui lui colle à la peau. « Vous pensez vraiment que je vole beaucoup plus que Cahuzac, que Pasqua, que tous ces mecs qui planquent leur fric, pour partager le moins possible? » Il a l’honnêteté de reconnaître qu’il y a bien des « Hors la loi » chez ses collègues qu’il appelle « frères ». Pour lui la faute est à chercher du côté de cette société pourrie. Après un bon moment de discussion, à l’étonnement des autres, nous en sommes à parler de nos enfants et de nos petits enfants. Personne n’ose rien lui dire c’est un « Full Badge », personne sauf un prospect, c’est à dire un stagiaire, qui lui coupe la parole pour lui demander … je ne saurai jamais quoi. Un glacial « Tu ne vois pas que je suis en train de parler avec Monsieur » Cette phrase et son ton à eux seuls me font comprendre que la notion de hiérarchie existe aussi chez les Bandidos.

Pas d’angélisme pour autant, j’ai eu beaucoup de chance de tomber sur T… Même en étant poli, il est déconseillé de chercher à lier conversation avec un Bandidos ou un Hells Angels. Ces gens là vivent en bande pour ne pas dire en meute. Pour nous ils hurlent, pour eux nous bêlons.

La musique adoucit les moeurs
Samedi soir, les organisateurs annonçaient le groupe Shaka Ponk, je prenais ce rendez-vous comme prétexte, pour prendre congés. A ma grande surprise l’homme me tendit la main, une poigne virile mit fin à cette rencontre d’un autre monde. Tout est bien qui finit bien.
DSC02920Autant les groupes présents sur les « petites » scènes étaient plutôt sympathiques et de bonne qualité, autant les deux soirées de la scène principale resteront comme décevantes à mes oreilles.
Vendredi soir, le groupe de hard-rock suédois Europe venait devant un public nombreux nous rappeler que le temps ne fait rien à l’affaire. 25 ans après l’unique succès du groupe « The final Countdown » les cinq musiciens ont eu toutes les peines du monde à me faire apprécier leur musique. Visiblement je n’étais pas le seul dans l’assemblée. Heureusement que le groupe s’était mis en pause en 1992 refusant de se séparer, sans ces quinze ans de repos ils seraient venus sur les genoux et équipés de déambulateurs.
Samedi soir, le groupe Shaka Ponk a fait le job devant un public conquis. Visiblement les sept membres du groupe (si on compte le singe), adorent être en tournée, sur scène à donner de l’énergie à ceux qui les suivent. C’est bien là le principal. Pendant le concert, un titre de Jethro Tull m’est revenu en tête : Too Old to Rock ‘NRoll: Too Young To Die ! Ces jeunes gens m’ont au moins fait comprendre quelque chose, je suis gentiment en train de devenir un vieux grincheux … Il va falloir que je me soigne.

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Cette belle manifestation se conclut en apothéose avec une parade d’une quarantaine de kilomètres dans le Golfe de Saint-Tropez où le vrombissement des V-Twins n’éveille plus que sympathie et admiration.

 

 

Laurent di Gennaro

 

DSC02847Cliquez sur toutes le images pour les agrandir

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