Au moment où Trump fait le forcing pour susciter les manifestations en faveur de la reprise du travail, en pleine expansion de la pandémie, se développe une campagne anti-chinoise allant jusqu’à insinuer la responsabilité de la Chine dans la propagation volontaire du virus ! Pas besoin de preuve.
Le Pr. Montagné (Prix Nobel 2008) s’est invité dans le débat et a parlé d’un virus SARS-Cov-2, manipulé et sorti accidentellement d’un laboratoire de Wuhan fin 2019. Cela suffirait-il à rendre la Chine responsable de la pandémie ? Oui … à condition de le démontrer. Pas de tenir l’hypothèse pour validée.
Or de très nombreux scientifiques estiment que cette théorie du Covid-19 liée au VIH n’a pas de sens. La communauté scientifique et celle des médecins et des pharmaciens ayant par ailleurs, un lourd contentieux avec le Professeur.
Serait-ce le fait que ce laboratoire de Wuhan, de niveau 4, le plus haut niveau de confinement biologique, est le premier de Chine continentale ? Deux autres existent à Taïwan. Cela peut déplaire à certaine puissance entretenant les tensions géopolitiques pour tenter de conserver son leadership dans tous les domaines.
Tout cela ne fait qu’alimenter la thèse complotiste chère à Trump et à laquelle Macron a crû bon de s’associer. Non pas que la Chine n’ait pas à répondre à des questions légitimes qui relèvent du droit de tous les États… à condition de ne pas être désignée coupable sur assignation.
Trump se contredit de manière grotesque, à longueur de journée. Il se permet d’accuser la Chine de manipuler l’ONU et tout particulièrement l’OMS que les États-Unis ne financent plus, du jour au lendemain…Dans ses tweets il fait appel aux organisations d’extrême-droite pour exiger la reprise du travail dans les États! On connaît son style et ses méthodes, son nationalisme ultra-libéral.
Aux E-U, le nombre des décès vient de faire un bond de plus de 50%, passant de 22 109 décès à 34 750 en quatre jours ! Le total mondial s’établissant à 150 142 le 18/4 contre 114 539 le 12/4. (1) et (2)
La tendance observée en France montre une légère baisse des admissions de nouveaux cas, dans les régions les plus touchées. Avec toujours des hôpitaux très chargés et des matériels qui ne sont toujours pas livrés. Ainsi qu’un taux de mortalité qui baisse peu.
Les marins lourdement contaminés
La contamination de 1081 marins (sur 1700, 2100 avec les bâtiments du groupe) du porte-avions Charles De Gaulle, ces derniers jours, rentré prématurément à Toulon secoue sérieusement la Marine, interrogée sur sa capacité à protéger des personnels confinés avant l’heure et qui se sont vus exposer à 54% au virus ? (24 sont hospitalisés, 1 en réanimation).
Une escale à Brest, du 13 au 15 mars, aurait précité les choses, le confinement à bord les aurait amplifiées et la poursuite de la mission -au lieu du rapatriement dès premiers contaminés- ont accéléré l’épidémie à bord. Les marins et leurs familles déplorent les ordres et le manque de réactivité des responsables d’une telle situation. « Tous les malades ne sont pas à l’isolement …, l’armée a joué avec nos vies. »
La dernière allocution de Macron nous renvoie au 11 mai et aux annonces faites, avec les restrictions d’usage, laissant clairement penser que les critères économiques prennent le pas sur l’évolution de la situation sanitaire.
Pas de jour sans qu’on ne nous prépare au déconfinement … si on est discipliné et, par exemple, on commence par la réouverture des écoles pour des raisons sociales et scolaires. Il est vrai que toute une population scolaire souffre davantage du confinement. Certains sont plus confinés que d’autres ! Mais n’y a-t-il pas de risques sanitaires ? Jusque là, on nous disait que les enfants étaient les meilleurs vecteurs du virus, justement parce qu’ils résistaient mieux et pouvaient le transmettre à la famille . D’autant plus si elle est nombreuse dans peu de m2.
