75eme anniversaire de la libération du camp d’Auschwitz

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De nombreux dirigeants du monde  se retrouvent  ce mercredi 22 janvier à Jérusalem, avant de rejoindre Auschwitz, pour le 75e anniversaire de la libération du camp. Ainsi en a décidé l’Unesco. À Toulon quelques commémorations sont prévues.

Vladimir Poutine, Emmanuel Macron, ainsi que leurs homologues allemand, Frank-Walter Steinmeier, italien, Sergio Mattarella, et autrichien, Alexander Van der Bellen, se rendent du 22 au 23 janvier en Israël afin de participer au plus grand rassemblement jamais organisé consacré à la lutte contre l’antisémitisme : «Souvenir de l’Holocauste, lutter contre l’antisémitisme». Le jour de la libération d’Auschwitz par l’armée soviétique le 27 janvier le comité gagnera le camp de concentration pour honorer la mémoire des 6 millions de juifs tués par les nazis.

La mauvaise conscience de l’occident.
Dans ce comité il n’y aura pas la Pologne ni les pays musulmans. Pour la Pologne c’est parce que l’on n’a pas voulu donner la parole à son Président. Sur l’absence des grands pays musulmans du monde disons tout de suite que lors de la Shoah aucune responsabilité  ne peut être imputée aux musulmans qui étaient tous ou presque  colonisés par les pays européens. Et  même des gestes de compassions ont été  notés (par exemple du consulat de Turquie à Marseille qui a sauvé des centaines de juifs en 1943).

Redisons le fermement les arabes et les musulmans ne sont pour rien dans l’Holocauste des juifs d’Europe (sauf quelques cas isolés comme l’antisémitisme du grand mufti de Jérusalem  souvent cité).Non le massacre des juifs d’Europe a été perpétré par les nazis avec la complicité ou la passivité des autres nations européennes civilisées à des degrés variables. (Voir le bilan)

Fallait-il bombarder Auschwitz ?
La grande question demeure. Les belligérants ont été rapidement mis au courant de l’horreur des camps d’extermination notamment par le fameux Protocole d’Auschwitz rédigé par quelques évadés. Ce témoignage est arrivé sous les yeux des dirigeants occidentaux et américains. Personne n’a bougé. Churchill, De Gaulle, Roosevelt, Staline  ont sans doute versé quelques larmes de crocodiles. De Gaulle ne cite jamais Auschwitz dans ses célèbres Mémoires de Guerre. En fait tous ont  fait comprendre que « le bombardement des camps n’était pas un objectif militaire ». De plus un large antisémitisme larvé s’était diffusé dans les différents états-majors y compris chez les résistants. Personne ne voulait donner l’impression de faire la guerre pour les juifs ce qui aurait servi la propagande nazie. On a volontairement oublié Auschwitz.*

Et puis selon certains historiens il y avait des problèmes techniques.

– bombarder les voies ferrées conduisant aux camps n’aurait servi à rien, les dégâts auraient été réparables en deux ou trois jours, il aurait fallu répéter le processus indéfiniment.

– pour le bombardement du camp, il est évident que les crématoires et les chambres à gaz auraient été les cibles privilégiées. Problème, ces cibles bien spécifiques et petites auraient été difficiles à atteindre. On peut se poser la question d’un raid massif avec « Carpet Bombing » à l’américaine. Les SS avaient des abris pour les bombardements, les déportés restaient dehors livrés à découvert. Non seulement le tapis de bombe n’aurait probablement pas atteint sa cible car très imprécis malgré le nombre de projectiles, mais il aurait fait un carnage de déportés sans tuer le moindre SS à peu de chose près.

– dans les deux cas, les bombardiers n’auraient pu être escortés faute de chasseurs disposant d’un rayon d’action suffisant, à une époque où la Luftwaffe était encore puissante bien que sur la défensive, et cela aurait occasionné des pertes énormes dans les rangs alliés pour un résultat nul si ce n’est catastrophique pour sauver les déportés En somme personne ne voulait mourir pour des déportés juifs.

Une faute morale
Cependant, d’autres historiens soutiennent qu’un bombardement du camp d’Auschwitz aurait été un symbole fort. Une sorte de condamnation morale en acte, quel que soit le résultat. Une façon de dire non à ce système concentrationnaire génocidaire.

Mais les hommes politiques américains, les grands capitaines d’industrie, les institutions juives n’ont pas bougé. Ou « Si peu et trop tard ». Le camp d’extermination d’Auschwitz fonctionna donc jusqu’aux  derniers instants de la guerre.** Ils le regretteront amèrement et après la guerre voudront se faire pardonner en soutenant la création de l’Etat d’Israël et sa politique  contre vents et marées. Ils tenteront et tentent toujours d’effacer leur passivité du passé par une surenchère pro-israélienne aveugle (exemple Trump). Quelles qu’en soient les conséquences politiques pour tout le Moyen Orient et pour les juifs de la diaspora.

Jean-François Principiano

*Sources : Denise Baumann La mémoire des oubliés  préface de Serge Klarsfeld Albin Michel

** le 13 septembre 1944, l’aviation américaine bombarde « par erreur » Auschwitz, faisant 40 victimes parmi les prisonniers et tuant 15 soldats SS. La cible était  l’usine IG Farben à sept km mais l’imprécision des bombardements américains de l’époque a fait que des bombes ont touché le camp. Trop peu, trop tard.

 

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