Chambre Régionale des Comptes : prépondérance familiale

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Ce que nous avons résumé et commenté dans les deux précédents articles consacrés au volumineux et inquiétant rapport de la chambre régionale des comptes, suffirait à disqualifier les gestionnaires du département, qui depuis l’ère Arreckx, n’ont guère amélioré le népotisme en vigueur tout en mettant ce département à genoux sur le plan de sa situation financière.

Ils jouent les vierges effarouchées en brandissant leur « attachement à l’intérêt public, à la défense des collectivités locales » menacées par le gouvernement actuel qui les asphyxie en leur transférant des compétences de l’Etat. et en réduisant les aides compensatoires.

Le malheur pour les Français(es), pour le pays, à tous les niveaux de ses institutions, c’est que cette politique d’austérité, de réduction des dépenses et des services publics, préconisée par l’UE et appliquée par tous les gouvernements de droite et d’une « gauche » socialiste qui a renoncé à ses engagements, n’a pas débuté en 2012 et ne s’arrêtera pas en 2017.

Elle s’aggravera après 2017 si les mêmes restaient aux commandes, il n’est pas trop tôt pour y penser…Car le résultat, c’est que le chômage s’accroît, la croissance est toujours très en-dessous, l’endettement s’envole, les inégalités s’approfondissent, les CDD sont devenus la règle. Sauf pour les maîtres de la finance et les 1% les plus favorisés, les Français, plus encore les jeunes, sont très inquiets pour leur avenir.

Si, en plus, quand on leur confie la gestion de communes ou de départements, certains élus en prennent à leur aise, au point de se voir sévèrement rappelés à l’ordre par la cour des comptes et ses chambres régionales, pour des pratiques très éloignées de la légalité, de l’efficacité et de la morale, il appartient aux citoyens de s’en saisir et de ne plus les élire.

Tous ne sont à mettre au même niveau de responsabilité mais, s’agissant des élus locaux ou départementaux, lorsqu’une majorité ne trouve jamais rien à redire et fait bloc derrière ses leaders, quoi qu’il arrive, alors c’est cette majorité qu’il faut changer. Car elle devient co-responsable en défendant des pratiques et des privilèges inacceptables et préjudiciables à l’intérêt public.

Si la CRC dont le rapport est appelé à être rendu public, écrit « qu »une prépondérance familiale » existe dans la gestion du personnel, c’est qu’elle a relevé un certain nombre d’éléments précis qu’elle a choisi de ne pas cautionner, sous peine de participer de cette « méthode » que d’autres, du côté du FN, ont largement pratiqué pendant six ans à la tête de la municipalité toulonnaise. Pratique qu’ils ont même théorisé : de la préférence nationale à la préférence familiale !

Elle écrit ceci (p.60) :
« La présence de trois enfants des prédécesseurs de l’actuel président du conseil départemental (Maurice Arreckx, président de 1985 à 1994, Hubert Falco, président de 1994 à 2002 et Horace Lanfranchi, président de 2002 à 2015) dans les effectifs du département, durant la période sous contrôle, justifie que la chambre ait contrôlé leur carrière, y compris leurs différentes affectations et leur recrutement. »

Ce qui lui permet de préciser que si l’évaluation de leur compétence ne fait pas partie de ses missions, « les recrutements doivent répondre aux principes fondamentaux posés par l’article 6 de la déclaration des droits de l’homme et du citoyen sur l’accès des citoyens aux emplois publics selon « leur capacité, et sans autre distinction que celle de leurs vertus et de leurs talents ».

Il y a non seulement une irrégularité grave à recruter un proche, mais un risque pénal a rappelé la CRC devant l’insistance des mis en cause à justifier l’injusticiable et à contester la légitimité de la chambre à mettre son nez dans les recrutements !

Du coup, piquée au vif, elle a été « conduite à vérifier l’existence éventuelle de liens familiaux concernant les autres agents du département. » Et elle en a trouvé.

Qu’a-telle constaté ? « que certaines familles sont fortement représentées dans les effectifs du département. A titre d’illustration, l’ancien directeur des relations publiques a été, directement ou non, durant la période sous contrôle, le supérieur hiérarchique de son fils, de son beaufrère, de sa compagne et de la fille de celle-ci. Sa sœur est formellement rattachée à la direction générale des services… »

Ont été également passés au crible, des nominations contestables d’agents très proches d’anciens présidents, recrutés de manière irrégulière. Tel cet ancien directeur départemental des renseignements généraux, recruté comme directeur général adjoint et cumulant retraite substantielle et rémunération de DGA non moins confortable…en toute irrégularité. Il a même profité d’une évolution de sa carrière d’origine puisque censé être en « détachement ».

Tous les salariés détachés ne sont pas logés à la même enseigne ! Rien ne vaut les petits arrangements entre amis. L’actualité ne faiblit pas. Voyez du côté de Serge Dassault, propriétaire du Figaro, député, ancien maire de Corbeil et de Balkany, député-maire de Levallois dont les gros « ennuis » sont récurrents pour détournements de fonds publics, trafic d’influence, corruptions en tous genres…Ils ne sont pas les seuls mais ils votent nos lois. Quels exemples !

Le Var n’est pas le dernier à avoir défrayé la chronique ces trente dernières années
Revenons au rapport. Une dernière illustration : un ancien payeur départemental, lui aussi à la retraite, avait bénéficié d’un CDD de trois mois…avant de devenir directeur de la société publique locale (SPL) pour une modique rémunération mensuelle de 45 740 euros.

En cette période de chômage massif des jeunes, y compris très diplômés, voilà quelques exemples de cumuls, de plus illégaux, favorisés par nos édiles dignes d’une république bananière. Quel spectacle !

Devant la persistance des deux présidents concernés à nier la pertinence des observation de la CRC, celle-ci insiste dans ses conclusions définitives sur « la nécessité qu’il soit mis un terme définitif au recrutement, par la voie contractuelle ou par celle du recrutement direct sans concours, de personnes apparentées à des élus départementaux, compte tenu notamment des risques pénaux qui s’attachent à ces pratiques népotiques. »

On sent nettement que le courant n’est pas vraiment passé entre la chambre et les deux présidents qui n’ont pas du tout apprécié les observations de la chambre (et non pas celles du seul rapporteur, leur a-t-elle précisé dans une lettre du 11/3/16), leur rappelant qu’ils ont un an pour communiquer à la chambre « le rapport relatif aux actions que vous aurez entreprises à la suite des observations de la chambre. » A bon entendeur…

La balle est désormais dans le camp des citoyens comme de toutes les organisations politiques, syndicales, associatives… pour révéler la situation du département et les méthodes particulières de ceux qui le gèrent depuis plus de trente ans sans discontinuer.

L’heure est à la reconquête.

René Fredon

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