Fréjus : Le RN… en marche pour la présidentielle

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Pas de surprise, c’est à Fréjus, navire amiral de la dizaine de mairies dirigées par le RN depuis 2014 que Marine Le Pen a fait sa rentrée politique. Béziers a toujours un maire d’extrême-droite qui avait le soutien du FN à l’époque sans y adhérer et qui a pris ses distances très vite avec l’appareil mais pas avec l’idéologie.

Au Luc, le maire a changé trois fois et l’actuel a remis sa carte. À Cogolin autre cas d’espèce, Lansade, parachuté en 2014, hésite beaucoup à se représenter (hors RN) et avec qui ? Des projets immobiliers insensés, une crise interne permanente, deux policiers révoqués…il n’a vraiment plus le vent en poupe.

À part ça, tout va très bien. À Fréjus, pas de rébellion, David Rachline est un inconditionnel de la famille Le Pen, surtout de la fille désormais. Sous son air discret et appliqué il gère d’une main ferme, les copains d’abord et reste un admirateur du père-fondateur tout en se montrant très discipliné mais il n’a fait qu’accentuer la fracture sociale et mener une politique très libérale.

Il n’y a plus de groupe à La Seyne, la sénatrice Claudine Kaufmann a démissionné avec perte et fracas mais le RN n’en a pas moins battu la liste Macron aux Européennes et celle des LR dans le Var où il « réorganise » sa structure très verticale

Les municipales c’est une autre élection surtout dans les petites et moyennes communes où les listes sont très panachées au départ. Et possiblement dans les grandes au second tour.

Le problème du RN c’est qu’il n’a guère d’alliés qui, même proches, hésitent à s’afficher avec un parti d’extrême-droite qui n’aime pas qu’on l’appelle par son nom. MLP se dit favorable à des fusions de listes entre les deux tours…et préfère « union nationale » à « union des droites » chère à sa nièce qui organise une convention des droites le 28 septembre.

Il ne suffit pas de se déclarer contre la privatisation des aéroports de Paris ou faire les yeux doux aux gilets jaunes, s’auto-proclamer « l’opposition nationale à Macron » pour faire oublier son hostilité à la GPA, à l’accueil des migrants et ne rien dire sur les retraites face au pire qui nous est promis, sans parler des affinités du RN avec Trump, Bolsonaro et autres Orban, Salvini…qui ne s’embarrassent pas de considérations humanitaires.

Le discours de Fréjus a été marqué par l’ambition déclarée d’atteindre le sommet du pouvoir : l’Élysée. Et si possible de conquérir de nouvelles mairies sans en perdre, ce qui n’est pas garanti vu les politiques sociales, la discrimination et l’hostilité bien connue envers les Français.es qui, selon ces…républicains, ont un nom et une religion qui menacent la civilisation occidentale. Rien que ça.

Les grandes phrases : « participer au combat pour le redressement de la France« …« une autre vision de la société… » lui donne des airs de faux prophète qui utilise des éléments de langage séduisants et rassurants sans détailler le pour quoi faire, avec qui et au bénéfice de qui ils aspirent à gouverner ? « Les Français d’abord… » c’est bien connu !

Dans le même temps, le RN banalise les milices musclées qui battent la montagne pour intercepter les migrants et les livrer à la police qui ne leur a rien demandé. Il fait preuve d’une bienveillance qui s’apparente à un soutien à peine déguisé. La justice vient de condamner ces « identitaires » à de la prison ferme. Motus et bouche cousue.

Tout comme la mise en examen toute récente du père fondateur pour « détournement de fonds publics et complicité » dans l’affaire des emplois présumés fictifs d’assistants de députés européens. Ce ne peut être qu’un complot, bien entendu.

À la veille des municipales elle déclare que « l’avenir n’est plus au global mais au local «  elle a le sens de la formule mais le « local » a toujours constitué l’échelon le plus proche des citoyens, d’où l’intérêt de l’élection municipale. Mais ce qu’elle vise, c’est le sommet, le centre où se décident les orientations des politiques qui vont s’imposer aux communes dont on retire les compétences au profit d’une recentralisation des pouvoirs.

Curieusement à la fin de son discours elle n’a pas dit « vive la république » mais « vive l’Europe » ? Il y a peu, elle voulait sortir de l’euro et de l’Europe, maintenant les nouvelles percées de l’extrême-droite en Allemagne, en Autriche, en Hongrie etc, lui montent à la tête. Elle appelle de ses voeux une « alter-Europe ». Encore un sommet à gravir.

Serait-elle en train de devenir « européiste » ?  Elle n’a pas oublié l’immigration qui nous coûte un pognon de dingue a-t-elle ironisé. Elle a mis la sourdine sur sa crainte maintes fois exprimée comme un épouvantail selon lequel « les migrations du sud bouleversent la démographie en même temps que nos « racines chrétiennes », flirtant avec la théorie « du grand remplacement »

Vous ne l’entendrez jamais fustiger le capitalisme exploiteur des peuples qui génère les fractures sociales et la dégradation continue de la planète. Pas plus que le RN combat le grand patronat et soutient les luttes sociales qui visent à faire progresser le niveau de vie et à améliorer les conditions de travail. Seule l’intéresse la récupération des mécontentements à des fins politiciennes.

Au fond, c’est sur la manière de gérer le capitalisme que le RN se distingue de LREM et des LR. Ils cherchent à brouiller les cartes mais leur projet de société est à l’opposé de la nécessité d’une alternative progressiste dans une perspective de dépassement du capitalisme.

René Fredon

 

 

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