Des livres et vous

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Paroles d’avant l’oubli
La retirada. Une famille dans l’exode des républicains espagnols en
1938 et 1939
d’Emma Sanz-Delzars

PAROLES D'AVANT L'OUBLI-2Collection le temps d’apprendre
248 pages
Format 165x205mm
Prix 19 €
Editions Parole

Le putsch des militaires contre la république, les 17 et 18 juillet 1936, déclenche la guerre civile espagnole entre nationalistes et républicains. Cette guerre meurtrière aboutira, le 1er avril 1939, à la dictature du général Franco, dictature qui durera 36 ans. Cette longue nuit espagnole, l’Histoire nous l’a apprise. Mais que savons-nous de cette retraite, la « Retirada », de milliers de familles républicaines vers la France, exode qui donnera naissance aux premiers camps de concentration en Europe ? Grâce au témoignage d’Emma Sanz-Delzars, nous vivons au plus près d’une réalité qui se répète, comme si l’histoire de l’Humanité était prise de hoquet. Avec sa famille, nous marchons et traversons les Pyrénées enneigées dans un sauve-qui-peut pathétique. Dans le pays qui accueille ces réfugiés, nous partageons leur quotidien fait de quelques petits bonheurs et d’innombrables peines. Nous sommes au cœur de la peur, de la souffrance et de la fierté. Ce livre d’une porte-parole nous apprend ce qui s’est passé et nous invite à ne pas oublier.

 

Le Royaume d’Emmanuel Carrère

livre-royaume-triple-bande640 pages,
Prix 23,9 €
ISBN : 978-2-8180-2118-7
Editions POL

Le Royaume raconte l’histoire des débuts de la chrétienté, vers la fin du Ier siècle après Jésus Christ. Il raconte comment deux hommes, essentiellement, Paul et Luc, ont transformé une petite secte juive refermée autour de son prédicateur crucifié sous l’empereur Tibère et qu’elle affirmait être le messie, en une religion qui en trois siècles a miné l’Empire romain puis conquis le monde et concerne aujourd’hui encore le quart de l’humanité.
Cette histoire, portée par Emmanuel Carrère, devient une fresque où se recrée le monde méditerranéen d’alors, agité de soubresauts politiques et religieux intenses sous le couvercle trompeur de la pax romana. C’est une évocation tumultueuse, pleine de rebondissements et de péripéties, de personnages hauts en couleur.
Mais Le Royaume c’est aussi, habilement tissée dans la trame historique, une méditation sur ce que c’est que le christianisme, en quoi il nous interroge encore aujourd’hui, en quoi il nous concerne, croyants ou incroyants, comment l’invraisemblable renversement des valeurs qu’il propose (les premiers seront les derniers, etc.) a pu connaître ce succès puis cette postérité. Ce qu’il faut savoir aussi, c’est que cette réflexion est constamment menée dans le respect et une certaine forme d’amitié pour les acteurs de cette étonnante histoire, acteurs passés, acteurs présents, et que cela lui donne une dimension profondément humaine.
Respect, amitié qu’Emmanuel Carrère dit aussi éprouver pour celui qu’il a été, lui, il y a quelque temps. Car, comme toujours dans chacun de ses livres, depuis L’Adversaire, l’engagement de l’auteur dans ce qu’il raconte est entier. Pendant trois ans, il y a 25 ans, Emmanuel Carrère a été un chrétien fervent, catholique pratiquant, on pourrait presque dire : avec excès. Il raconte aussi, en arrière-plan de la grande Histoire, son histoire à lui, les tourments qu’il traversait alors et comment la religion fut un temps un havre, ou une fuite. Et si, aujourd’hui, il n’est plus croyant, il garde la volonté d’interroger cette croyance, d’enquêter sur ce qu’il fut, ne s’épargnant pas, ne cachant rien de qui il est, avec cette brutale franchise, cette totale absence d’autocensure qu’on lui connaît.
Il faut aussi évoquer la manière si particulière qu’a Emmanuel Carrère d’écrire cette histoire. D’abord l’abondance et la qualité de la documentation qui en font un livre où on apprend des choses, beaucoup de choses. Ensuite, cette tonalité si particulière qui, s’appuyant sur la fluidité d’une écriture certaine, passe dans un même mouvement de la familiarité à la gravité, ne se prive d’aucun ressort ni d’aucun registre, pouvant ainsi mêler la réflexion sur le point de vue de Luc au souvenir d’une vidéo porno, l’évocation de la crise mystique qu’a connu l’auteur et les problèmes de gardes de ses enfants (avec, il faut dire, une baby-sitter américaine familière de Philip K. Dick…).
Le Royaume est un livre ample, drôle et grave, mouvementé et intérieur, érudit et trivial, total.

 

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