Grèce : Un espoir se lève « dites aux Français que nous avons faim »

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Extraits de l’article de Fabien Perrier dans Alterécoplus

http://www.alterecoplus.fr/la-grece-condamnee-a-une-penitence-sans-fin-201501231611-00000663.html

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Quelques chiffres clés
•    Taux de chômage : 27,8% (femmes : 31,4%)
•    Taux de chômage des jeunes : 56,7% (femmes : 61,5%)
•    Près de 90% des chômeurs ne perçoivent aucune indemnité ni aide sociale (il n’existe pas de revenu minimum en Grèce)
•    Le « risque de pauvreté ou d’exclusion sociale » frappe 3,9 millions d’habitants, soit près de 35% de la population.
•    950 millions d’euros : c’est le besoin de financement pour payer les retraites en 2016.
•    ________________________Sources : INE-GSEE_____________________

« ENOIKIAZETAI » (à vendre). A Athènes, ces affiches recouvrent les devantures d’immeubles, de maisons, de commerces, les ateliers… Comme si c’était la grande braderie. Entre 2010 et aujourd’hui, plus de 250 000 petites et moyennes entreprises de moins de 10 salariés, ont fermé. Elles représentaient le tissu économique traditionnel grec. Autant de devantures fermées et condamnées qui symbolisent le marasme économique grec. Comment en est-on arrivé là ?
En cause, les politiques d’austérité menées depuis 2010 en échange des prêts internationaux. C’est en effet en octobre 2009 que la réalité de la dette publique grecque a été découverte, provoquant une violente spéculation. Pour éviter la faillite, la troïka, regroupant le Fonds monétaire international (FMI), l’Union européenne et la Banque centrale européenne (BCE), a consenti à la Grèce un premier prêt de 110 milliards d’euros en mai 2010.

D’autres suivront, mais toujours avec les mêmes conditions, empreintes de la logique des ajustements structurels : baisses des salaires des fonctionnaires et suppressions des primes annuelles, casse des conventions collectives au profit de contrats individuels, hausses de TVA et introduction de nouveaux impôts, privatisations… Le salaire minimum national a été réduit, passant de 751 euros brut à 580 euros (- 22 %), et même à 511 euros pour les moins de 25 ans. Selon un rapport de la Fédération des ligues des droits de l’homme, ce niveau se situe désormais sous le seuil de pauvreté et viole le droit européen.
Résultat, de 557 000 en janvier 2010, le nombre de chômeurs a grimpé jusqu’à 1 350 000 personnes fin 2013 et il touchait encore 1 240 000 personnes en septembre dernier (soit plus du quart de la population active).

Avec la crise, la mendicité est de plus présente dans les rues de la capitale
Les habitations privées se dégradent considérablement. Les propriétaires n’ont parfois même pas les moyens de terminer les constructions entamées. En banlieue d’Athènes, la crise du logement est préoccupante.
Certaines personnes âgées vivent dans des containers mis à disposition par la municipalité
Les retraites diminuées à huit reprises depuis 2010, ont été réduites pratiquement de moitié

Fin octobre, le Secours populaire français est parti à Athènes et à Patras pour y organiser une distribution alimentaire. « Alerté par notre partenaire grec, l’association Solidarité populaire, nous avons décidé d’intervenir en Grèce en distribuant 120 tonnes de nourriture à des personnes victimes de la faim, précise Julien Lauprêtre, le président du Secours Populaire Français. La situation de nos amis grecs nous inquiète beaucoup. »
En quatre jours de mission, le Secours populaire français a pu prendre la mesure des conséquences sociales de l’austérité. Que ce soit en banlieue d’Athènes ou à Patras, des dizaines de Grecs se sont précipités aux distributions et activités organisées. Leurs mots se ressemblent : « dites aux Français que nous avons faim », « nous avons le ventre vide ! », « c’est terrible : je ne peux plus donner à manger à mes enfants »…

À quelques stations de l’Acropole, Elefheria, 22 ans et Antonis, 23 ans, sont venus avec leur bébé Adriani, dix mois :
« Comment allons-nous pouvoir la nourrir ? , J’ai eu un problème de santé pendant la grossesse et ai été poussée à démissionner. Depuis je n’ai plus de travail et pas d’allocation. »
Elle fait partie des chômeurs longue durée dont les rangs ne cessent de grossir.
Plus de 70% des presque 1,3 millions de chômeurs sont privés d’emploi depuis un an et la moitié depuis deux ans.

