Samedi 25 janvier, l’association Cantastorie, en partenariat avec Le Chantier, centre de création des nouvelles musiques traditionnelles et musiques du monde, organisait une journée découverte des tarentelles d’Italie du sud.
Un vent d’Italie a soufflé sur le Centre Elias de Barjols pour une journée, inédite dans le Var, de découverte du rythme endiablé de la tarentelle, chantée, dansée et jouée.
Dès le matin, et jusque dans l’après-midi, Serena TALLARICO, Tonino CAVALLO, Raffaella TIRELLI, Eleonora PETRULLI ; venus spécialement de Calabre et de Naples; accompagnaient les membres de l’association Cantastorie et proposaient l’enseignement et la transmission des danses et de la musique traditionnelle du Sud de l’Italie, à travers des ateliers de découverte. Tous en cercle dans la salle de danse, les participants apprennent les pas de la pizzica, un type de tarentelle né dans la péninsule du Salento, ainsi que les traditions et le contexte qui l’entourent. Puis, tour à tour, les couples dansent à l’intérieur du cercle, galvanisés par l’énergie joviale du groupe, portés par le rythme des tambourins.
Pour François VOLPI, membre du conseil d’Administration du Chantier, centre de création des nouvelles musiques traditionnelles et musiques du monde: « Voilà plus de 10 ans que j’ai découvert ces musiques en Italie. Et cet évènement était un peu un défi, car il existe des stages et des ateliers consacrés à la musique traditionnelle italienne à Paris ou à Marseille ; mais jamais cela ne s’était produit dans le Var. Aussi, il s’agit de pouvoir populariser et faire connaître ces traditions musicales encore méconnues. D’autant plus, qu’il y a sur notre territoire des artistes talentueux qui jouent et chantent ce répertoire fantastique et tellement vivant. Ces musiques, ces chants et ces danses sont le reflet de comportements et de valeurs de communautés. Il faut se laisser porter par cette danse euphorisante, par ces voix sublimes. Cette musique est la projection d’une société, traduisant la vie et la mort, le profane et le sacré, le travail et la fête, l’amour et sa désillusion. Car ce sont des musiques d’essence patrimoniale, situées au croisement des questions de culture, d’identité, de transmission et de mémoire. Et bien au-delà, ces musiques représentent la diversité culturelle de l’Italie du Sud, au croisement de nombreuses cultures. Ces musiques populaires scandent les vies en nous offrant des espaces de liberté et d’émotion. C’est une merveilleuse incantation à travers la sensibilité méditerranéenne. »
Le terme « Tarantella » se réfère à une « grande famille » dans laquelle l’on retrouve la plupart des danses et musiques du Sud de l’Italie : Pizzica, Tammurriata, Saltarello et autres.
Le public assista ensuite à une conférence d’anthropologie chantée et dansée autour de la tarentelle et du tarantisme, cette danse d’amour et du mal d’amour. Ainsi, Madame Serena TALLARICO, Docteur en anthropologie et ethnologie, expliqua la fonction de la musique et des danses rituelles du bassin méditerranéen dans la prise en charge de la souffrance liée au monde invisible : les esprits, la mélancolie : « Le nom de tarantella vient de l’araignée tarentule. Les tarentelles ont en effet longtemps été associées à une pratique rituelle, dite thérapeutique. Les habitants du sud, essentiellement les femmes semble-t-il, qui se faisaient piquer par une tarentule devaient danser sur le rythme d’une tarentelle appropriée pour être guéris. Seule la danse les faisait sortir de leurs troubles. Mais cette danse ressemble furieusement à une transe et il est donc vraisemblable que l’araignée et sa piqûre aient servi de prétexte ou d’écran à un culte de possession pratiqué dans une Italie trop catholique pour tolérer telle pratique. Aussi, cette danse était l’expression la plus archaïque et la plus profonde de la dévotion païenne paysanne, ainsi qu’une forme collective de témoignage de la vie quotidienne. »
Après un apéritif italien composé de spécialités de Calabre, cette collaboration fructueuse entre ces différents intervenants se clôtura par un bal endiablé qui rassembla près de 80 personnes au son de l’organetto, des tamburello, tammora, nacchere, putipu, lire calabraise, guitare battente, mandole, flute harmonique. (Musiciens : Lydia Verdino, Tonino Cavallo, Caroline Pasqual, Patrick Ayala, Eleonora Petrulli, Alain Trouvé, Rafaella Tirelli).
Alain TOUVE, président de l’association Cantastorie : « Par l’intérêt suscité, et en tant qu’organisateurs, nous sommes satisfaits de cette première initiative de découverte de la musique et de la danse traditionnelle du sud de l’Italie. Des personnes qui ne connaissaient pas cette musique sont venues aux ateliers. Le public est heureux d’y participer, et cela est appréciable. Cet évènement ouvre des perspectives sur le développement d’autres manifestations similaires dans la région. Le côté presque exotique de cette musique intrigue le public. »
Informations :
Association Cantastorie : https://www.facebook.com/CantastorieBanda/ – cantastorie@orange.fr
Le Chantier, centre de création des nouvelles musiques traditionnelles et musiques du monde : http://www.le-chantier.com/