Le geste sublimé.
C’est donc sur les cimaises de la belle Galerie d’Art de David Mac Millan 21 rue rue Peiresc à Toulon que l’on peut découvrir le travail récent de cet artiste singulier Elian Bachini. Avec une cinquantaine d’œuvres bien mises en valeur dans ce lieu qui accueillit les meilleurs peintres nous pouvons parcourir l’univers onirique d’un photographe majeur de notre temps.
D’origine florentine Bachini après des études littéraires dans la langue de Dante s’est orienté très tôt dans la photographie d’artistes et de spectacles. Pendant une vingtaine d’année il a témoigné par son talent des soirées chorégraphiques du centre de Châteauvallon sous la direction de Gérard Paquet.
Dans les années 1970, Elian Bachini photographia des artistes et des musiciens célèbres, des penseurs qui ont forgé une réputation internationale au lieu grâce au premier festival de jazz, retransmis en direct à la télévision et à la radio. Il y a côtoyé les musiciens légendaires comme Paul McCartney, Joan Baez ou Maria Casarès.
Une transposition formelle
Dans le domaine de la danse contemporaine, ses clichés ont témoigné de l’art de Dominique Dupuy, du ballet Félix Blaska, des ballets Joseph Russillo, du Théâtre du Silence, d’Alwin Nikolais Dance Company, du groupe Sankaï Juku du chorégraphe Ushio Amagatsu… De tout cet univers chorégraphique Bachini a fait son miel et choisi de transposer ces clichés en une série de compositions originale délivrant un message à la fois coloré et hautement symbolique.
Une extension de l’émotion
Les caractéristiques de son travail sont une vision colorée et une mise en forme lyrique du geste. Ainsi l’œuvre intitulée Invocation ou encore Dure vie, véritable chef-d’œuvre de la souffrance d’un corps en reptation, métaphore évidente des douleurs et des délivrances. Comme souvent, chez un véritable artiste les œuvres de Bachini se perçoivent déjà intuitivement. Et devant chaque « tableau » on pourra mettre des mots dessus et rendre l’inconscient conscient : grottes mystérieuses, incantations sacrées, visages extasiés, sourires crispés, mains enlacées, corps tourmentés…
L’offrande lyrique
L’art du Butô, auquel il se réfère, vient insérer la photographie dans un cadre symbolique original qui couronne une réflexion profonde, invalidant les distinctions propres à la culture occidentale entre une conception figée de la photographie et une offrande lyrique toujours renouvelée, exercice spirituel et démarche initiatique (l’œil de notre monde).
Le photographe-témoin du geste devient ainsi maître de l’instant en pratiquant un imaginaire poétique dans lequel nous pouvons compléter son regard non finito.
Bachini dit : « J’en avais assez du noir et blanc. Je veux ouvrir un espace, créer une nouvelle dimension, nouer un lien avec le cosmos, qui s’étend sans cesse au-delà du plan confiné d’une photo. » Cette belle exposition essentielle est visible jusqu’au 27 septembre.
Galerie d’Art FlorDavelia 21 rue Peiresc david@flordavelia.com
+33 4 94 62 74 11.
Jean-François Principiano