Gabriela, bénévole à Solidarité populaire,en sait quelque chose : « j’ai une pension confortable car toute ma vie j’ai travaillé à la banque de Grèce…mais elle est moitié moins que ce que j’escomptais avant les mémorandums. Quant à mon mari, il ne perçoit que 400 euros par mois. Nous sommes obligés de soutenir financièrement nos enfants, qui, sans nous ne pourraient pas s’en sortir. Aujourd’hui c’est mois qui viens aider mais demain, c’est peut-être moi qui serai aidée… »

 

2 COMMENTS

  1. Grèce : le « soutien » du FN…parlons-en ?
    Depuis que les sondages ont placé Syrisa largement en tête, les Le Pen, père (fondateur) et fille (héritière), à défaut de pouvoir soutenir publiquement le parti néo-nazi « Aube dorée », se sont employés à brouiller les cartes et à faire comme s’ ils souhaitaient vraiment la victoire de Syrisa.
    Une fois confirmée dimanche soir la victoire historique du rassemblement populaire qui redonne au peuple sa dignité et la perspective d’un changement radical d’orientations à gauche, le Pen y a vu « un désaveu pour l’UE qui va dans le même sens que le combat que nous menons… » ajoutant aussitôt qu’il n’était « pas sûr que le dirigeant de ce mouvement fasse ce qu’il promet, puisqu’il va être soumis à de fortes pressions. » Quel devin !

    La fille, dans le courant de la semaine, « souhaitait la victoire de Syrisa…même si nous ne sommes pas d’accord avec tout leur programme, notamment sur l’immigration… ». C’est beaucoup plus qu’un euphémisme. De l’hypocrisie la plus totale. De la récupération minable qui ne trompera personne.

    Car enfin, si Aube dorée ne cadre pas avec l’image de parti-comme-les-autres que tente d’afficher en France le FN,qui a comme allié en Grèce, à l’extrême-droite, le LAOS (Alerte populaire orthodoxe) qui avait deux ministres dans la coalition gouvernementale (droite-Pasok) en 2011, dont un avocat, Makis Vorodis, très ami avec Le Pen, Golnisch et Carl Lang. Leur entrée au gouvernement avait d’ailleurs été saluée par le FN.

    Quant au second député, Georgiadis, il est l’auteur d’un pamphlet antisémite paru en 2006 : « Juifs : l’entière vérité ». Deux ans avant son entrée au gouvernement euro-libéral, il avait accusé le premier ministre Papandréou (également secrétaire de l’Internaltionale socialiste) « d’avoir vendu la Grèce à la communauté juive ». Belles fréquentations.

    En France « nos libertés sont menacées…par l’islamisation de notre société… » comme cela a été dit le 18 janvier à Six-Fours par le sénateur FN de Marseille, Stephane Ravier, maire du 7è secteur, invité du secrétaire départemental. Chassez le naturel…

    Lorsque fille Le Pen instille qu’elle n’est pas d’accord avec tout le programme de Syrisa, elle cherche à accréditer l’idée qu’il pourrait y avoir des convergences. Lesquelles ?

    Les engagements de Syrisa ne se contentent pas de vouloir naturaliser les immigrés (nationalité automatique après sept ans de présence), mais encore de faciliter le regroupement familial, de naturaliser tous les enfants nés en Grèce, de leur reconnaître l’accès à la santé et à l’éducation…Où sont les con vergences ?

