Vendredi 24 janvier, le comité local En Marche – Barjols proposait une soirée projection-débat sur le modèle d’intégration des demandeurs d’asile. Cette manifestation était organisée en partenariat avec l’association Artifilms de Barjols et l’organisation européenne EUROCOOP Servizi de Camini (Calabre – Italie), Société Coopérative Sociale en matière d’inclusion sociale.
Près de 60 personnes ont répondues présentes à cette projection débat autour du film « Un paese di Calabria », projeté pour l’occasion au cinéma L’Odéon de Barjols. Dans un « Un Paese di Calabria » on voit comment ce village est devenu un modèle d’intégration positive des migrants. De la réhabilitation des maisons abandonnées, l’ouverture d’une classe dans l’école, les cours de langue, la réouverture des commerces, la nouvelle équipe de foot… jusqu’à l’élection pour un troisième mandat de son maire et son combat contre la mafia.
La salle a laissé éclater sa satisfaction à la fin du film par un tonnerre d’applaudissement.
La suite de la soirée était animée par Madame Serena TALLARICO , Docteure en Psychologie – Anthropologie médicale et ethnopsychologie, référente du projet “Ama-La » et co-gestionnaire de la société européenne de coopération “Eurocoop Servizi Jungi Mundu” ; et
Monsieur François VOLPI, animateur du comité local En Marche Barjols et membre de la Ligue des Droits de l’Homme.
L’ouverture du débat fut virulent avec l’interpellation de membres de l’association Haut-Var solidarités sur les difficultés administratives rencontrées par les demandeurs d’asiles sur le territoire : « Nous condamnons parfois l’inaction des autorités sur la prise en charge des demandeurs d’asile, nous faisons face parfois à des situations dramatiques, dans lesquelles par exemple, des enfants se retrouvent dans la rue. L’État est défaillant. »
Monsieur Thierry FOURIS, porte-parole du collectif Tourves Migrants continua la discussion : « Nous avons menés des actions sur Tourves lorsque le centre s’est ouvert. Au début, il y a eu une forte opposition. Et c’est grâce à l’engagement associatif que nous avons réussis à inverser la tendance. »
Face à ces intervention, Monsieur François VOLPI répondit « Effectivement, à Tourves, la mobilisation a permis de sensibiliser sur l’accueil. Et bien au-delà, les acteurs du territoire ont saisi les pouvoir publics et politiques. Et ensemble, nous avons obtenus par exemple l’ouverture de classes pour les mineurs isolés sur la Provence Verte. Il faut saluer l’engagement des associations sur le terrain. Mais au-delà, c’est une problématique globale, une gestion raisonnée des frontières ne pourra être menée de manière efficiente qu’avec l’adoption et la consécration d’un budget européen dédié. Cette mission ne pourra jamais atteindre ses objectifs si les pays européens ne s’accordent pas sur une politique commune en la matière. Le traitement des demandes d’asile est aujourd’hui mis à mal. Il est parfois difficile d’assumer le traitement des dossiers de cette multitude de situations humaines. Les partis populistes et extrémistes font l’apologie de la peur alors qu’il faut croire en une Europe de la responsabilité et de la solidarité. Car il est nécessaire d’aller plus loin, tout en évitant une ingérence non voulue dans les États, de favoriser aussi une stabilité politique et d’assurer un pouvoir démocratique dans certains d’entre eux. Ce n’est qu’ainsi que nous parviendrons à freiner les mouvements de migration illégale. À cette fin, nous devons travailler en amont, sur le codéveloppement, et en identifiant les prétendants à une arrivée sur notre territoire avant leur migration. Cela nous permettra de mieux accompagner celles et ceux qui peuvent prétendre à un accompagnement, c’est notre honneur que d’accueillir les personnes qui se trouvent face à des menaces avérées. Nous, le berceau des droits de l’homme. Enfin, il nous faut développer des moyens efficaces pour accueillir ces personnes, dans des lieux d’hébergement adaptés, dignes. Et aujourd’hui, il est important de pouvoir ouvrir le débat sur un sujet si difficile à aborder. L‘objectif est de pouvoir recueillir les avis. J’ai déjà participé à des actions telles que de la collecte de nourriture ou de vêtements, et de soutien de dossiers auprès de demandeurs d’asile ; car il est vrai que nous faisons face parfois à des situations d’urgence. »
Emmanuel, un spectateur ajouta: « Ce film est un merveilleux hymne au vivre-ensemble à travers l’exemple du village calabrais de Riace. Ce film propose une vision humaniste. Cela prouve que nous devons avoir, tous à notre échelle, une capacité d’action. »
Madame Serena TALLARICO explique son travail quotidien en Italie « Je travaille avec les femmes migrantes victimes de violences sexuelles. Je porte le projet Ama-la qui permet de proposer aux femmes migrantes des formations dans le secteur de l’art textile artisanal. C’est le fruit de la rencontre entre des différentes traditions et savoirs anciens. Mon village de Camini se situe à 3 kilomètre de Riace, les actions que nous portons ont eu des effets positifs sur le territoire pour soulager le problème du chômage, pour permettre la réouverture des écoles, le développement d’activités touristiques. Par exemple, la récupération des terres abandonnées par les calabrais permet la production d’huile biologique produite par les migrants. A Camini, sur les 700 habitants, il y a près de 100 migrants. Nous devons partager les expériences pour démontrer que ce modèle existe. »
Enfin pour Reynald CADORET, référent départemental de La République en Marche « Cette projection nous rappelle que derrière les mots « immigration et migrants » il y a d’abord des hommes et des femmes. L’exemple de la ville de Riace en Italie montre la richesse des rencontres entre habitants et nouveaux arrivants. Le débat qui a suivi a permis d’illustrer concrètement par la diversité des réactions le traitement de ce sujet dans notre pays. Je retiens particulièrement l’intervention concernant la ville de Tourves dont la population a évolué progressivement dans sa relation aux migrants. »
Cette projection a permis de récolter 300 euros qui seront reversés au projet “Ama-La” de Eurocoop servizi, en faveur des femmes migrantes victimes de violences sexuelles.