Conférence à Hyères : Pouvoir de la musique-Musiques de pouvoir !

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La musique n’est (presque jamais) innocente. Elle s’intègre toujours dans un contexte socio-politique dont elle est souvent le reflet sinon le moteur. C’est ce rapport entre la musique et le pouvoir (politique, religieux, économique, idéologique ou communautaire) qu’interroge la conférence  proposée par Jean-François Principiano, lundi 3 juin à 14h30 à l’Église Anglicane de Hyères 22 avenue Andrée de David de Beauregard dans le cadre de l’UTD. Entrée libre.

La musique et le monde du pouvoir.
 Dans toutes les civilisations l’art musical a été instrumentalisé afin de servir les causes les plus diverses : la guerre, la paix, les célébrations, la prière, les invocations propitiatoires, le quotidien de la vie de tous les jours, récoltes, mariages, cérémonies funèbres, rassemblements festifs.

L’exemple de Louis XIV
L’opéra-ballet de cour est un genre de spectacle particulier à la cour de France. C’est un divertissement  qui mêle poésie, musique vocale et instrumentale, chorégraphie et scénographie. Dansé par les membres de la famille royale et le roi, les courtisans et quelques danseurs professionnels, le ballet de cour connaît son apogée sous Louis XIV, qui en fait un outil de propagande politique, avec l’aide du cardinal Mazarin, mettant en évidence la puissance de la France.

L’amour de la musique  et de la mise en scène grandiose des ballets prend une place considérable dans l’esprit du  roi soleil. Cette combinaison de la musique magistrale de Lully  et de décors fastueux présentant des allégories de toutes natures, est un véhicule politique puissant qu’il utilisera pendant tout son règne (1654-1715) au cours duquel il sera soucieux en permanence d’accomplir « son métier de roi ».  Il dira lui-même plus tard: « Un roi de France doit voir dans ces divertissements musicaux autre chose que de simples plaisirs. Les peuples se plaisent au spectacle où, au fond, on a toujours pour but de leur plaire. Par là nous tenons leurs esprits et leurs cœurs »

Musique et totalitarisme
Les régimes totalitaires ont utilisé la musique en abondance pour promouvoir leur idéologie : Staline, par exemple, exigeait une certaine forme de musique pour le peuple, nommé le réalisme socialiste. Il s’agissait de chants populaires avec des paroles de propagandes qui puissent toucher l’ensemble du peuple. L’idéologie de la pièce devait mettre en avant l’homme « nouveau ». Les compositeurs qui écrivaient des pièces qui n’étaient pas en phase avec le réalisme risquaient la déportation au Goulag : certains comme Dimitri Chostakovitch, étaient  si sûrs qu’ils allaient être déportés d’un moment à l’autre qu’ils dormaient tout habillés…

Les nazis utilisaient aussi la musique pour mettre en transe le public lors des discours  d’Hitler. Ils employaient la musique de compositeurs tels que Wagner, Carl Orff ou Richard Strauss qui contenaient (plus ou moins indirectement) les valeurs de l’idéologie nazie : le patriotisme, la suprématie, et la mise en valeur de la race aryenne, race « supérieure » pour les nazis. Certaines musiques de compositeurs tels que Gustav Mahler étaient d’ailleurs interdites et dites « dégénérées » car elles ne correspondaient pas à l’idéal nazi ou étaient écrites par des compositeurs considérés comme des ennemis du Reich. La musique avait  donc une vocation politique.

Musique et société
Après avoir fait le tour des différentes formes d’instrumentalisation de la musique, la conférence souligne les liens indirects entre l’art et la société. Le pouvoir de la musique ne se limite pas à la censure ou au contrôle des esprits. La musique est universelle et certaines pièces sont des hymnes à la fraternité même sous leurs aspects religieux. La « Messe en Si mineur » de Jean-Sébastien Bach, le « Requiem » de Wolfgang Amadeus Mozart ou les quatuors de Beethoven sont plus des messages universels que des  pièces de propagande cherchant l’adhésion idéologique.

L’impact émotionnel de la musique est donc bien connu, même sans preuve scientifique, depuis l’antiquité. Si de nombreuses personnes ont utilisé son pouvoir afin de faire adhérer les populations à des idées, parfois pour contrôler ou manipuler les esprits, d’autres ont fait de l’art musical une source de libération voire de thérapie, dans le classique comme dans la variété.

La chanson « We Shall Overcome » a par exemple été utilisée lors de la Marche pour les Droits Civiques à Washington le 29 août 1963. Interprétée par la chanteuse Joan Baez, cette pièce a uni plus de 200 000 personnes, pour lutter ensemble contre le racisme. Le chœur des esclaves « Va pensiero » de l’Opéra Nabucco de Verdi a guidé les aspirations des Italiens à la liberté en 1842. Et c’est lors d’une représentation d’Opéra, la Muette de Portici que les Belges se sont mobilisés pour  conquérir leur indépendance.

Conférence : « Pouvoir de la musique et Musiques de pouvoir ! » Lundi 3 juin à 14 h 30 Église Anglicane de Hyères 22 avenue Andrée de David de Beauregard. Entrée libre.

Infos Opéravenir 04 94 48 62 75 et  Elya Weismann 06 11 81 54 73

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