« L’allergie est aujourd’hui un problème de santé publique majeur. Nos problèmes environnementaux, la pollution, notre mode de vie, et le réchauffement climatique sont en cause, » comme l’explique le Dr Bruno Bellon-Serre, pneumologue et allergologue, à l’hôpital intercommunal de Toulon- La Seyne.
-« L’allergie est une maladie liée à l’environnement en général, et passe par les allergènes domestiques, les allergènes extérieurs comme les pollens, les conditions climatiques – le vent, l’humidité – la pollution… Aujourd’hui, on peut se « découvrir » allergique à 60 ans et certains parlent d’une véritable « épidémie ». Les pollens des cyprès plantés au bord des autoroutes, par exemple, sont devenus plus allergisants au contact des polluants au cours de ces vingt dernières années ».
La pollution renforce l’agressivité des pollens, ce qui explique la montée en puissance de ces atteintes. Des atteintes aux formes multiples comme la rhinite allergique, l’eczéma et les allergies alimentaires. L’asthme touche de plus en plus d’enfants et peut se révéler sévère.
Pollens de cyprès
C’est sans doute la plus répandue au printemps : l’allergie aux pollens de cyprès. Nez qui coule, yeux qui piquent, éternuements … et pourtant, ce n’est pas un rhume !
-« Dans notre région, au printemps, le cyprès est celui qui provoque le plus de réactions allergiques », souligne le Dr Bellon-Serre. « Et comme son pollen est petit et léger, il peut être dispersé sur plusieurs kilomètres… Il faut aussi compter avec son « cousin », le thuya, à l’automne. Avec le changement climatique, la période d’exposition s’allonge, commence plus tôt – dés février – et se prolonge jusqu’en juin, avec un nouveau pic en automne. »
Les pollens des arbres ne sont pas seuls à se disperser, il ne faut donc pas négliger l’allergie aux graminées, en particulier aux pariétaires, qui s’étend d’avril à septembre. Plus de 60 % des personnes souffrant d’allergie respiratoire sont allergiques aux pollens de graminées.
Motards et cyclistes sont particulièrement exposés : « il faut changer d’habitudes ou porter un masque ou un casque intégral, ce qui est une pratique courante au Japon », constate le Dr Bellon-Serre. Quant aux automobilistes, ils doivent rouler vitres fermées et changer chaque année les filtres à pollen de la climatisation du véhicule.
Dans les maisons aussi
Rester dans son appartement ne protège pas, car vous n’êtes pas seuls à occuper les lieux : il y a dans votre lit, sur votre moquette, dans les rideaux et même les peluches des enfants, des milliers d’acariens, qui adorent la chaleur, l’humidité, et les peaux mortes, dans la literie, dont ils se nourrissent ! Les acariens sont à l’origine de 20 % de la totalité des rhinites allergiques.
-« Les conseils pratiques sont simples, mais pas toujours respectés, constate le Dr Bellon-Serre. Il faut aérer tous les jours, même en hiver, bannir les couettes et les oreillers en plumes, traiter la chambre avec un acaricide, deux fois par an, et passer régulièrement l’aspirateur disposant d’un filtre haute efficacité, laver les draps à 60 °. »
Les acariens partagent votre espace avec les moisissures : ce sont des champignons microscopiques qui se développent dans une atmosphère humide, dans les salles de bains ou les cuisines. Les plantes vertes, à l’intérieur du domicile, peuvent également abriter des moisissures…
Enfin, la climatisation réversible, très répandue dans notre région, est « une aberration écologique » pour le Dr Bruno Bellon-Serre, qui rappelle qu’en utilisant un climatiseur, on rejette de l’air chaud à l’extérieur… Nous sommes tous pris au piège du réchauffement climatique : il faut ouvrir les fenêtres pour lutter contre les acariens et les moisissures, et les fermer, pour éviter de respirer trop de pollens. Bref, les allergies ont encore de beaux jours devant elles.
N.F.
Photos : Le Dr Bellon-Serre constate la multiplication des cas d’allergie
– Un test pratiqué sur une jeune patiente pour déterminer la cause de ses problèmes allergiques
