CHITS : un contexte dégradé

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Après la tentative de suicide et les alertes à la sécurité

CHITS : un contexte dégradé

Il y a quelques jours, deux articles ont été publiés, tendant à valoriser l’image du principal établissement hospitalier public du Var appelé à devenir le pilote varois du Groupement hospitalier de territoire, (GHT), en vue d’une nouvelle restructuration à l’échelle du département. On sait ce que cela recouvre, l’actualité vient de nous ramener à une réalité plutôt inquiétante.

La tentative de suicide d’une aide-soignante le 5 août dernier à l’hôpital Clémenceau de La Garde qui s’en est tirée de justesse grâce à l’intervention de ses collègues au moment où elle s’apprêtait à enjamber le balcon de la terrasse, permet de mesurer le décalage entre les annonces et les problèmes concrets du terrain.

Un geste qui intervient moins de 15 jours après le dépôt d’un droit d’alerte (19 juillet 2016) par le secrétaire du CHSCT (comité d’hygiène et de sécurité et des conditions de travail), Jean-Eric Lodevic, également secrétaire du syndicat FO portant sur « l’inadéquation des moyens et de la charge de travail par rapport aux pathologies des patients… »

Un autre droit d’alerte avait été déposé le 26 janvier, pour les mêmes motifs et n’avait été suivi d’aucun effet concret à très court terme, la direction promettant d’étudier la question et, face au drame qui aurait pu avoir lieu, veut rassurer en disant privilégier « un accompagnement renforcé dans les secteurs gériatriques du site de Clémenceau »

Il est donc question d’une étude visant à distinguer le secteur gériâtrique médical, l’accueil de patients âgés aux pathologies de plus en plus lourdes nécessitant donc des soins hospitaliers spécifiques et de longue durée, et le secteur gériatrique médico social pour « adapter les moyens et les filières » , notamment les Etablissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD). Il y en a 187 dans le Var.

On l’oublie parfois : les hôpitaux publics avec, comme à Clémenceau un EHPAD, continuent d’assurer un rôle social en même temps que médical, pour les personnes aux ressources limitées (il y en a de plus en plus) qui ne peuvent espérer trouver place dans les très nombreux établissements privés médicalisés du département (de 2 500 à 3 000 euros/mois).

Il s’agit, pour le service public, d’une charge financière justifiée qu’il faudrait, au nom de l’austérité asséchant les dépenses publiques, absolument réduire ! Cela au détriment des patients et des personnels chargés de s’en occuper, à la fois sur le plan médical mais aussi sur le plan social. Cela demande une présence humaine précieuse, qualifiée et suffisante pour s’occuper de personnes âgées en perte de leurs capacités physiques et mentales, le plus souvent les deux.

Redisons-le une bonne gestion financière ne peut se faire sur le dos des malades et des personnels.
La dégradation des conditions de travail génère l’absentéisme -et non l’inverse- avait montré, dès janvier, le secrétaire du CHSCT : »85 agents manquant sur le mois, entre le matin, la journée ou la nuit..la bientraitance n’est plus assurée ».

Le secrétaire général du CHITS admet qu’il faut plus de mobilité, de changements de services pour ces personnels surmenés. Il compte sur des postes vacants dans d’autres services ! N’est-ce pas tourner en rond ?

Le directeur-adjoint, Frédéric Delpech reconnaît « le mal-être des personnels… » ainsi que l’inadéquation de l’effectif avec les malades mais il est ce que nos tutelles nous donnent comme budget. » (VM 9-8-16) Nous ne le lui faisons pas dire. Ce sont des choix politiques qui poussent les gouvernements successifs à réduire les budgets des hôpitaux publics en même temps que se développent les établissements de soins privés parallèlement avec une véritable marchandisation de la santé.

C’est cette réalité-là qui nous faisait titrer « inquiétudes » à la suite des deux articles récents en forme de communication d’entreprise. Une réalité qui n’est pas propre qu’au CHITS mais les réponses de ses directeurs relèvent de l’équilibrisme, compte tenu des exigences de leur tutelle, l’ARS, c’est-à-dire le ministère de la santé, à la recherche d’économies d’échelle.

Le président du conseil de surveillance, Hubert Falco, est d’une grande discrétion sur cette actualité.
Il doit se souvenir qu’en mai 2013, une patiente de 91 ans s’était défenestrée du 3è étage de l’unité de long séjour de Clémenceau. On s’était interrogé sur la possibilité d’un tel acte, sur les conditions de sécurité et de surveillance. Sur la responsabilité de l’höpital.

Rappelons aussi que le recours aux emprunts toxiques ont pénalisé de 12 millions d’euros (rapport du CRC) les budgets du CHITS  fragilisés pour un certain nombre d’années ! Ils auraient été mieux placés en emplois.

Ce ne sont pas les progrès technologiques qui nous inquiètent, bien sûr, mais les régressions sociales, les privatisations de sevices publics alors qu’ils sont le dernier rempart pour garantir l’accès de tous à l’éducation, à la formation, aux transports, à la santé, à la culture, au sport, de plus en plus marchandisé lui aussi.

Comment ne pas être solidaires de l’action des syndicats qui dénoncent cette dégradation alors que les besoins de la population  ne cessent d’évoluer dans un département privilégié…par le soleil et par sa géographie mais pas par sa dynamique sociale.

René Fredon

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