Après les Européennes le malaise social demeure

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Après les Européennes le malaise social demeure …tout le monde passe au vert

Dans social il y a, indissociablement liée, l’écologie même si tous les écologistes ne sont pas convaincus que le combat passe par la remise en cause du libéralisme et de ses finalités. En témoigne le ralliement de deux de ses anciens secrétaires nationaux à Macron. Et la campagne « ni droite, ni gauche » de Yannick Jadot qui entretient l’ambiguïté.

Sa progression électorale traduit une incontestable prise de conscience de l’urgence écologique et de l’insuffisance des actes concrets de l’État très en deça des engagements pris. D’où la nécessité d’impliquer les citoyens.es pour exiger des États qu’ils se montrent beaucoup plus fermes avec les gros émetteurs de gaz à effets de serre, notamment, nuisibles à notre environnement, à notre santé.

Ce qui appelle la remise en cause de nos modes de consommation. Eux-mêmes liés au productivisme qui répond aux exigences de profits privés tirés de l’usage des énergies fossiles ainsi qu’aux exigences de rentabilité à court terme de ceux qui les exploitent quitte à aggraver la situation.

Macron prétend relever le défi. Qu’il nous explique alors pourquoi, depuis la COP21, la France est devenue l’un des plus gros pollueurs de la Méditerranée, en déchets plastiques notamment ? Pourquoi prend-elle du retard en matière de réduction des G.E.S, d’utilisation des pesticides…et on pourrait allonger la liste des domaines où les intérêts privés se heurtent aux objectifs fixés sous la pression des scientifiques et des opinions publiques de plus en plus engagées.

Le retrait de Trump, à la tête de l’État plus gros pollueur au monde par habitant (et qui, avec la Chine, se partage 43% des émissions mondiales de CO2, sauf que la Chine respecte ses engagements) illustre le comportement déplorable de la puissance économique dominante qui s’octroie le droit de faire ce que veulent ses grandes entreprises et ses banques en fonction de leurs seuls intérêts : accumuler le plus de profits possibles à court terme. Au détriment de l’avenir de la planète et de ses habitants.

Il est, dangereusement, à contre-courant de ce qu’exige la situation, au nom de la défense du système capitaliste dont il incarne les « valeurs » tout en sachant que si l’on ne change pas de modèle on ne fera qu’aggraver le mal jusqu’à le rendre irrémédiable. La planète s’en sortira toujours, ce sont les humains, toutes les espèces vivantes qui n’auront plus de prise sur leur existence, donc sur leur avenir.

Or c’est ce débat sur l’alternative politique qui est étouffé dans la vie publique et qui a été occulté lors de l’élection européenne. La gauche de transformation sociale qui le portait en est sortie très affaiblie et le réveil est difficile. Elle n’est pas la seule, maigre consolation. Autant d’abstentions que de votants…et on se satisfait d’une « progression » de 7%. Cela fait 23,6 millions d’abstentionnistes. La progression des écologistes est certes appréciable.

La transition écologique contient toutes les urgences…et réciproquement
C’est bien pourquoi, toutes les formations politiques se proclament écologistes aux moindres frais, surtout à droite. Non pas qu’il n’y ait pas d’aspiration parmi ces électeurs à vouloir agir contre les évolutions négatives qui épuisent la nature et les hommes mais si ça doit mettre en cause le droit des entreprises de chercher à faire un maximum de profit plutôt qu’à perdre de l’argent en réduisant leur bilan carbone, à perdre de la compétitivité, ils ont tendance à suivre ce raisonnement : que les autres commencent et on verra ! Et puis ça créera du chômage…Du coup on proclame sa fibre écologique et on fait du sur-place. Sans imaginer que la transition écologique appelle des emplois en quantité, à condition d’engager le processus, plus ou moins long selon la volonté politique des décideurs et surtout des peuples.

