De la dérive monétaire actuelle

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Un gars qui fume 2 paquets par jour sait que son médecin a raison quand il lui dit qu’il mourra d’un cancer s’il continue. Pourquoi ne change-t-il pas pour autant ses habitudes ?

C’est pareil avec notre société. Nous savons que la monnaie-dette nous emmène droit dans le mur du désastre humanitaire et écologique, mais nous continuons notre petite routine, sans agir pour changer de paradigme monétaire, sans agir pour changer nos habitudes…

Tout est une histoire de volonté, celle de s’extirper de sa routine quotidienne, de ses peurs, de ses angoisses, celle de se confronter au réel. Le gars qui fume intensément ne veut pas faire l’effort de réduire la cadence, car il sait qu’il souffrira de son manque de nicotine.

Le fumeur vit dans un confort qu’il sait éphémère, mais au moins certain. Le cancer est une éventualité pour lui, alors que pour le médecin riche de son savoir scientifique, c’est une certitude.

C’est pareil avec nous. Nous vivons dans un confort matériel éphémère, mais certain à court terme. Nous ne voulons pas changer nos habitudes pour une crise économique, une guerre, ou un désastre climatique, tous hypothétiques.

Pourtant, ceux qui sont lucides sur les questions monétaires et financières, savent que la fuite en avant des banques centrales pour sauver la monnaie-dette, ne peut nous mener qu’au chaos.

Plus le temps passe, et plus les événements leur donnent raison. Mais les banquiers centraux, comme les politiques et la plèbe vivent dans l’instant présent, dans la « dictature du pragmatisme », incapables du sursaut nécessaire pour s’extirper du bourbier dans lequel nous sommes.

Comment changer les choses ?
Le médecin ne peut pas sauver le fumeur frénétique sans patiemment vulgariser ses connaissances scientifiques et les faire comprendre à son patient.

Pour les questions monétaires, c’est le même chemin qu’il faut suivre : il faut patiemment ôter le voile de complexité qui entoure les questions monétaires et financières pour convaincre le peuple de changer de modèle.

S’il est trop tard ?
Comme pour le fumeur hermétique aux conseils de son médecin qui finira par mourir d’un cancer, nous devrons faire face aux conséquences de nos inactions, et payer le prix fort de la grande crise financière, économique, sociale, humaine, climatique, à venir.

Le jeune fils du fumeur qui a vu de ses propres yeux le malheur qui a touché sa famille, ne fumera pas et il en dissuadera fortement son fils. Quand aux autres générations, le temps leur fera oublier le fruit de l’expérience familiale douloureuse.

C’est pareil avec notre société. Nous avons oublié collectivement les leçons de l’histoire, celles de la crise financière de 1929, de la crise économique et sociale des années 30, celles de la guerre mortifère de 39-45.

Après la guerre, nos aïeux avaient compris qu’il fallait nationaliser immédiatement la Banque de France (alors que Blum en était convaincu une décennie avant eux). Ils ont aussi compris qu’il fallait nationaliser le système bancaire pour le mettre au service de la reconstruction.

En somme, ils avaient compris que les banques devaient être au service de la société, et non l’inverse ! Avec le temps, les banquiers ont pris à nouveau leurs aises, avec pour tournant l’hyper financiarisation de l’économie à la suite du choc monétaire de 1971 (Bretton Woods).

Comble de l’histoire, c’est sous une Présidence dite socialiste que la frénésie de la privatisation du système bancaire a eu lieu.

Comme de nombreux petits fils du fumeur qui ne connaissent plus leur histoire familiale, l’expérience douloureuse du passé s’est dissipée. Ces derniers sont en proie à faire les mêmes erreurs du passé que leur aïeul.

Nous sommes exactement dans ce cas. Nous avons oublié le passé, nous sommes dans les « nouvelles années folles », où l’insouciance d’une société « hanounisée » se mélange à la montée en puissance des populismes.

Le train avance à grande vitesse pour se vautrer dans la gare finale, et les passagers sont trop occupés à leurs affaires personnelles.

Pour sortir de ce bourbier avant qu’il ne soit trop tard, sachez que l’effort est nécessaire, mais c’est un moindre effort si on le compare à ce qui nous attend.

Pour que cet effort soit collectif et utile, il faut que le plus grand nombre s’y mette. Pour cela il faut que la prise de conscience soit collective. Pour que cette dernière soit effective, il faut diffuser un maximum la connaissance.

Il vaut mieux raviver en nous la douleur du passé pour éviter la mauvaise trajectoire prise par nos aïeux des années 20, plutôt que d’avoir à subir ce qu’ils ont eu à subir.

Je vous garantis qu’il vaut mieux une prise de conscience par la connaissance, qu’une prise de conscience une fois que le pire arrive. À nous de faire le boulot que les médias des milliardaires ne feront pas. À nous de diffuser la connaissance sur les alternatives monétaires !

À nous d’y croire. À nous de faire comme si on pouvait déplacer des montagnes. À nous de faire prendre à l’histoire une trajectoire qui est déjà écrite !

Anice Lajnef

Suivez Anice sur Twitter @AniceLajnef et/ou sur son blog https://blogs.mediapart.fr/anice-lajnef/blog

 

 

 

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