La santé avant l’économie
Comment, du jour au lendemain, empêcher les enfants de jouer, de s’attraper, de toucher des jouets, des meubles des poignets, de respecter la distanciation…?
D’où le doute de la faisabilité, du risque sanitaire et du résultat qui traverse les parents, les enseignants.es et les élus. Le confinement, tout le monde voudrait en sortir au plus vite mais en toute sécurité d’abord. Sans parler de la logistique à prévoir.
Et comme la parole publique nous a habitués à pas mal de versions contradictoires ou d’omissions, on a réellement besoin de précisions sur les critères qui permettront d’apprécier la fin de la période de confinement, même si l’idée de « progressive » peut être entendue s’agissant du « retour à la normale ». Notion qui, elle-même, suppose d’être précisée et préalablement précédée de la levée de l’état d’exception.
De plus, le conseil scientifique, qui entoure l’omni-Président, vient d’exprimer le doute des chercheurs quant à l’immunité durable des personnes guéries du Covid-19, ainsi que sur la durée de vie des anti-corps qui pourraient, après quelques semaines, laisser la place à de nouvelles infections. Ce qui veut dire qu’on est loin de tout savoir sur ce virus qui passait, en haut lieu, pour une mauvaise grippe, à ses débuts. Encore plus loin d’être arrivés à un point de non-retour sanitaire.
Nonobstant que, du fait de la pandémie, les hôpitaux se sont vidés des malades chroniques qui ne tenaient pas à côtoyer de tels lieux « assez mal fréquentés » par un virus infréquentable.
La prudence s’impose et il ne s’agit justement pas, de considérer que la prochaine phase, c’est de restaurer à l’identique, ce qui existait auparavant, faire repartir l’activité sans rien changer au contexte qui nous avait plongés dans cette situation. Et qui ne tient pas qu’au seul virus mais aux carences reconnues des politiques libérales mises en ouvre.
Il y a en urgences, toutes les revendications immédiates relatives à la santé publique et à nos hôpitaux : les salaires, les carrières, les postes, les lits, les matériels, les investissements…C’est bien d’applaudir à 20 h 00. Cela doit se traduire sur la feuille de paye et par des actes concrets de longue portée
Par l’arrêt de toutes les privatisations, la reconquête de tous les services publics, jugés aussi utiles par…E.Macron, qui semblait en percevoir les vertus : c’est le moment ! Pas seulement la « socialisation provisoire des pertes des entreprises en difficultés ». Çà, c’était avant !
Par le retrait définitif des « réformes » celle des retraites par points et celle de l’assurance-chômage, notamment.
Pour le relèvement du pouvoir d’achat des salariés du public, très en retard, ainsi que du privé, des minima sociaux…et tant d’autres choses encore.
Nous aurons l’occasion de revenir sur la conférence de presse donnée dimanche soir par le premier ministre, celui de la santé et le directeur général de la santé, quatre jours après le président de la République. Elle portait sur les principaux axes du plan de déconfinement qui sera détaillé par le chef de l’État le 11 mai, sur fond de persistance durable du virus, » faute de population immunisée, d’absence de vaccin à court terme et de traitement efficace connu… » nécessitant une prévention efficace reposant « sur les gestes barrières, sur les tests virologiques en nombre et rapidement et sur l’isolement des porteurs du virus « a résumé Édouard Philippe.
De quoi ouvrir une perspective aussi … surprenante que peu réjouissante.
René Fredon
(2)https://actu.orange.fr/monde/virus-pres-de-160-000-morts-dans-le-monde-trump-met-en-garde-la-chine-CNT000001ptbDJ/photos/barriere-de-fermeture-de-la-frontiere-entre-la-france-et-l-allemagne-le-17-avril-2020-vue-