Mathieu Laine, l’un de ses idéologues, a titré ainsi son dernier livre : « Il faut sauver le libéralisme ». Il y développe tout ce qu’on lui doit et plaide pour tout ce qu’il peut encore nous apporter. Alors qu’il est manifestement en bout de course ! Comme disait Einstein : « la folie c’est de faire toujours la même chose et de s’attendre à un résultat différent. »

Il suffit de voir ces images de foules masquées pour respirer, dans les plus grandes métropoles du monde, un peu moins d’air vicié par tout un tas de particules en suspension, pour se convaincre qu’on est déjà à un stade bien avancé d’une civilisation dont les prodigieux progrès technologiques suscitent des interrogations majeures quand on voit la réalité humaine et l’état de déclin des espèces vivantes, sur notre terre, dans nos mers et océans, dans les airs et l’atmosphère…

Il ne faudrait rien changer du système productiviste libéral qui ne veut rien lâcher de son hégémonie sur le monde depuis plus de 200 ans ? Oui mais la Chine nous menace, disent les mêmes, par le marché qu’elle représente et par son développement économique spectaculaire, basé aussi sur le productivisme. C’est vrai et elle semble en avoir conscience plus que la puissance capitaliste dominante qui s’est retirée de la COP 21. Au moins  elle ne menace personne, ne prétend pas désigner les « bons » et les « mauvais » chefs d’État qu’elle aimerait voir se courber devant sa puissance financière et militaire. Vieux réflexe colonial.

On touche du doigt l’imbrication du politique avec tout ce qui en dépend : le social, l’écologie, la culture, l’éducation, la santé, la paix, la liberté, l’égalité réelle, les coopérations, la démocratie non dévoyée, la laïcité…jusqu’à l’aménagement de nos territoires. Aucune de ces questions n’échappe au champ politique, dans son sens noble, pas dans celui qui mène à l’individualisme, aux privilèges, à la corruption, au conservatisme des classes possédantes et aux inégalités sociales dont nous ne sortons pas. Sans parler du racisme et du nationalisme destructeurs qui ont repris des couleurs…très sombres.

L’implantation confirmée du RN ne saurait nous faire perdre de vue qu’il est le résultat de la récupération d’une partie de l’électorat de droite et des victimes des politiques libérales, des partis gouvernementaux de droite et de gauche dont les choix ont amplifié les inégalités pour les uns, très nombreux et les profits pour les autres, une minorité d’actionnaires. Et cela a profité à un parti…d’extrême-droite, dans le sillage de Trump  qui réussit à faire croire qu’il combat le capitalisme et ses excès ! Il veut le pouvoir pour le sauver, ce n’est pas la même chose.

Comment Macron ne se frotterait-il pas les mains de s’en être si bien sorti : le mécontentement ne va pas à gauche mais à l’extrême-droite, il a fait ce qu’il fallait pour agiter l’épouvantail, le présenter en challenger, pas pour le combattre, pour le placer en leader de « son » opposition, pour installer le bipartisme et surtout, pour affaiblir le camp des progressistes, trop divisés sur le fond, pour lui faire de l’ombre. D’autant que des chefs socialistes et écologistes lui ont encore fait allégeance après l’avoir installé.

La droite classique  -les LR et leurs alliés centristes- ont explosé à cette occasion, en tant que structure mais pas en tant que famille politique attachée au conservatisme social et sociétal, niant la lutte des classes et préférant la liberté d’exploiter au partage des pouvoirs et des richesses entre leurs producteurs, les profits privés aux biens communs. D’ailleurs ils ne croient pas une seconde à la société sans classe : c’est bien qu’elles existent.

Du coup, le vote de confiance à l’assemblée nationale le 12 juin n’a donné lieu à aucun ralliement spectaculaire des LR, le plus fort groupe d’opposition. 81 députés ont voté contre la confiance à Macron (dont les deux députés du Var, Geneviève Lévy et Jean-Louis Masson), 22 se sont abstenus mais aucun n’a voté pour. A noter que 47 députés n’ont pas voté. Et que les 6 députés LREM du Var présents ou représentés ont voté pour.

Le sénat, lui, a rejeté, le lendemain la confiance au gouvernement, en l’absence de groupe LREM, comme il était prévisible.

Large victoire à l’assemblée nationale, certes, qui masque le fait que Macron n’a pas amélioré sa représentativité réelle : 80% des suffrages exprimés ont choisi un autre bulletin.  Et un Français sur deux n’a pas voté. Ce qui met à rude épreuve notre démocratie…si peu représentative.

D’où l’opportunité de participer massivement au premier référendum arraché à ce gouvernement concernant la privatisation des Aéroports de Paris (qui n’est pas la première, il serait temps que ça cesse) mais aussi pour exprimer nos espérances de vivre dans une société qui offre un présent et un avenir à sa jeunesse et qui améliore au lieu de l’aggraver la situation des plus fragiles.

René Fredon

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