Philippe Verdier chef du service météo de France Télévision vient d’être écarté de la chaîne publique suite à la publication de son livre « CLIMAT INVESTIGATION » sorti le 1 er octobre aux éditions Ring.
Un brûlot qui met en question, non pas le réchauffement climatique mais qui en relativise l’importance et les conséquences, à partir d’une longue enquête dans les arcanes de l’ONU, du Giec et des conférences mondiales rassemblant les chefs d’Etats.
L’ouvrage tombe juste à deux mois de la COP 21 qui se tient à Paris et qui donne lieu à de multiples initiatives de sensibilisation à la question du climat, à partir d’une vision catastrophiste et injustifiée, selon l’auteur qui ne se considère pas comme « climato-sceptique ».
Le moins que l’on puisse dire c’est qu’il n’est pas tendre avec l’organisation internationale, ni avec le Giec qui en est l’émanation, ni avec les Etats qui ne tiennent pas leurs engagements financiers tandis que la consommation -donc la production- de produits carbonés ne cesse d’augmenter, ni avec certaines ONG, ni avec les entreprises qui polluent, ni avec les décideurs politiques accusés d’instrumentalisation des scientifiques, au demeurant loin d’être unanimes sur les constats, les causes, les responsabilités et les conséquences.
La direction de France Télévision considère « qu’on ne peut pas utiliser son statut professionnel, porté par l’image de l’entreprise, pour faire avancer des opinions personnelles ».
Voilà qui ne va pas manquer de faire causer dans les chaumières au moment où une journaliste courageuse de France 2, Elise Lucet, a pris, en juin dernier, l’initiative d’une pétition contre une directive européenne sur le secret des affaires de nature à empêcher toute investigation des médias pour informer les citoyens sur les pratiques illégales dont l’actualité fourmille.
Une pétition qui a recueilli près de 500 000 signatures dont celle de Rémy Pflimlin, alors président de France Télévisions qui, en tant que citoyen européen, a interpellé la rapporteuse de la directive, Constance le Grip (PPE- Les Républicains) pour qu’elle rejette le texte qu’elle a voté, ajoutant : « Ne laissez pas les entreprises dicter l’info » !
Elise Lucet est également à l’initiative d’une émission Cash Investigation qui ne manque pas d’audace et de pertinence, n’hésitant pas à mettre en cause les décideurs économiques ou politiques qui refusent de répondre à ses questions.
Cette volonté de confronter les points de vue pour que chacun puisse se faire son opinion serait-elle interdite à un autre journaliste d’investigation qui, au terme de son enquête, développe un point de vue personnel qu’il n’oblige personne à partager et qu’il ne cherche pas à faire partager à son employeur. Lequel n’avait pas hésité à intervenir dans le champ politique. Et pour une bonne cause.
Il faudrait donc, aujourd’hui interdire à Philippe Verdier de penser et d’écrire sur ce qui l’a conduit à se forger une opinion, sinon il perd son emploi ! Faut-il rappeler le nombre de journalistes et de rédacteurs en chef qui ont publié des livres -souvent très politiques- tout en conservant leur poste ? La liste serait trop longue.
Certains ont été « remerciés », on n’en parle moins, comme Denis Robert qui a payé cher son travail d’investigation dans l’affaire Clearstream. Il n’est hélas pas le seul.
Autrement dit : « ne vous occupez pas de ce qui ne vous regarde pas : vous êtes météorologue, pas climatologue… et vous vous permettez de critiquer le pouvoir politique qui accueille tous les chefs d’Etats, d’instiller le doute sur ce qu’il pense, sur le message qu’il veut porter, sur l’image qu’il veut donner à un moment où il en a bien besoin ? »
N’est-ce pas ça qu’on retient en filigrane de cette mise au placard avant sanction plus définitive ? Il peut s’en cacher des choses derrière la déontologie. L’hypocrisie, par exemple. L’abus de pouvoir aussi. La pensée unique dans tous les domaines mêmes scientifiques.
Comme le dit Noam Chomsky : « Dans une société bien huilée, on ne dit pas ce que l’on sait, on dit ce qui est utile au pouvoir ». C’est là le fond de l’ouvrage.
Car enfin, qui, en regardant la météo avec Philippe Verdier, a pu dénoter la moindre faute professionnelle, le moindre commentaire sur un autre sujet que la météorologie ?
Dans ce livre il ne prétend pas détenir LA VERITE, il expose les conclusions de ce qu’il retire de sa longue enquête de journaliste et de météorologue.
Qui peut lui en dénier le droit ?
René Fredon