    Et nous pourrions faire le même constat d’incompatibilité sur tous les chapitres de son programme. A commencer par le relèvement du SMIG à 750 euros, la renégociation de la dette qui a conduit à l’anéantissement économique et social de la Grèce, à la perte de sa souveraineté et des libertés, de ses capacités productives, de sa dignité. A une extension sans précédent des privilèges et de la corruption.

    Le FN s’imagine-t-il porter en France un espoir libérateur ? C’est ce qu’il cherche à faire croire, à l’évidence. Il représente un danger mortel pour la démocratie, la laïcité, la république. D’autant qu’il avance en tenue de camouflage.

    Le choix historique du peuple grec du refus de l’austérité et de la soumission aux dogmes libéraux peut ouvrir dans toute l’Europe, une perspective à gauche, résolument anti-libérale, sociale et écologique, à toutes les forces populaires, si elles choisissent le chemin du rassemblement et de l’offensive.

    Chacune a bien conscience que la victoire de Syrisa, aussi spectaculaire soit-elle, va faire l’objet d’un affrontement de classes entre les tenants d’une Europe au service des marchés et du Capital et les peuples assignés à payer les dettes à la place de ceux qui les ont décidées.

    Syrisa fait le choix de rester dans l’Europe et dans la zone euro, non pour se soumettre aux diktats de la troïka, mais pour les contester et contribuer à en changer les règles et la finalité. Tsipras en a bien conscience qui déclarait dimanche soir : « le plus difficile commence aujourd’hui… »

    Le rapport des forces n’est pas favorable au niveau des institutions mais il est en train d’évoluer dans les profondeurs des peuples.

    Qu’ils se rassemblent, se fassent entendre et respecter et tout devient possible.

    René Fredon

  2. De la Grèce au Var, en passant par la France, nous ne rembourserons pas la dette !
    L’actualité se collisionne dans les pages de Var Matin, en ce début de semaine… D’un côté, la victoire de Syriza en Grèce, qui annonce la rupture avec les politiques austéritaires (ou tout du moins leur remise en cause progressive) par la renégociation de la dette, et en pages départementales, la fermeture des services publics dans notre département.
    Libéralisation, dérégulation et application des politiques austéritaires conduisent à toujours plus de fermetures de services publics dédiés, jouant un rôle de proximité, et délivrant un service public de qualité.
    A cela les collectivités locales tentent d’y substituer des espèces de guichet unique, mais qui ne rendront jamais la même qualité de service, car la qualité du service se réalise aussi par des moyens, et des agents dûment formés et qualifiés en capacité de répondre aux besoins de nos concitoyen-ne-s… et vu que les budgets des collectivités locales sont soumises à forte pression du fait des baisses absurdes des dotations de l’Etat, toujours dans l’objectif de rembourser la dette du pays… ces dispositifs palliatifs sont plutôt mal engagés.
    A cela, il faut comprendre et entendre une seule chose : nous ne rembourserons, en France comme en Grèce, jamais la dette ! La dette grecque, en 8 plans d’austérité, est passée de 120 à 190% du PIB alors que les retraites ont été baissées de 25%, comme les salaires des fonctionnaires, que le port d’Athènes a été vendu (aux chinois) ainsi que plus d’une centaine de plages…
    « Payez ou ce sera le désastre », disent-ils. En réalité c’est payer qui est le désastre.
    Il devient au contraire urgent de relancer l’investissement public dans notre public de manière organisée et planifiée, dans des secteurs d’avenir en matière de transition écologique et
    énergétique, par exemple ou de nouvelles filières industrielles comme la déconstruction navale, qui répondent à la fois à des besoins économiques, sociaux et écologiques.
    Telles sont les conséquences à tirer de ce dimanche électoral en Grèce, pour l’Europe, pour la France et notre département !
    Luc LEANDRI
    Conseiller Régional
    Membre du Groupe Front de Gauche
    2ème Vice-Président de la Commission des Finances et du Personnel

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