Fillon contre-attaque, Hamon confirme…et après ?

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Décidément le rendez-vous des présidentielles s’annonce très ouvert, plein de rebondissements. Commençons par la droite.

Les récentes révélations concernant François Fillon soupçonné d’avoir fait bénéficier son épouse d’un emploi fictif (au moins) en sont l’illustration. La justice financière a jugé bon d’ouvrir une enquête préliminaire. Les auditions ont commencé.
Sérieusement déstabilisé depuis quelques jours par ces révèlations du Canard Enchaîné et de Médiapart, François Fillon a choisi le meeting prévu à La Villette ce dimanche pour tenter de rassurer sa famille politique en prononçant un discours qu’il a voulu offensif sur le terrain politique, après avoir balayé d’un revers de main les attaques dont il est victime mais qui ne l’abattront pas dit-il d’un ton résolu, invitant ses troupes »à amplifier la campagne qu’il a engagée…haussez le ton » leur a-t-il lancé !

Il  est revenu en détail sur son programme tellement anti-social que des voix s’étaient élevées à droite, chez les LR, à l’UDI pour en souligner le caractère ultra-conservateur. Au point que Bayrou pourrait être candidat ou se mettre au service de Macron, le second fer au feu des libéraux que n’effraient pas du tout, au contraire, les financiers et le grand patronat pourvu que rien ne change.

Car Fillon en a remis une couche dans son discours encore plus « droitisé » pour essayer de couper l’herbe sous le pied du FN dont il présente le programme comme la copie de l’original, à savoir de l’épouvantable Mélenchon et du Front de Gauche ! Il ne fait pas dans la dentelle. Et en bon démagogue il a eu cette formule : »Je ne suis pas l’ennemi des fonctionnaires  mais de la bureaucratie. » Il veut juste en supprimer 500 000 en 5 ans ! Ils apprécient beaucoup et les Français avec, car avec moins d’agents dans les écoles, les hôpitaux, la poste, les transports, la sécurité…les services publics ne peuvent pas faire face à leurs missions. Il les liquide!

Il n’avait pas besoin de préciser qu’il n’était pas non plus l’ennemi de la finance, ni de l’entreprise et il a soigneusement évité de parler de la feuille de route dont il avait réservé la primeur au MEDEF (Voir  l’article « Fillon : la vidéo qui fait très mal »).

On se demande bien pourquoi, en tandem avec Sarkozy, de 2007 à 2012 ils n’avaient pas été reconduits à la tête de l’Etat ? On connaît sa réponse : il ne tenait pas le volant. Il n’était que l’exécutant. On sait maintenant qu’il trouvait trop douce la politique pourtant musclée de son patron.

La sienne s’annonce nettement plus épicée pour le peuple qu’il aime tant. Il se veut un  « monsieur la rigueur »…pour les autres. On n’est pas obligé de le suivre. Ni de le laisser faire.

Second évènement du week-end, la nette vitoire de Benoît Hamon sur Manuel Valls : 58,65% contre  41,35%. lors du 2è tour de la primaire socialiste. Confirmation de la condamnation très majoritaire des électeurs du PS de la ligne du gouvernement Hollande-Valls-Macron qui s’est converti aux critères libéraux au mépris de ses engagements de campagne. On en connaît le résultat.

Ce qui a provoqué le malaise au sein même de sa direction et de son gouvernement et plus encore parmi les électeurs de gauche qui l’avaient porté au pouvoir.

Voilà le vainqueur-surprise, comme Fillon, qui va être chargé de rassembler la famille socialiste -que d’aucuns confondent avec toute la gauche, à longueur de journée sur toutes les ondes- rude tâche au moment où, chez les partisans de Valls, soutenu par une majorité de ministres et de parlementaires, certains ne cachent pas leur attirance pour Macron, pour d’autres c’est déjà fait !

Ce prétendu « socialiste » s’en est toujours défendu. Il servait une politique qui ne l’était pas davantage. Croire que ces socialistes-là vont se ranger derrière Hamon et son programme qu’ils combattent, ne paraît pas très sérieux.

Pour quelques-uns, ils placent sans doute leurs espoirs de reclassement sur leur allié déjà « en marche »qui a aussi la sympathie affirmée des milieux patronaux et financiers, des hauts cadres dirigeants, cela sans même connaître son programme puisqu’il ne l’a pas encore révélé. Ils diront, comme Gérard Collomb le maire de Lyon, rallié de la première heure que « c’est pour se rassembler et battre l’extrême-droite ». Noble motivation. Peu importe pour quoi faire ?

Le FN serait moins influent s’ils avaient tenu leurs engagements et abouti à faire reculer le chômage, la pauvreté, les inégalités, les échecs scolaires… et augmenté les bas salaires, pensions et retraites, minimas sociaux…etc  C’est aussi vrai pour la droite qui fait de la surenchère pour éviter l’hémorragie de son électorat vers le FN.

Mais il aurait fallu s’attaquer à la finance, aux privilèges, à la fiscalité des hauts revenus, à la fraude et à l’évasion fiscale. Il y a largement de quoi alimenter de bons budgets de l’Etat et des collectivités locales tout en engageant la transition écologique, en répondant aux urgences sociales.

La tâche de Benoît Hamon pour recoller les morceaux d’un PS divisé ne s’annonce pas de tout repos. Il a, fort de son résultat, lancé sans tarder un appel à JL Mélenchon et Y Jadot pour construire une majorité gouvernementale. C’est bon signe. Encore faut-il en déterminer le contenu et derrière quel candidat ? Comment vont réagir les deux autres partenaires déjà investis et en campagne ?

Tout reste à faire mais sans un tel rassemblement, il est à craindre que la multiplication des candidatures à gauche ne permette pas de passer le cap du 1er tour. C’est au nom de cette réalité que le PCF s’efforce de convaincre ses partenaires depuis de longs mois. C’est pour cela qu’il a choisi de soutenir Jean-Luc Mélenchon, en toute autonomie. et pour ne pas ajouter à la dispersion.

Etant entendu qu’aucun vainqueur ne pourra gouverner sans alliés. Se compter au premier tour pour disparaître au second ne paraît pas de nature à créer la dynamique unitaire.

Or il s’agir de construire -et c’est possible- une majorité progressiste contre l’austérité, qui rompe avec les politiques précédentes et leurs conséquences, qui relève les défis sociaux, écologiques, économiques, institutionnels…en s’attaquant à la racine du mal qui ronge les sociétés : la domination d’une oligarchie financière mondialisée  au service des seuls intérêts d’une infime minorité.

Nul doute que la situation va encore évoluer et la campagne s’accélérer. L’enjeu est tel et les circonstances si particulières que rien n’est joué à cet instant. La gauche n’est pas morte. Pas plus que les idéologies. La vie sociale et politique a besoin d’un souffle régénérateur puissant.

Et si on était en train de le vivre… et si on s’y attelait ne serait-ce que pour ne pas avoir de regrets ?

René Fredon

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