David Rachline ( à droite sur la photo), promu directeur de campagne
Pas de surprise, ce week-end à Fréjus. Marine Le Pen a réuni ses troupes pour lancer sa campagne. Sa candidature ne faisant aucun doute, il s’agissait de donner l’impression que le parti frontiste est uni et fin prêt pour 2017. Malgré les dissonances et le nom du père.
D’ailleurs, la petite-fille a tenu à rappeler que si la campagne se fait autour de la candidate choisie et donc soutenue par le FN, « ce n’est pas faire injure à l’héritage du FN. Nous savons d’où nous venons, qui a semé les graines que nous récoltons et à ce titre il n’y a absolument pas de honte à avoir…c’est précisément cette cohérence dans le temps qui, aujourd’hui, fait notre force principale ».
Ce qui revient à dire : « on n’est pas dans le changement mais dans la continuité, on s’adapte ». Ils restent bien sur les mêmes valeurs, sur les mêmes idées ultra-conservatrices.
Il s’agit donc de soigner le décor et les costumes. De mesurer les propos, d’adopter la posture d’une présidentiable qui veut ratisser large quitte à brouiller les pistes pour séduire les déçus de droite et de « gauche », tout en leur proposant…encore plus de libéralisme !
Rétablir l’autorité de l’Etat, c’est nécessaire mais dans la bouche du FN, même métamorphosé en « rassemblement bleu marine », on sait ce que ça veut dire. Entre la Nation de Maurras et celle de Jaurès, il y a un fossé. Le rayonnement de la Révolution française n’est pas apprécié de la même façon par tous ceux qui, pourtant, se réclament de la République. Les mêmes mots donnent lieu à des interprétations très différentes, voire opposées.
C’est ce qui fait le charme de la Démocratie de pouvoir en débattre et le FN se coule dans le moule… prêt à utiliser les trois mots inscrits au fronton de nos écoles : « liberté, égalité, fraternité » qui symbolisent justement les idéaux de 1789. Plus que jamais à reconquérir.
Il fustige au contraire -et il n’est pas le seul- ceux qui luttent pour la réindustrialisation de la France, pour de meilleurs salaires, retraites, contre les inégalités sociales, les privations de liberté abusives selon notre droit, il est de ceux qui stigmatisent toute une composante religieuse de la communauté nationale, qui criminalisent l’action syndicale, remettent en cause le droit du sol … Alors il y a danger, sérieux danger pour la démocratie.
A Fréjus, trois personnalités extérieures étaient invitées pour souligner « l’ouverture, le changement, la rupture » avec le FN de papa qui n’avait pas été invité mais qui déjà avait troqué l’étiquette « extrême-droite » pour celle de « patriote et national » plus ambivalente.
Il s’agissait de Jean-Paul Brighelli, agrégé de lettres, proche de Dupont-Aignan, « d’accord à 80% avec le programme du FN sur l’école », Xavier Raufer, docteur en criminologie, spécialiste du terrorisme et de Jacques Sapir, économiste se situant à gauche, partisan de la sortie de l’euro et n’excluant pas « une alliance avec le FN de toutes les forces souverainistes »! (Finalement il n’est pas venu. Il avait envoyé une vidéo de 6 mn)
Dans un long discours, la candidate qui veut parler « au nom du peuple » a évoqué sa vision de la France, de son identité, de sa souveraineté, de sa sécurité, de son « patriotisme économique », de la responsabilité de l’Union européenne et de l’euro qui y feraient obstacle et seraient à l’origine de l’immigration massive et du communautarisme … Un peu court. Evitant de prononcer le mot islam ni de préciser les contours de ce protectionnisme radical d’autant qu’il ne s’accompagne d’aucune critique sur la maîtrise de la finance sans laquelle rien ne peut véritablement changer.
Ne voterait-elle pas Trump si elle était américaine ? Tout un programme.
Elle est dans le culte de la personnalité qu’il suffirait d’élire pour que tout se règle, pour que la France retrouve ses « racines… chrétiennes », sa culture, son prestige d’antan, sa prospérité, son rayonnement, sa cohésion sociale… en renvoyant chez eux celles et ceux qui ne sont « pas de chez nous » à moins qu’ils adoptent « nos » modes de vie et de pensée et se fassent oublier.
Dans la vie quotidienne, à commencer par Fréjus, on a plutôt l’impression que le FN pratique l’intolérance, la discrimination (notamment par les subventions), la stigmatisation d’une minorité religieuse et l’écrémage social d’une commune côtière minée par la spéculation immobilière. Pas de mosquée, pas de migrants. Ils ont la solution !
A Nice, les militants du « bloc identitaire », dissout pour pratiques musclées de la préférence nationale, ont trouvé refuge au FN et même promus à des responsabilités.
Les grands discours -surfant sur des échecs politiques désastreux pour les classes populaires mais pas que- peuvent cacher des pensées et des intentions moins séduisantes que l’expérience, comme à Toulon de 1995 à 2002, devrait aider à détecter, avant de s’en mordre les doigts.
René Fredon
Légende de la photo de gauche à droite Marine Le Pen Présidente du Front national, Frédéric Boccalletti Secrétaire départemental du FN, David Rachline Sénateur du Var Maire de Fréjus
